Les accommodements raisonnables

Ce qui n’a jamais été dit

Un débat qui traverse l’ensemble des sociétés occidentales

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La crise des accommodements raisonnables est apparue dans l’espace public québécois en 2006. Elle est l’expression québécoise d’un débat qui traverse l’ensemble des sociétés occidentales. Elle pose la question de l’immigration et de l’intégration. Et plus précisément, elle pose la question de la place de la religion dans la société.

Les accommodements de nature religieuse ont provoqué l’indignation d’une partie de la population québécoise. L’affaire du kirpan, les fenêtres givrées, les musulmans à la cabane à sucre et le vote à visage voilé ont été parmi les événements catalyseurs de cette grogne populaire. Faute de vision, la classe politique ne savait pas comment résoudre ce problème. Comment répondre à ce mécontentement populaire tout en préservant la paix sociale? Le gouvernement libéral de l’époque a donc mis sur pied la commission Bouchard-Taylor sur les pratiques d’accommodement dans l’espoir que la crise se résorbe d’elle-même. De cette Commission a découlé un rapport duquel les auteurs ont conclu que la crise des accommodements raisonnables en était une de perception et que l’interculturalisme serait le modèle d’intégration à privilégier au Québec. D’autre part, depuis le début de la crise, de nombreux acteurs sociaux se sont exprimés : politiciens, intellectuels, chroniqueurs, artistes et citoyens. Mais personne n’a su apporter au débat une réponse cohérente. Ce texte, par les idées qui y sont défendues, est une tentative pour apporter un éclairage différent, jusqu'ici resté dans l'ombre.

Croyance et vérité

Avoir la liberté de penser ce que nous voulons est une liberté essentielle, s’il en est une dans nos démocraties modernes. Mais en quoi avoir la liberté de penser une idée rend-elle cette idée respectable? La liberté de penser ne sert-elle pas trop souvent de paravent à ceux qui la revendiquent? Ne leur permet-elle pas de rendre leurs idées intouchables en les dérobant à toutes critiques? Toutes les idées se valent-elles simplement parce qu’on est libre de les penser? Les croyances, par exemple, ont-elles la même valeur que les connaissances issues d’une démarche scientifique rigoureuse? Il fut un temps où l’on croyait que la Terre était plate. On sait ce qui en est aujourd’hui. Une croyance est par nature vraie ou fausse. Croire consiste à considérer comme vraie une idée sans avoir de preuve. Cela est donc, dans une certaine mesure, irrationnel. En effet, comment être sûr que l’on ait raison alors?

Toutes les cultures à travers l’histoire sont à l’origine de nombreuses croyances. Les croyances sont créées par l’Homme. Elles émergent de son imagination souvent selon sa volonté. Contrairement aux connaissances scientifiques, les croyances ne sont pas issues de l’observation de la nature, du désir de la comprendre et de l’expliquer, ou si peu. Elles ne sont basées sur aucun fondement scientifique. Comme elles ne viennent pas d’un processus de confrontation avec la réalité, qu’elles naissent de la volonté plutôt que de la curiosité, qu’elles émergent de l’Homme et non du monde, elles ont toutes les chances d’être fausses. Et elles le sont. Elles ont peu de chances d’être à l’image de la nature, car elles ne sont pas guidées par elle.

D’ailleurs, faut-il s’étonner que les croyances apparaissent si souvent étrangères au sens commun? Et ne peut-on pas se servir de ce critère pour évaluer la véracité des croyances? D’où viennent-elles? De qui viennent-elles? Comment et pourquoi sont-elles apparues? Voilà autant de questions qui nous permettront également de remettre en question les croyances.

Le bon grain et l'ivraie

L’ouverture d’esprit est une valeur souvent mal comprise. Mon professeur de philosophie au collège nous enseignait que pour être ouvert d’esprit, on devait d’abord être réceptif, puis, à la manière d’un crible, séparer le bon grain de l’ivraie. Cela implique donc un esprit critique. Or, au nom de l’ouverture à l’autre et du relativisme culturel, on accepte tout de l’autre. Le bon comme le mauvais, le vrai comme le faux, le bon grain comme l’ivraie. On ne discerne pas entre cette part de culture qui est création et les croyances. Vrai ou faux ne peut se dire d’une langue, d’une musique ou d’une œuvre architecturale, mais peut se dire d’une croyance.

Alors? Devons-nous être ouverts à l’absurde? Devons-nous être ouverts à l’intolérable? Ou tout simplement, devons-nous être ouverts à ce qui est faux? Si le multiculturalisme confond l’ouverture à l’autre avec le reniement de soi, il la confond également avec la promotion de l’ignorance. Face aux fausses croyances, face aux conceptions erronées, nous ne devons pas être ouverts, nous devons être critiques. Nous devons bien sûr être ouverts aux autres, à leur humanité, à leur culture, mais pas aux croyances et aux comportements inacceptables qui leur sont associés.

Le choix et le motif

La question du vote à visage voilé a soulevé l’ire de nombreux Québécois. Il va sans dire que cela heurte le bon sens. Il est pourtant permis de voter le visage couvert pour des raisons médicales, dans le cas des grands brûlés par exemple, et il est également possible de voter par correspondance. Alors, pourquoi nous apparait-il absurde de permettre le vote à une femme voilée et injuste de le refuser au grand brûlé? Comment expliquer ces différentes réactions à des situations qui semblent pourtant similaires? — le vote a lieu sans identification visuelle de l’électeur. Pour résoudre cette apparente contradiction, il faut aller au-delà du geste posé et regarder la raison qui le motive. Dans le second cas, c’est pour une raison médicale que le visage est couvert et cela constitue une bonne raison, tandis que dans le premier cas, c’est pour une croyance religieuse, croyance à laquelle la très grande majorité des Québécois ne croient pas. Voilà pourquoi bon nombre d’entre nous abordent de manière différente ces deux cas. Il est fondamental en démocratie que chaque électeur puisse exercer son droit de vote et l’identification visuelle est un moyen efficace d’assurer cela. Des accommodements peuvent être faits à l’égard de ce moyen, mais encore faut-il avoir d’excellentes raisons. Le véritable problème n’est donc pas le vote à visage voilé en lui-même, c’est plutôt que certains sont prêts à modifier leur comportement pour accommoder des croyances déconnectées de la réalité.

Symbole et signification

Dans le débat entourant la Charte des valeurs, le hijab, voile porté par les femmes musulmanes, est sans doute le symbole qui a provoqué le plus de réactions. D’un côté, on a ses détracteurs qui prétendent que le voile islamique représente l’inégalité entre les hommes et les femmes et que celles-ci sont contraintes de le porter. De l’autre, nous avons ces femmes musulmanes qui disent le porter par choix. Bien qu’ayant une certaine valeur, l’argument des premiers est limité. Un symbole n’a pas de signification intrinsèque. Il n’a de signification que dans l’esprit de la personne qui lui en donne une. Un signe peut donc avoir un sens différent pour différentes personnes. Alors, même si un rapport de domination est à l’origine du port du voile et que ce rapport est largement répandu au sein de la religion musulmane, bien des femmes lui accordent une signification tout autre. Certains, par crainte d’avoir tort, se refusent de croire ces femmes qui disent le porter par choix et tentent d’imposer leur interprétation. Bien que beaucoup de femmes le portent parce qu’elles y sont forcées, un certain nombre le portent librement. Il s’agit cependant d’un choix critiquable, puisqu’il est fondé sur une croyance.

D’autre part, l’interdiction des signes ostentatoires pour les travailleurs de l’État, contrairement à ce que les détracteurs de la Charte prétendent, n’empêche personne de travailler pour celui-ci. Tout emploi nécessite qu’on se conforme à certaines règles. S’il advenait qu’une femme choisisse le voile au détriment de sa sécurité financière ainsi que celle de ses enfants, qu’elle priorise l’idéologie sur les conséquences concrètes, ne ferait-elle pas preuve d’extrémisme religieux? Soulignons que si le voile était porté pour des raisons culturelles, cela ne poserait aucun problème, car il pourrait être aisément retiré dans l’espace public.

Laïcité de l'État

La place du religieux dans la société ainsi que la diversité religieuse posent problème. Comment concilier la présence de plusieurs religions et l’idée selon laquelle la religion ne doit pas intervenir dans le fonctionnement de l’État? L’opinion populaire veut que l’État soit laïque et que la religion soit réservée à la vie privée. Le concept de laïcité de l’État renferme donc deux idées : la religion ne doit pas intervenir dans les affaires de l’État et l’État ne doit pas intervenir dans les affaires religieuses. Autrement dit, il doit y avoir une séparation entre l’Église et l’État. La première idée est inachevée. En effet, si la religion n’a pas de légitimité dans la conduite de l’État, pourquoi en aurait-elle une dans la conduite de la vie? La deuxième, qui vise à protéger de l’intolérance religieuse, est porteuse d’une contradiction. Or, le problème avec l’idée que la religion doit être limitée à la sphère privée est que pour certains croyants, la religion est une façon de vivre. Elle doit être présente dans tous les aspects de la vie et même dicter les lois qui gouvernent les sociétés. Comment ces gens peuvent-ils alors s’adapter à nos sociétés démocratiques? Comment un croyant peut-il se soumettre à nos lois alors que ses lois à lui viennent de Dieu, l’Être suprême? Certaines personnes ne peuvent se faire à l’idée de réserver leur pratique religieuse à leur vie privée, car ils entrent en contradiction avec leurs croyances et leurs convictions. Ils acceptent bien mal alors de se plier aux sociétés démocratiques, car la certitude ne laisse que peu de place au compromis. Il y a donc deux systèmes de pensée, deux visions du monde qui s’affrontent. Le concept de laïcité de l’État arbitre le problème sans véritablement le résoudre. En séparant l’Église de l’État, on a tracé la ligne là où il était facile de le faire.

Hiérarchisation des droits

La communauté juridique, au Canada comme dans le monde, est généralement opposée à la hiérarchisation des droits. Elle affirme que les droits fondamentaux présents dans les Chartes sont égaux entre eux et ne doivent pas être hiérarchisés, car cela limiterait leur adaptabilité. Les tribunaux se laissent donc de la latitude afin d’interpréter et de concilier ces différents droits dans différents contextes. Cette vision ne s’incarne toutefois pas dans la réalité. Lorsque deux droits entrent en conflit, on donne préséance à un droit et on limite la portée de l’autre dans un contexte donné. Les valeurs et les droits sont d’une importance relative les uns par rapport aux autres dans une société. Considérant que la femme est l’égale de l’homme et considérant que les croyances sont dépourvues de tout fondement rationnel, ces dernières sont assurément fausses lorsqu’elles entrent en contradiction avec le principe précédent. Jamais il ne se présentera une situation dans laquelle le droit de religion devrait avoir préséance sur le droit à l’égalité. Ces deux droits peuvent donc être hiérarchisés.

Un droit fondamental?

Se trouve-t-il une seule personne pour penser qu’il n’est pas important de valoriser la pensée critique? N’est-ce pas aussi un des rôles fondamentaux de l’école de développer la pensée critique de nos jeunes, qui seront nos futurs citoyens? Mais qu’est-ce que la pensée critique? La pensée critique, c’est remettre en question les idées reçues, nos opinions, nos croyances. C’est se questionner, douter, évaluer la crédibilité des sources. C’est s’interroger sur les bases d’une affirmation, sur les arguments qui la soutiennent. Or, la religion, la foi, c’est tout le contraire. La religion exploite la crédulité. C’est ne pas douter, ne pas remettre en question ce qui se présente à nous. C’est croire en la véracité d’une affirmation sans avoir de preuve, d’argument. Ne voyez-vous pas une contradiction entre la valorisation de la pensée critique et la protection de la religion par le droit? S’il est juste de protéger toute personne de discrimination basée sur ses opinions par le droit de conscience, il en est tout autre de promouvoir l’ignorance par le droit de religion. En vertu de quoi devrait-on ériger la foi au rang de droit fondamental? Ne plus réfléchir, ne plus penser, un droit fondamental, vraiment? S’il était écrit dans la Charte que toute personne a le droit de croire au père Noël, ne trouveriez-vous pas cela absurde? Or, c’est exactement ce qui est écrit. Le droit de religion fait partie des Chartes québécoise et canadienne, ainsi que de la Déclaration des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations unies. Même les tenants de la laïcité ne remettent pas en question ce droit fondamental. Il est désormais temps de revoir ce paradigme. La liberté de religion doit demeurer, certes, mais elle doit avoir un statut différent des autres droits. On ne doit pas garantir cette liberté au détriment de nos lois et règles communes. Elle doit s’exprimer à l’intérieur de celles-ci et être circonscrite par elles. Il est impératif d’arrêter l’intrusion de la religion dans nos lois et coutumes. Il faut cesser de modifier nos règles et nos comportements en fonction de ces croyances. Cette logique d’accommodement conduira inéluctablement vers des situations anarchiques, car les croyances n’ont pour seule limite que l’imagination. Un jour, on devra tracer une ligne, dont il est évident qu’elle est dépassée depuis longtemps, mais dont on ne saurait justifier les contours.

Foi et raison

Au cours du dernier siècle, le corpus de connaissances scientifiques s’est accru de manière considérable et notre vision du monde s’est approfondie. Sans prétendre à la vérité, en faisant preuve de l’humilité nécessaire et en sachant que certaines choses resteront peut-être à jamais un mystère, nous pouvons affirmer que nous avons désormais une connaissance intime du monde. On doit se tourner davantage vers la science et la philosophie plutôt que vers la religion pour répondre à nos questions existentielles et voir à la bonne marche de la cité. La science peut nous aider à y voir plus clair et à faire un tri dans toutes ces croyances. Accompagnée du sens commun, elle doit nous servir de guide. Et à ceux qui seraient sceptiques face à une telle recherche de vérité, ne peut-on pas dire que la femme soit l’égale de l’homme? Ne peut-on pas dire qu’un témoin de Jéhovah fait preuve de folie lorsqu’il refuse une transfusion sanguine qui pourrait sauver la vie de son enfant sous prétexte que cela le rendrait impur? Nous échangeons constamment de la matière avec notre environnement. Les atomes qui nous constituent ont été formés au cœur des étoiles et seront recyclés après notre mort. La matière n’est qu’un support à notre nature. Ne peut-on pas affirmer qu’il est absurde d’abattre des animaux selon un rituel religieux? De tels rituels peuvent aller à l’encontre des normes éthiques en matière de souffrance animale ainsi que de celles en matière de santé-sécurité. Et en quoi une prière change-t-elle la nourriture? Ne peut-on pas dire qu’il est absolument insensé pour une femme de se couper du monde en revêtant une burka? Un être humain a besoin de communiquer et d’échanger avec ses paires. Cela va de soi. Toutes ces croyances n’ont aucun fondement scientifique et sont souvent en contradiction avec la science.

Le critère d scientificité

Un accommodement raisonnable est l’adaptation d’une règle commune qui a pour but de permettre à certaines personnes de bénéficier pleinement de leurs droits en répondant à leurs besoins particuliers. Une loi qui serait appliquée à tous sans distinction serait susceptible de brimer les droits fondamentaux d’une minorité. La philosophie derrière les accommodements raisonnables est donc la recherche d’une égalité réelle et non seulement formelle. Dit autrement, on vise l’égalité en droit plutôt que l’égalité devant la loi. Le congé de maternité est un exemple de cette recherche d’égalité réelle, car il permet aux femmes de jouir pleinement de leur droit au travail. Sans cette mesure particulière, l’accès au travail des femmes pourrait être injustement compromis dû aux implications plus lourdes qu’apporte pour elles le fait d’avoir un enfant. Si un traitement différencié est tout à fait approprié dans ce genre de situation, il ne l’est pas pour des problématiques d’ordres religieux. Étant critiquable, car elle est non fondée scientifiquement, la religion se différencie des autres motifs de discrimination comme le sexe, la couleur de la peau, ou l’orientation sexuelle, qui sont tous des conditions respectables et d’égale valeur.

La Cour suprême du Canada utilisait par le passé les grandes traditions religieuses comme critères pour accepter un accommodement raisonnable. Le demandeur devait alors prouver que sa croyance fait bel et bien partie de la religion à laquelle il adhère. Ne voulant pas se faire interprète des textes sacrés et arbitres parmi les diverses interprétations possibles, la Cour suprême utilise désormais le critère de sincérité de la croyance. Peu importe la croyance, la personne n’a qu’à démontrer qu’elle est sincère dans sa pratique. Nul besoin de dire que ce critère peut mener à des abus. Une nouvelle approche à considérer serait de confronter les croyances religieuses aux connaissances acquises par une démarche scientifique rigoureuse. Est-ce que la croyance tient face à la science? Voilà la question qu’il faut se poser pour consentir ou non à un accommodement raisonnable. La Cour suprême ferait alors appel à des scientifiques plutôt qu’à des prêtres, des rabbins ou des imams pour valider une croyance.

Réflexion sur la religion

La religion catholique est un élément important de la culture des francophones du Québec. Elle a imprégné pendant longtemps les mentalités. Tout comme nombre de Québécois, la religion catholique a donc fait partie — un peu — de mon éducation. Durant mon enfance, on me transmit certaines croyances et inculqua certaines pratiques. Et j’ai cru à cela, car quand on est enfant, on croit ce que nos parents nous disent. Mais fort de ma curiosité, je ne pus m’en tenir à cela bien longtemps. Un jour, un constat s’impose : Dieu, je ne l’ai jamais vu et je n’ai pas la moindre preuve de son existence. Comment puis-je être sûr qu’Il existe? Et mes parents, ne m’ont-ils pas transmis ces croyances simplement parce qu’ils ont cru leurs parents à eux? Et ceux-ci ont cru leurs parents à leur tour. Et ainsi de suite jusqu’au moment où cette croyance fut implantée. Combien ont cru et transmis ces croyances sans jamais les remettre en question?

Parallèlement, je constate qu’ailleurs sur Terre on adore d’autres dieux et pratique d’autres religions. N’est-il pas amusant de constater le fort lien de causalité qui existe entre la religion adoptée par quelqu’un et celle qui prédomine dans son environnement? Quel hasard, non? Que serait-il advenu de moi si j’étais né dans un pays avec une autre religion? N’aurais-je pas cru à celle-ci? Ne voit-on pas le caractère malléable de l’être humain? Ne voit-on pas ici le caractère relatif de nos croyances que l’on pense absolues? Que valent ces croyances, ces certitudes, ces convictions si elles dépendent de notre lieu de naissance? Et puis, qui d’eux ou nous ont raison? Nous sommes persuadés d’avoir raison, mais eux aussi. Pourtant, quelqu’un se trompe assurément. Et comment pourrais-je tout bonnement respecter leurs croyances sans me dire qu’un de nous a tort? Et si je me trompais de dieu, irais-je en enfer? Y aurait-il plusieurs dieux, un pour chaque peuple, pour chaque région du monde? Peut-on choisir celui qu’on veut? Tout cela est absurde. Malheureusement, certains peuvent vivre avec des contradictions, sans jamais les affronter, soit par peur, soit par manque de curiosité.

La réaction des québécois

Depuis la Révolution tranquille, la religion a perdu l’emprise qu’elle avait dans le quotidien des Québécois. La religion était très présente dans la vie de mes grands-parents, beaucoup moins dans celle de mes parents et elle ne fait aucunement partie de ma vie. Je pense que cela est un portrait assez fidèle de l’évolution de la société québécoise. Le sens commun des Québécois leur a permis de se débarrasser d’une religion catholique, étouffante à bien des égards, et de mener leur vie selon des considérations plus pragmatiques qu’idéologiques. Comment analyser maintenant la réaction des Québécois face aux accommodements raisonnables? Ils s’en trouvent pour affirmer que celle-ci témoigne de la xénophobie et de l’intolérance de nombreux Québécois. Selon eux, il n’y aurait pas de problème. Ce serait aux Québécois d’être plus tolérants et de s’ouvrir davantage à la diversité. Ces accusations sont faites à tort. Alors que le racisme est une idéologie qui discrimine entre les races, ce sont les croyances que nous critiquons. En demandant des accommodements religieux, on nous impose des croyances auxquelles on ne croit pas. Celles-ci sont si éloignées du bon sens qu’on assimile aisément cela à de la folie. Ces croyances provoquent l’incompréhension et leurs accommodements, la colère. Si les Québécois sont intolérants face à ces accommodements, c’est qu’ils sont intolérables. D’autre part, le peuple québécois possède une personnalité collective et a pour demeure le Québec. Il conçoit le monde à sa manière et partage certaines valeurs. Le sentiment de colère éprouvé par les Québécois qui voient ces nouveaux arrivants imposer leurs valeurs au pays qui les accueille est tout à fait légitime. Les accommodements raisonnables ont donc pour effet de créer des tensions et de conduire à la fragmentation sociale.

L'éducation

Le débat sur les accommodements raisonnables et la Charte des valeurs québécoises est émotif. Il plonge au cœur de l’individu et remet en cause une part d’identité. Mais si cette part d’identité est un mensonge, on doit y renoncer. Même si cela est difficile. Rien ne sert de s’accrocher à nos illusions.

En naissant, un être humain est une page blanche sur laquelle peuvent être écrites différentes histoires. On peut l’endoctriner comme on peut l’éduquer. Le développement de la pensée critique par l’éducation peut briser le cycle de la religion. C’est en faisant la lutte à l’ignorance que nous allons régler ce problème. Revenons à l’exemple du père Noël, que feriez-vous en pareille situation? L’accommoderiez-vous ou n’essayeriez-vous pas plutôt de le raisonner et de lui faire comprendre que le père Noël n’existe pas? Il y aura toujours des croyants et la religion sera toujours présente, mais l’inaccessibilité d’un idéal ne doit être en rien un obstacle à sa recherche.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    8 avril 2015

    Excellente analyse M. Maxime.
    Avec l'éducation, les religions devraient perdre de plus en plus de leur emprise. Malheureusement, au Québec, on coupe en éducation, et les musulmans ne cessent d'ouvrir de nouvelles mosquées.
    Ce texte relayé par Vigile n'a rien d'optimiste.

    On semble se diriger vers un monde où l'éducation et la science sera le domaine d'une petite élite, tandis que le peuple se rabattra sur les religions afin de soulager leurs souffrances et leur désespoir. C'est bien ce que je perçoit dans les pays arabes, et qui semble vouloir se répandre.
    Au Québec, le politique est de plus en plus discrédité. Que reste-il à ceux qui manquent de repères pour avoir encore un peu d'espoir?