Depuis quelques jours, nous assistons à une nouvelle mobilisation du Canada anglais contre la loi 21. La raison? Une enseignante voilée a été mutée à d’autres tâches dans une commission scolaire anglophone de l’Outaouais.
Celle-ci a violé sciemment la loi en embauchant l’intéressée. Elle nous annonce maintenant sa permutation de poste afin de créer une martyre de la cause et provoquer ainsi une vague de réprobation. La manœuvre a parfaitement réussi.
L’espace me manque pour parler des nombreuses réactions suscitées par cette affaire, mais notons celle de trois villes. Toronto et Calgary ont offert de financer les opposants à loi qui poursuivent la bataille devant les tribunaux, tout comme Brampton. Celle-ci a offert 100 000$ destinés à trois organisations, le Conseil national des musulmans canadiens (NCCM), la World Sikh Organization (WSO) et l'Association canadienne des libertés civiles (ACLC).
Plusieurs commentaires s’imposent, ici. Remarquons d’abord que la WSO est intervenue en 2006 devant les tribunaux fédéraux pour aider Gurbaj Singh Multani. Ce dernier voulait porter son kirpan, un poignard rituel, dans une école de Montréal, malgré l’interdiction des armes blanches. En se fondant sur la Charte canadienne des droits et libertés, adoptée sans notre consentement, les juges d’Ottawa ont donné raison à Multani, et ce, même s’il y a des cas documentés d’attaques au kirpan au Canada. Une loi sur la laïcité aurait peut-être pu empêcher une telle dérive. Mais qu’importe la sécurité des jeunes dans nos polyvalentes, l’important est d’accuser le Québec.
Il est intéressant de noter qu’en 2017, c’était l’ACLC qui s’était impliquée dans une bataille juridique, contre la loi 62 de l’ancien gouvernement libéral. La seule exigence de celle-ci était que les services publics soient donnés et reçus à visage découvert, un élément qui se retrouve dans la loi 21. Une porte-parole de l’ACLC avait alors déclaré que cette législation «ciblait les plus vulnérables». En réalité, c’est la laïcité qui protège les femmes musulmanes, vulnérables aux pressions communautaristes pour qu'elles portent le voile ou se couvrent le visage. Mais qu’importe la défense du droit des femmes, l’important est de montrer le Québec du doigt.
Dans un reportage sur la décision de la Ville de Brompton, la CBC cite Razia Hamidi, une résidente de cette ville qui, explique-t-elle, a quitté le Québec en raison de la loi 21. Ce que la CBC ne dit pas est que l’intéressée travaille pour le Conseil national des musulmans canadiens. Celui-ci a fait campagne, il y a quelques années, pour l’application de la loi coranique en Ontario. L’organisme publie aussi régulièrement des guides pour instruire le public sur sa vision de l’islam. Dans l’un de ceux-ci, destiné aux écoles, il demande que les cours de danse soient ségrégués en fonction des sexes. Le NCCM suggère aussi d’exempter les enfants musulmans du cours de musique si leurs parents le souhaitent. Au Québec, nos valeurs laïques protègent les enfants de telles dérives. Mais qu’importe le bien-être de ces derniers, l’important est de dénoncer la loi 21.
Alors que les accusations pleuvent, le gouvernement fédéral et celui de l’Ontario donnent quelque 450 000$ à la MAC. Cette dernière a eu pour mandat de préparer une campagne d’éducation à l’islamophobie dans les écoles de la province. Or la MAC y parle explicitement d’un complot sioniste qui serait à la base d’une «industrie de l’islamophobie». Parallèlement, elle invite des prédicateurs prônant l’assassinat des Juifs à donner des formations à ses membres. Chez nous, la laïcité protège nos écoles de l’antisémitisme. Mais qu’importe la haine à l'endroit de nos concitoyens juifs, l’important, c’est d’accuser les Québécois, notamment en comparant la loi 21 au nazisme!
Voilà ce qu’est devenu le Québec aux yeux de plusieurs de nos compatriotes du ROC. Un épouvantail qu’ils agitent pour éviter de se questionner sur les dérives de leur multiculturalisme fou.