Clique du Plateau / mystère de Québec

En finir avec les enfantillages

Tribune libre

Chers Vigiles (c'est comme ça que je vous appelle),
J'aimerais vous faire remarquer que depuis quelques temps, nous nous «chicanons» un peu moins, c'est facile à comprendre : des scandales épouvantables nous permettent de chanter à l'unisson et de condamner la vermine qui menace notre nation.
Mais une autre menace nous ronge de l'intérieur, comme un cancer, la division. Je ne parle pas ici des débats virils et intellectuels sur le rôle du PQ, de l'article 1, de la pertinence de QS, du PI ou de la valeur du Bloc. Ces débats sont nécessaires et tant qu'ils sont rigoureux et qu'ils reposent sur des analyses complexes, mais éclairantes, ils nous permettent de nous instruire. Je dirais aussi qu'un bon débat peut nous inciter à entreprendre des actions.
Par contre, je trouve que nous passons beaucoup de temps à nous obstiner entre nous pour des sujets qui n'en valent pas toujours peine. Ces querelles prennent parfois un tour personnel et nuisent à l'image de Vigile, mais surtout certaines querelles nous empêchent d'agir avec cohésion.
Par exemple, je pense que l'expression «clique du Plateau» est une construction destinée à dévaloriser un certain courant progressiste qu'il est normal de retrouver à Montréal. Pour une petite ville, Montréal a quatre universités, une panoplie de bibliothèques, de cégeps, de centre culturels. C'est un véritable laboratoire d'idées. J'irais jusqu'à dire que c'est tellement une ville intéressante que même les Anglos y immigrent et contribuent à l'apport d'idées novatrices.
Mais Montréal sans le reste du Québec n'est rien. Montréal est peuplée, comme Paris, de citoyens des régions qui viennent s'y établir d'une manière permanente ou temporaire et même si Montréal, comme métropole stimule le Québec de bien des façons, elle draine énormément de ressources pour ce faire. Toutes les régions du Québec sont interdépendantes et je pense que les «Plateaupitèques» ou les «Plateausaures» reconnaissent et valorisent énormément leurs racines régionales et je pense que les Québécois nationalistes, qu'ils soient d'Alma, de Cabano, de Québec ou de Cap-aux-Meules aiment la métropole et compatissent avec leurs compatriotes qui voient l'anglais les submerger peu à peu.
La beauté littéraire de l'univers du Plateau de Michel Tremblay est universelle parce qu'elle contenait en son sein une perle essentiellement québécoise que l'on pouvait reconnaitre de Percée à Alma. Quand on lit du Tremblay, on se dit « c'est tellement nous» et on a la même réaction quand on lit BVL.
Je ne crois pas que Félix et René seraient fiers de nous voir nous diviser entre «métropolitains» et «régionaux». C'est dommage qu' Yvon Deschamps ait pris sa retraite, on serait mûrs pour un bon petit spectacle là-dessus.
On ne peut réduire le Plateau, (et encore moins Montréal) à «la clique du Plateau» comme on ne peut réduire Québec aux «radiopoubelles». Croyez-moi, j'engueule mes amis francophones du «Mile-End» quand ils disent des insanités comme «moi, je suis plus Montréalais que Québécois» et ils ont droit à un sermon assez long de ma part, sermon qui sert à leur faire comprendre comment cette distinction est le propre d'un esprit colonisé.
La «Montréalisation» de l'information est une conséquence de l'idéologie néolibérale, de la concentration et de la convergence des médias. «La clique du Plateau» est un procédé vicieux pour amalgamer une résistance nationale et sociale à divers changements qui menacent la société québécoise, au bénéfice des puissances économiques et politiques du Canada. D'un autre côté, quiconque écoute Radio-Canada à Montréal découvrira que l'on fait tout pour montrer que Montréal est une ville Canadienne, et que le ROC est tout aussi proche de la réalité montréalaise que ne le sont le reste des régions du Québec, ce qui est faut, bien entendu. Mais si le pouvoir peut opérer une fracture entre les Québécois, il aura gagner la bataille.
Duhaime, Dumont, Bernier, le PC, l'ADQ, RLQ sont des acteurs qui divisent les Québécois et qui s'en servent pour vendre une vision du fédéralisme à travers une poutine qui propose non pas ce que la droite a de pire (il y a du bon dans toutes les idéologies, il s'agit de trouver la recette qui correspond le mieux à chaque peuple).
Ceux-là mêmes qui ont contribué à la perversion de l'information ont créé du même coup un ressentiment envers Montréal et ils se servent ensuite de ce ressentiment pour mousser leur vente et pour étouffer justement toute résistance dont bénéficieraient du même coup tous les Québécois. Je ne vois pas autrement la campagne de dénigrement dont sont victimes les journalistes en lock-out du Journal de Montréal. En assimilant leurs revendications et leur résistance, ainsi que les critiques à l'encontre de Quebecor aux enfantillages des pourris de la clique du Plateau, l'establishment conservateur et fédéral gagne en popularité tout en nuisant considérablement au droit à une information de qualité
Les dirigeants d'empires divisaient pour régner, ne tombons pas dans le panneau, nous devons plutôt leur opposer une union québécoise féroce. Les réalités sociales germent d'abord dans la langue, soyons donc vigilants.
http://www.youtube.com/watch?v=SVSCE8SGvv0
Yvon Deschamps à écouter!


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 janvier 2011

    Tous les pays ont leur Plateau branché, leur gauche métropolitaine, gay, hautaine, centre du monde et de la dernière tendance ma chère, et leur droite régionale profonde, attachée à la terre, la famille et la religion.

    Faut voir la réaction des Fromages lorsqu'ils voient débarquer chez eux les plaques du 75 dans leur région.
    On connait toute la dichotomie entre le Nord et le Sud de l'Italie.

    Je ne sais plus quel intellectuel avait dit qu'"aux États-Unis, il y a New York et San Francisco, the rest is Cleveland". On connait les États rouges et les États bleus

    En ce sens le Québec est un pays tout à fait normal. Normal que l'on tripe bio et transport en commun sur le Plateau. Normal qu'on tripe skidoo et 4X4 dans la Beauce.

    Ce qui fait que le Québec n'est pas un pays normal cependant c'est qu'il est toujours colonisé, qu'il ne contrôle pas toutes ses taxes et impots, qu'il ne fait pas toutes les lois sur son territoire. Pour arriver à libérer le Québec, faut donc unir les Québécois, de l'extrême gauche à l'extrême-droite. C'est ce qu'avait essayé de faire le PQ. C'est ce qu'on essaie de faire sur ce site.

    Mais le PQ a tellement taponé, ils ont tellement gaffé que les militants ont fini par abandonner le bateau. A gauche chez Françoise de Calcuta, à droite chez Mario de Cacouna.

    La montée de la droite ces dernières années, une droite frustrée parce que longtemps humiliée par la gauche triomphante (dans les médias s'entend), divise de plus en plus les Québécois et rend de plus en la réconciliation nationale difficile. On le voit en lisant Vigile où ça tire très fort à gauche, puis très fort à droite.



  • L'engagé Répondre

    30 janvier 2011

    Je crois au contraire que la réalité est définie puissamment par la langue, plus encore par cette dernière que par les arguments et le matraquage des médias.
    En intégrant des expressions qui renferment une puissante connotation, les gens véhiculent également les valeurs qui y sont associées et c'est ainsi que se propage une idéologie, sans même que l'on s'en rende compte.
    C'est le principe de la «Novlangue» sur laquelle Orwell se base dans sa démonstration d'un régime totalitaire.
    Quand les médias se mettent ensuite à véhiculer des valeurs par des formules toutes faites sur lesquelles il y a consensus (gogauche, clique du plateau), on ne remet plus en question cette manière de nommer et c'est ainsi que des valeurs et des croyances souvent contraires à celles de la collectivité entrent dans le quotidien.
    Duhaime et «sa clique» connaissent ce principe depuis longtemps.
    Je demande aux Vigiles d'y porter attention et de ne pas considérer ces glissements sémantiques comme quelque chose d'anodin.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2011

    Il est de plus en plus évident que les usagers de ce vocabulaire (clique plateau) ne sont même plus insultants, tellement ils sont puérils, et en sont devenus insignifiants. Pas la peine d'y porter attention. Par ignorance, ils ne réalisent pas que ces discours divisifs nuisent au Québec. De plus, le complexe de la Capitale nationale gomme le fait qu'elle n'en sera réellement une, de Capitale nationale, que le jour où nous aurons uni nos forces pour expulser l'occupant de notre territoire pour donner à notre nation toutes les commandes d'un pays libre.

  • L'engagé Répondre

    29 janvier 2011

    On dirait que j'ai aussi oublié de signer le texte... Mais vous aviez sans doute reconnu mon logo.
    Je m'excuse aussi pour les liens internet étranges vers la fin de l'article, je ne m'explique pas ce qu'ils font là.
    L'engagé

  • L'engagé Répondre

    29 janvier 2011


    Quelques coquilles ont échappé à ma relecture et je m'en excuse :
    VLB plutôt que BLV
    et cette phrase est incomplète : «Duhaime, Dumont, Bernier, le PC, l’ADQ, RLQ sont des acteurs qui divisent les Québécois et qui s’en servent pour vendre une vision du fédéralisme à travers une poutine qui propose non pas ce que la droite a de pire (il y a du bon dans toutes les idéologies, il s’agit de trouver la recette qui correspond le mieux à chaque peuple)»
    J'aurais dû écrire : «Duhaime, Dumont, Bernier, le PC, l’ADQ, RLQ sont des acteurs qui divisent les Québécois et qui s’en servent pour vendre une vision du fédéralisme à travers une poutine qui amalgame non pas ce que la droite a de meilleur (il y a du bon dans toutes les idéologies, il s’agit de trouver la recette qui correspond le mieux à chaque peuple), mais dans ce qu'elle a de pire.
    Toutes mes excuses...