(Québec) Le coprésident de la commission Bouchard-Taylor, Gérard Bouchard, hausse le ton. Critique acharné de la charte de la laïcité, le sociologue et historien passe désormais à un registre virulent pour dénoncer le projet du gouvernement Marois.
Le gouvernement du Parti québécois use de démagogie, attaque Gérard Bouchard dans une lettre publiée vendredi dans la section Opinions du Soleil. Il l'accuse de mentir et d'oeuvrer à la manipulation de l'opinion publique. Il «pervertit» l'héritage de René Lévesque, écrit-il.
L'universitaire s'emploie à démonter ce qu'il estime être les «manoeuvres douteuses» du gouvernement. Il parle de «mensonges et de distorsions».
M. Bouchard s'insurge contre les affirmations du ministre Bernard Drainville, selon qui «les accommodements créent des inégalités, des privilèges, et qu'ils souffrent d'une absence de balises, donnant ainsi à entendre que les demandeurs n'en font qu'à leur tête».
Il croit déceler une forme de populisme dans le discours gouvernemental. «On dresse "les élites" contre "le vrai monde" [...]. On ne jure que par "le peuple", mais on se comporte à son égard d'une façon très irrespectueuse en lui servant des faussetés.»
«On laisse s'éveiller dans une partie de la population des sentiments primaires de xénophobie et des peurs irraisonnées.»
Une aberration
Le modèle français d'intégration, salué par la première ministre Pauline Marois, constitue une aberration aux yeux de Gérard Bouchard. Il n'est rien d'autre qu'«un retentissant échec», insiste-t-il.
«En matière de suppression des droits», le gouvernement du Parti québécois (PQ) «s'appuie sur le précédent créé par trois ou quatre pays ou régions d'Europe en faisant abstraction de toutes les démocraties du monde qui ont choisi de respecter les libertés, y compris en Europe même», vitupère-t-il.
La Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles - le nom officiel de la commission Bouchard-Taylor - a remis son rapport en mai 2008. Gérard Bouchard et Charles Taylor y prônaient, et préconisent toujours, l'interdiction du port de signes religieux aux seules figures représentant l'autorité de l'État, aux juges et aux policiers notamment.
Le projet de Bernard Drainville va beaucoup plus loin. Il propose d'interdire le port de signes religieux ostentatoires dans toute la fonction publique, dans les services de garde, ainsi que dans les réseaux de la santé et de l'éducation.
Une commission parlementaire entendra à partir de mardi divers groupes et individus sur le projet porté par Bernard Drainville. Le Parti québécois avait promis d'agir sur ce front durant la dernière campagne électorale.
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