Sur les ondes de la télévision publique anglophone CBC, le 31 mai dernier, de même que le 7 juin, la chroniqueuse Susan Riley a versé dans le Québec bashing tout en rapportant de fausses informations. J’ai donc déposé une plainte à l’ombudsman de la Société Radio-Canada.
Rappelons les faits. Lors de l’émission d’affaires publiques Sunday Scrum, un groupe d’invités, dont la journaliste Susan Riley, commentait l’actualité. La discussion portait sur les tensions raciales aux États-Unis à la suite du décès de George Floyd. À un moment donné, les échanges dévient sur le racisme au Canada. La journaliste Riley donne alors deux exemples qui, comme par hasard, concernent le Québec :
« Le racisme anti-Noirs est moins flamboyant au Canada dans plusieurs cas, mais pas toujours. On doit le dénoncer et l’interpeller. Je pense par exemple aux réfugiés haïtiens qui venaient au Québec et qui continuent de venir. C’est devenu une crise et il n’y a aucun doute que c’est le racisme qui sous-tendait la résistance à l’arrivée de ces gens. Ça continue. Il (le racisme) est incarné dans la loi 21, qui est essentiellement une loi antimusulmane ».
La loi 21 empêche, pour certains métiers et seulement dans la fonction publique, le port de signes religieux, et ce, quelle que soit la religion des individus. De plus, il y a des gens de toutes les races dans toutes les religions. En quoi cette loi peut-elle être qualifiée d’incarnation du racisme? Et aussi quel est le rapport avec le cas de George Floyd?
Le 7 juin, Madame Riley a déclaré qu’« il y a une longue histoire de racisme, de racisme antiNoirs au Québec, à Montréal. Au Québec, la xénophobie est profonde et remonte à loin dans l’histoire de la province ». Toujours nuancée, elle précise tout de même qu’il y a des exceptions car, dit-elle, « tous les Québécois ne partagent pas de telles vues ».
La chroniqueuse de CBC atteint ensuite le summum de la malhonnêteté. Elle pointe en effet du doigt la question des demandeurs haïtiens de statut de réfugié qui travaillent dans les CHSLD et dont la situation n’est pas régularisée. Ceci s’expliquerait à l’en croire par le racisme anti-Noirs dont ferait preuve le gouvernement Legault.
Plusieurs commentaires s’imposent ici. D’abord, il n’y a pas que des Noirs parmi les réfugiés et, surtout, l’accueil des réfugiés relève du gouvernement fédéral et non du Québec. Suivant le raisonnement scabreux de madame Riley, c’est Justin Trudeau qui devrait être accusé de racisme anti-Noirs.
Bien que Susan Riley ait travaillé pour plusieurs médias sérieux, obtenu une bourse prestigieuse en journalisme et écrit un livre, cela ne l’empêche pourtant pas de répandre des faussetés et de déverser son fiel anti-Québec sur les ondes de CBC, semaine après semaine. Si elle traitait n’importe quelle autre communauté minoritaire au Canada comme elle traite le Québec, elle aurait perdu son travail depuis longtemps. En effet, les Québécois constituent la seule minorité au pays que l’on peut diffamer ad nauseam, même sur les ondes du diffuseur public, et ce, en toute impunité. Voilà pourquoi j’ai porté plainte contre madame Riley auprès de l’ombudsman de la CBC.
Professeur, titulaire d’un doctorat en histoire, Frédéric Bastien possède une grande maîtrise des enjeux du Québec dans un contexte de fédéralisme. Auteur de trois ouvrages portant respectivement sur les relations particulières France-Québec, la coopération France-Québec ainsi que les secrets et coulisses du rapatriement constitutionnel, Frédéric Bastien se présente comme candidat à la chefferie du Parti Québécois.