Cette poutre dans l’œil d’Yves Boisvert…

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Yves Boisvert s'est humilié avec sa chronique contre PKP

Les gants sont tombés. Les chroniqueurs de hockey en anglais diraient « The gloves are off! »


Ça y est, il ne fait plus de doutes, une guerre larvée est en cours entre empires médias au Québec. On me dira que cela ne date pas d’hier. C’est vrai. Mais au cours des dernières semaines, le ton a monté. Le couvercle sur la marmite aussi. Tout ça sur fond d’accointances politiques en pleine campagne électorale…



PKP VS Power Corp


Quand Pierre-Karl Péladeau a sauté dans l’arène politique, il n’a pas accepté de faire usage de la langue de bois pour autant. Attaqué par les médias de Gesca sur sa situation de propriétaire d’empire média qui fait de la politique, il n’a pas hésité à répliquer directement par des attaques lui aussi.


Bien qu’ayant renoncé à la politique active aujourd’hui, ses adversaires de l’empire d’en face continuent de lui imputer un rôle « néfaste » dans la politique active. Le dernier texte en la matière a fait sortir PKP de ses gonds. Oui, ce texte de Yves Boisvert qui reproche à PKP d’intervenir en politique tout en étant propriétaire d’un empire médiatique : « de nos jours, les cas de propriétaires de médias nationaux qui interviennent dans le débat politique […] sont assez rares en Amérique du Nord ».


Pardon? Ça fait sourire.


Pourtant, le chroniqueur de La Presse n’a qu’à regarder au-dessus de son pupitre vers sa collègue Kathleen Lévesque pour trouver un texte que celle-ci avait écrit alors qu’elle travaillait au Devoir en 2011 sur l’implication directe de la famille Desmarais en politique active. Par l’influence de sa fortune et de ses liens avec le pouvoir.


Peut-on imaginer la syncope du chroniqueur de La Presse s’il fallait que PKP invite à coucher chez lui un PM du Québec en fonction? Et pourtant c’est bien ce qu’ont fait les Desmarais en invitant à Sagard le PM Charest.



Sauf que de ça, précisément, Yves Boisvert pourrait difficilement en traiter dans La Presse. Car la clause C) Idéologie 7.10 a) de sa convention collective se trouve fort contraignante à ce sujet. « Les commentaires, analyses, chroniques ou autres écrits à l’exclusion des textes d’information ne doivent pas être hostiles à La Presse. »

La Presse, c’est, implicitement, la famille Desmarais. On se posera dès lors la question… Être critique de l’implication politique directe, et concrète de la famille Desmarais, est-ce être hostile à La Presse? Kathleen Lévesque aurait-elle pu écrire le texte du Devoir dans La Presse? Bien sûr que non. Des observateurs aguerris de l’écosystème médiatique du Québec ont bien saisi ce deux poids deux mesures qui régit l’indignation du chroniqueur Boisvert. C’est le cas de Bruno Guglielminetti dont la réponse à été cinglante :



Josée Legault, dans les pages du Journal de Montréal, a aussi relevé le parti-pris évident du chroniqueur de La Presse. Si PKP était fédéraliste, bien sûr que la réaction ne serait pas la même… Et sur l’implication des Desmarais en politique, Legault est pertinente :


« Pour M. Desmarais et sa famille, en matière de question nationale les éditoriaux de leurs journaux ont été et demeurent des outils de combat politique. C’est leur droit le plus strict, mais le fait est indéniable.


En 2008, dans une rare entrevue accordée par Desmarais père, le magazine français Le Point le présentait d’ailleurs en ces termes : « Desmarais n’est pas seulement un magnat des affaires. Il a la haute main sur la presse de la Belle Province. Et tous les premiers ministres du Québec (et du Canada) sont ses amis. Desmarais, homme d’influence… »


« Ce sera sa fin »


Parlant de la ligne éditoriale de La Presse, le patriarche Desmarais en disait aussi ceci : « Notre position est connue : nous sommes fédéralistes. […] Si le Québec se sépare, ce sera sa fin ». Sa « fin » ? Comme déclaration politique, c’est clair.


Et que dire de cette menace, elle aussi très politique, qu’il susurre en 1988 à Jacques Parizeau, alors chef du PQ ? Dans un échange confirmé par les deux hommes en entrevue pour la biographie de M. Parizeau signée par Pierre Duchesne, Desmarais père dit ceci à M. Parizeau : « En tout cas, si tu te présentes aux prochaines élections, on va te battre mon cher ! » Et qui était-ce « on » ?


La morale de cette histoire : si PKP était fédéraliste au lieu d’être souverainiste, qu’il avait levé le poing pour l’unifolié, dirigé le PLQ et qu’il s’exprimait maintenant contre le PQ et pour l’unité canadienne, les critiques contre ses interventions seraient possiblement plus nuancées. »



À la fin de la campagne électorale de 2014 au Québec, une campagne sale, où nombre d’interventions douteuses ont entaché la confiance des électeurs en leurs institutions et en l’objectivité des médias, j’avais publié ceci :



« Voilà le nouveau paradigme que nous révèle la campagne électorale actuelle. Plus jamais les souverainistes ne se battront à armes égales dans la nouvelle réalité politico-médiatique au Québec. Les fédéralistes se permettront tous les coups, ils useront de la complaisance des médias qu’ils contrôlent […] De sondages douteux en analyses complaisantes, l’élite fédéraliste s’est payé une couverture médiatique résolument hostile envers le Parti Québécois et les souverainistes en général. »



En passant, récemment, Alain Gravel célébrait la fin de son long combat contre le blâme qui lui avait été fait par le Conseil de presse du Québec en lien avec son reportage à Enquête à quelques jours des élections; un reportage qui visait le mari de la cheffe du PQ. Un brulot dévastateur qui, incontestablement, a nui au parti québécois.


Un reportage qui avait été publié le jour même où le juge Rémi Bouchard s’était opposé à la publication de documents de l’UPAC concernant le parti libéral du Québec en lien avec Marc-Yvan Côté et à la divulgation des noms des libéraux qui font l’objet d’enquête par la police anticorruption… Quatre ans plus tard, le boss de l’UPAC a déjà fait savoir à ceux qui l’ont nommé que « sa » police anticorruption n’allait pas embêter le PLQ pour l’élection à venir.


Ne soyons pas dupes. Les indépendantistes ne se battront pas à armes égales au cours de la prochaine campagne électorale. Et c’est déjà bien amorcé. Suffit de regarder la couverture de ces quelques annonces de députés du PQ qui ne se représenteront pas. Dans La Presse notamment.


Il n'y a eu aucune démission au PQ mais bien des députés qui ont annoncé qu'ils ne se représenteraient pas; et qui ont assuré qu'ils termineraient leur mandat. Fake News?
Il n’y a eu aucune démission au PQ mais bien des députés qui ont annoncé qu’ils ne se représenteraient pas; et qui ont assuré qu’ils termineraient leur mandat. Fake News?


Mais quand Radio-Canada nomme un ancien président de la commission politique et ardent militant du PLQ comme V-P des services francophones (dont l’un des mandats est l’information), quand on constate à quel point le PDG de Cogeco est, lui aussi un ardent militant du PLQ, quand on sait que le grand boss de Capitales media est, lui aussi, dans le cénacle de la famille des Desmarais (sans l’aide de qui la prise de possession de ce petit empire média régional par Cauchon eut-il été possible? Voir les attaques de PKP à ce sujet justement…), quand on observe l’écosystème média au Québec, on se rend compte que PKP se bat bien seul.


Ceux qui l’accusent de « s’ingérer » dans la politique sont les mêmes qui s’assurent de taire cette emprise énorme de militants fédéralistes puissants sur l’écrasante majorité de notre écosystème médiatique; une emprise que ceux-ci entendent bien garder.