Qui a peur de Carles Puigdemont?

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Désillusions souverainistes : l'Occident approuve unanimement l'attitude espagnole sur la Catalogne


Pourquoi les autorités canadiennes refusent-elles l’entrée au pays de l’ex-président de la Catalogne, Carles Puigdemont ? Aurait-il volé ou tué ? Serait-il un terroriste ? Bien sûr que non. Son seul « crime », aux yeux d’Ottawa, serait d’être un indépendantiste. Plus précisément, un élu qui, en 2017, organisait un référendum jugé « illégal » par l’Espagne. L’art de mettre la démocratie hors la loi. 


À l’instar de millions de ses compatriotes, qu’ils soient pour ou contre l’indépendance de la Catalogne, Carles Puigdemont, serait donc « coupable » de défendre le droit des Catalans à l’autodétermination face à une Espagne qui, avec force et violence, leur nie le droit de l’exercer par voie référendaire.


En octobre, ce déni de démocratie atteignait son paroxysme. Neuf leaders indépendantistes catalans étaient jugés coupables de « sédition » par la Cour suprême d’Espagne et condamnés à des « peines exemplaires » de prison allant de 9 à 13 ans. Le tout, dans un État moderne dit avancé. Le tout, dans l’indifférence la plus totale de l’Occident. 


Référendum « illégal »


Obligé à l’exil et invité par la Société Saint-Jean-Baptiste, Carles Puigdemont tente depuis un an de visiter le Québec. Or, parce que Madrid l’accuse d’avoir organisé « illégalement » un référendum, les autorités canadiennes lui refusent son visa. Une honte.


Se disant « perplexe » face à la situation, Carles Puigdemont signe une lettre ouverte aux Québécois, diffusée hier sur plusieurs plateformes. Une pièce d’anthologie. Il y remercie les Québécois pour leur « solidarité sincère (...) devant la violence inouïe des institutions policières et judiciaires » espagnoles. 


Il remercie l’Assemblée nationale pour ses motions unanimes votées en appui au droit des Catalans à décider de leur propre avenir. Au Canada, il rappelle toutefois ses « engagements internationaux ratifiés (...) eu égard au droit des peuples à l’autodétermination ». L’ironie, avouons-le, est puissante.


Octobre 1970


En conclusion, l’ex-président catalan va même jusqu’à citer le grand poète québécois Gaston Miron, décédé tout juste un an après le référendum de 1995 sur la souveraineté du Québec : « Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver / (...) il n’est pas question de laisser tomber nos espérances ».


Est-ce vraiment une coïncidence ? Après tout, au zénith de la crise d’octobre de 1970, Gaston Miron fut aussi un des presque 500 citoyens pacifiques du Québec emprisonnés pour le seul « crime » d’avoir été des indépendantistes. Toutes et tous, ils furent coffrés sans le moindre mandat en vertu de la Loi des mesures de guerre. 


Adoptée sous le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau, cette loi infâme suspendait les libertés fondamentales. Rien de moins. Sans nul doute un des épisodes les plus noirs de l’histoire canadienne.  


Les autorités fédérales lui fermant aujourd’hui la porte sous un gouvernement dirigé comme par hasard par le fils de P.E. Trudeau, se pourrait-il que Carles Puigdemont ait vu un lien entre le sort réservé aux prisonniers politiques catalans et celui de ces centaines de Québécois jetés en prison en 1970 pour le « crime » similaire d’avoir été des indépendantistes et des démocrates ?





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