Crise chez les souverainistes

Chronique de Patrice Boileau


Faut-il vraiment s’en surprendre? Le Parti québécois, principale formation politique pour laquelle une majorité de souverainistes accordent leur confiance, n’en finit plus de perdre du terrain face au Parti libéral depuis la démission de Bernard Landry en juin 2005.
L’intention de Louise Beaudoin de ne pas tenter de reprendre la circonscription de Chambly qui a basculé de justesse dans le camp libéral en 2003, est la goutte qui a fait déborder le vase. Reconquérir ce comté n’était pourtant qu’une formalité. Y renoncer laisse donc penser que l’ancienne ministre péquiste ne croit pas que le PQ gagnera la prochaine élection, lui qui héritait d’environ 50% des intentions de vote il n’y a pas deux ans.
Il serait trop facile d’attribuer au nouveau chef du Parti québécois l’entière responsabilité de la déconfiture de la formation qu’il dirige. Certes, André Boisclair a commis des gaffes depuis qu’il est chef du PQ. Inutile d’en dérouler la liste : tous les souverainistes la connaissent. La personnalité particulière du leader péquiste n’aide pas non plus; cela aussi est bien connu.
Si le Parti québécois s’apprête à subir l’humiliation d’être défait par le « pire gouvernement de l’histoire », c’est qu’il refuse de crever un abcès qui enfle rapidement depuis avril 2003. Bernard Landry lui-même l’a vu gonfler : il a préféré quitter la direction du parti avant qu’il ne lui éclate en plein visage. J’ai tenté de le prévenir de ce danger durant la « Saison des idées » qu’il a commandée, lors du conseil national de Laval en février 2004. Il n’a pas voulu s’attaquer à ce péril. Aussi, j’étais content qu’il démissionne au Congrès national de juin 2005, captant bien le signal que lui avait envoyé le résultat mitigé du vote de confiance des militants : j’étais soulagé de voir que l’homme que j’estime n’aurait pas à subir la tempête qui pointait à l’horizon.
Or le voilà, l’orage. En refusant de modifier sa démarche d’accession à l’indépendance politique, le Parti québécois a ignoré la volonté des Québécois qui refusent d’affronter l’État canadien dans le cadre d’une ultime joute référendaire qui pourrait aboutir à une impasse politique. Sclérosé, le PQ offre donc l’image d’une formation politique vieillissante qui donne l’impression de ne vouloir aspirer qu'à la gouverne provinciale. Tellement que le projet souverainiste rallie maintenant davantage de gens que le parti lui-même, parti dirigé par un jeune chef qui ne convainc évidemment pas de l’avoir modernisé. Cet immobilisme menace aujourd’hui l’article 1 du Parti québécois. Ce qui est dangereux. D’où la crise observée aujourd’hui chez les souverainistes.
Bernard Landry est également inquiet. C’est ce qu’il m’a révélé ce week end lors d’un événement privé. J’étais heureux de le retrouver, tout comme lui de renouer avec moi. L’homme est toujours chaleureux et a ajouté se renseigner continuellement sur Vigile, comme en témoigne ses constantes contributions financières. A t-il changé d’avis au sujet du maintien de l’étapisme référendaire? Je n’ai pas eu le temps de lui poser la question durant notre entretien. Reste qu’il n’aime pas ce qu’il voit. Idem pour Louise Beaudoin qui était également présente au même endroit. L’ancienne ministre péquiste qui me connaît bien pour avoir œuvré au sein de son exécutif de comté, est au courant de mon diagnostic sur le mal qui ronge le parti. Je n’ai pas osé en discuter avec elle : j’ai préféré respecter son vœu de ne pas accorder d’entrevue suite à l’article que Le Devoir a publié samedi dernier. Ce n’est pas pour rien qu’elle a déclaré aux médias qu’elle « disparaîtrait durant quelques jours. »
Que faire à présent, maintenant que des sondages confirment que le Parti québécois sombre doucement alors qu’une majorité de Québécois est pourtant insatisfaite du gouvernement Charest et souhaite s’en débarrasser?
Des indépendantistes somment André Boisclair d’abandonner son poste de dirigeant péquiste. Son départ, je le répète, ne sauvera pas le Parti québécois de la tourmente qui l’afflige actuellement. Qu’importe le chef qui s’installera dans le siège du conducteur de la formation souverainiste; s’il ne débarrasse pas le PQ de son boulet référendaire, il ne rapatriera pas les gens qui l’ont abandonné et qui, nombreux aujourd’hui, songent sérieusement à s’abstenir de voter au prochain scrutin. Même Gilles Duceppe ne parviendra pas à persuader les Québécois de risquer un ultime référendum.
Décider cette semaine d’adopter la voie élective à la majorité absolue des votes pour réaliser l’indépendance du Québec serait évidemment interprétée par l’adversaire fédéraliste comme un geste désespéré. Les médias québécois à leur solde ne manqueraient pas de les appuyer à coups d’articles dévastateurs qui pourraient affaiblir davantage le Parti québécois. Le PQ n’a cependant d’autres choix que de recourir à l’élection décisionnelle pour convaincre la société civile qu’il a décidé de les écouter et de se renouveler. Il peut néanmoins débuter demain une campagne efficace de sensibilisation qui aviserait la population qu’à l’approche du dépôt de l’enquête du juge Grenier sur les activités illégales d’Option-Canada, l’abandon de l’étapisme référendaire serait légitimement considéré. Les prochaines semaines seraient ainsi consacrées à remémorer aux Québécois toutes les actions frauduleuses que l’État canadien a perpétrées pour voler le résultat souverainiste du référendum de 1995. Ainsi, en mars prochain, suite au dévoilement de l’enquête par le Directeur général des élections du Québec, le changement de cap publiquement envisagé ne serait plus qu’une formalité et il ferait moins de vagues. Les souverainistes seraient alors en position de force pour le scrutin prévu dans quelques semaines.
Un troisième et dernier référendum représente dorénavant une démarche radicale car elle ne laisse pas de place à la défaite : elle effraie les Québécois. Voilà pourquoi les fédéralistes insistent démesurément sur ce rendez-vous référendaire pour éloigner les Québécois du projet indépendantiste et du Parti québécois. De toute évidence, il leur faut un autre mode d’accession à l’indépendance plus souple : ce qu’offre la voie élective.
Le PQ est aujourd’hui à la croisée des chemins : il est maintenant menacé de disparaître. Dommage qu’il ait attendu si longtemps avant de crever l’abcès référendaire qui l’empoisonne. Triste que son refus de riposter à l’État canadien, suite au vol référendaire de 1995, risque à présent de lui coûter la vie…
Patrice Boileau

Carignan, le 31 janvier 2007



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8 commentaires

  • Luc Bertrand Répondre

    6 février 2007

    Vos questions, NorduNord, sont tout à fait légitimes, n'en déplaise à Mme Thaïs Potvin. Comme si nous, les militant(e)s du PQ ne faisions que nous plaindre, placoter pour perdre son temps et attendre que la souveraineté nous tombe du ciel bien "effoiré(e)s" dans notre salon. Hey, y a vraiment des limites à prendre les gens pour des cruches!
    C'est mon humble opinion, mais je crois sincèrement davantage à nos chances en jouant franc jeu avec les électeurs, ne pas chercher à s'esquiver sans raison valable et présenter une équipe bien formée, convaincue dans la justesse de sa cause et des portes qu'elle va nous permettre d'ouvrir plutôt que de répéter des slogans vides et usés, de chercher à évacuer la nécessité impérieuse de l'indépendance pour tenter de convaincre les gens que les vraies priorités sont l'éducation, l'environnement et l'économie et chercher à camoufler les erreurs en feignant l'ignorance. Il faut nous assumer comme équipe, inventorier honnêtement et capitaliser sur nos forces, reconnaître humblement mais objectivement nos faiblesses et chercher à les compenser par un travail collectif concerté. À défaut d'une "équipe de rêve", faisons la preuve qu'une députation moins prestigieuse mais professionnelle et dévouée à leur milieu arrivera aux mêmes résultats, si ce n'est pas mieux.
    Comme l'a dit Don MacPherson dans sa chronique d'aujourd'hui (très honnête, objective et non complaisante), nous devons vivre avec notre chef, avec ses qualités et ses défauts. Jean Charest avait-il plus de crédibilité avant l'élection de 1998 ou même de 2003? Faisons donc la démonstration, à l'instar d'une équipe de hockey, qu'il est possible de gagner avec une équipe moins talentueuse, mais qui accepte "d'aller chaque jour, chaque soir à la guerre" et se battre avec toute l'énergie, la conviction, la cohésion et l'intelligence qu'elle est capable. Notre chef a une image qui passe bien, qui est bien perçue par les gens d'affaires et qui est inclusive? Eh bien, servons-nous en en conséquence et laissons les candidat(e)s avec le verbe facile et l'argumentation percutante prendre plus de place dans les débats publics! André Boisclair a une organisation sur le terrain rodée au quart de tour? Laissons ses organisateurs planifier les activités, mener la logistique ou gérer les dépenses électorales. Les pur(e)s et dur(e)s sont plus convaincant(e)s en terme d'argumentaire? Laissons-les investir les communications, le pointage, la sortie du vote ou animer des assemblées de cuisine! Gauche? Droite? Centre? Qui pourrait être plus à droite que Mario Dumont ou Jean Charest? Qui pourrait être aussi radicalement à gauche que Québec Solidaire ou les Verts? Nous avons des gens de toutes les tendances et chacune de celles-ci a des raisons différentes de vouloir faire l'indépendance du Québec. Le Parti Québécois doit redevenir la grande coalition de toutes les forces souverainistes. De toute façon, que va-t-il vraisemblablement se produire une fois que le Québec aura proclamé son indépendance? Il y aura sans doute réalignement des partis en fonction de la nouvelle réalité politique, ce qui est tout à fait normal et nécessaire, puisque les contraintes constitutionnelles ne seront plus les mêmes.
    Donc, retroussons-nous les manches, pensons à libérer nos électeurs des griffes sournoises des Libéraux et n'oublions pas, cette fois, dès cette campagne, d'insister sur le préalable incontournable d'appuyer massivement la souveraineté si les électeurs veulent voir se matérialiser nos engagements électoraux. Sinon, ils devront comprendre qu'ils n'auront qu'eux mêmes à blâmer en cas d'échec.

  • Normand Bélair Répondre

    6 février 2007

    Pourquoi le PQ ? Pourquoi André Boisclair ? Bien sûr je suis solidaire envers l'idée de la souveraineté. Bien certainement que je me l'a ferme face au chef de cette formation...comme d'ailleurs les fédéralistes l'ont fait pendant plus de 10 ans quand un certain Jean Chrétien était chef des troupes fédéralistes.
    Oui, la souveraineté. Mais puis-je savoir comment je vais me convaincre de voter pour le PQ lorsque ce dernier n'a rien comme programme ? Parle-t-il en mon nom ? Est-ce que je me sens interpelé par son chef ? Va-t-il m'offrir des solutions aux «supposées pires gaffes» du pire gouvernement que le Québec ait connu ? Si pire que ça ? Vraiment ? Encore une fois, on se berce d'illusion. Bien oui, il y a eu Orford, et les petites augmentations salariales auprès de la fonction publique, quelques augmentations de taxes voir déguisées; et puis après ? Est-ce assez pour défaire ce gouvernement ? Si le chef des souverainistes ne me parle pas, ne dit rien pour que je me sente impliqué dans une mouvance vers le pays; vers des solutions meilleures que le PLQ; un parti qui refuse de revoir des décisions passées désastreuses tel les fusions forcées; il y a de quoi à ce poser de sérieuse questions sur la capacité de ce parti de remplacement. Non ? Pourquoi, changer ? Pourquoi changer, si non le sauveur, mais bien seulement le simple messager n'arrive pas à sortir des crucifix et des méchants syndicats à chaque fois qu'il veut passer un message ?
    Quelle est la position du PQ sur Hérouxville et l'accommodement raisonnable, déjà ?
    Je m'excuse mais je dois avouer que je suis désabusé devant un chef, un parti qui se meure depuis l’époque Bouchard.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 février 2007

    Monsieur Bertrand,
    Dieu que vous avez de la difficulté à comprendre. On est
    tanné de l'image du parti que vous projetez, tous nos adversaires
    en rient. Moi, je suis sur le plancher des vaches et je dois
    répondre à des amis qui me disent: Ton parti,
    c'est un parti de BLA BLA BLA.
    La PERCEPTION, vous savez ce que c'est? C'est dommage, mais
    c'est ce qui fait gagner des élections.
    Soyez pragmatique et parlez d'indépendance.
    Le joute politique, c'est autre chose. Si vous voulez
    la jouer, présentez-vous comme candidat.
    N'ayez crainte, j'ai lu l'article de M. Deshaies au complet! Et je suis
    tout à fait d'accord avec lui. Il faut créer une vaste réunion de tous les
    indépendentistes, en dehors des partis politiques. Plus les gens
    comprendront pourquoi il faut sortir du Canada, plus ils sauront
    où mettre la croix, le jour venu. Et il vous revient à vous comme à
    tous les indépendantistes, de créer ce que M" Deshaies appelle
    un MOUVEMENT.
    Thaïs Potvin

  • Luc Bertrand Répondre

    5 février 2007

    Mes excuses, madame Potvin! C'est la première fois que je voyais le prénom de Thaïs! Je ne savais donc pas qu'il était du genre féminin. Bravo à vos parents pour avoir fait preuve d'autant d'originalité!
    Ne vous en déplaise, les gens s'impliquant dans le bénévolat politique ne sont pas tou(te)s du genre "Crois ou meurs!". C'est exactement le genre d'intégrisme que reprochent au PQ les fédéralistes et des remarques aussi paternalistes et méprisantes comme les vôtres envers l'intelligence des membres qui se démènent, tout comme vous, dans les instances du Parti et dans leur vie de tous les jours pour faire avancer l'idée d'indépendance et même d'en défendre les mérites malgré que nos chefs, humains imparfaits comme nous, contribuent souvent à discréditer pour des considérations électoralistes ou bassement partisanes, sont inutiles, non avenues et carrément démobilisantes.
    Quand vous insultez les gens qui se doivent de poser des questions dans des tribunes comme Vigile ou ailleurs parce que leur chef ne veut pas donner de réponse qui déroge de la "ligne de parti" et qui ne cherchent qu'à se défiler, vous signifiez que les seul(e)s militant(e)s acceptables pour le Parti Québécois seraient des "gophers", des marionnettes, des perroquets répétant des slogans sans réfléchir? Eh bien, il se trouve des fois que les militant(e)s ont affaire de temps en temps à confronter des fédéralistes qui ne sont pas des crétins, qui sont capables de lire, de comparer, de compter ou qui ont des arguments que nos beaux discours pour convaincu(e)s ne permettent pas de contrer, justement à cause de l'incohérence de nos chefs qui, comme Bernard Landry, continuent à agir de manière à reconnaître le pouvoir du gouvernement fédéral. Quand on écrit au Premier ministre du Canada pour une question aussi insignifiante qu'une reconnaissance de nation complètement vide de portée, on envoie à la population le message que nous ne saurions nous définir comme nation sans la reconnaissance du Canada.
    Lisez donc l'article de Bruno Deshaies AU COMPLET avant de traiter de têtes enflées les gens qui sont moins naïfs que vous! Si nous voulons l'indépendance du Québec, il faut SE COMPORTER EN CONSÉQUENCE! Si un vote pour le Parti Québécois ne se traduit pas par un vote pour l'indépendance, alors nous demandons aux gens que nous voulons convaincre de VOTER POUR QUOI?
    Pour vous illustrer ce que je veux dire, je me rappellerai toujours le soir du référendum de 1995 lorsque je raccompagnais un bénévole au local du OUI dans le comté de Pointe-aux-Trembles. Après que je l'aie remercié pour son aide, celui-ci m'a posé la question "Mais pourquoi voulons-nous faire l'indépendance?".
    Donc, c'est ça que vous voulez comme "soldats" pour appuyer notre chef? C'est avec du monde comme ça que vous voulez convaincre les indécis de pencher de notre bord?
    Les cruches, nous on devrait laisser ça au Parti Libéral et aux fédéralistes. Et pourtant, dimanche, quand, dans un déjeûner-causerie du Bloc j'ai osé dire à mes voisines ce que je pensais des déclarations d'André Boisclair et de sa propension à éviter les bonnes questions ou les débats d'idées, les deux vieilles harpies m'ont traité de "négatif" ou de "traître" pour avoir cherché à "péter leur balloune avec le beau André"! Et pourtant, il y en a une des deux qui ne jurait que par Jacques Parizeau et Robert Laplante pas plus tard qu'il y a deux ans et qui, dimanche, disait qu'il "n'avait plus d'affaire là"! C'est donc l'image dorénavant qui prime sur le contenu, madame Potvin? C'est ça que vous voulez dire? Si c'est oui, vous êtes donc d'accord à ce que nous soyons rendu(e)s aussi bas que nos adversaires?
    Ne vous en déplaise, c'est par la CLARTÉ que nous convaincrons les gens. Pas seulement à la dernière minute. Les gens ne sont pas des caves: nous devons ÊTRE et AGIR comme des indépendantistes, AVANT, PENDANT et APRÈS l'indépendance! Et si nous perdons? Alors, nous laisserons les partis fédéralistes SE CALER à notre place!

  • Archives de Vigile Répondre

    2 février 2007

    Monsieur Bertrand,
    D'abord, une précision: je ne suis pas monsieur, mais madame.
    Ce que j'en pense? Le PQ est devenu une étrange bibitte à mille
    têtes, mille grosses têtes enflées et ..aveugles.
    Impossible de vous suivre,
    SVP, redescendez sur terre.
    Lisez la chronique de M. Deshaies, "Occupez-vous
    d'indépendance", ça va vous éclairer j'espère et
    dégonfler votre ego.
    Je suis membre du PQ depuis 1968, j'en ai vu d'autres...
    Thaïs Potvin

  • Archives de Vigile Répondre

    2 février 2007

    Et de plus, nous sommes devant une remarquable et unique mobilisation du peuple québécois, qui s'éveille à son état de nation, son identitaire, par des manifestations de solidarité de sauvegarde culturelle (Herouxville), contre l'imposition du multiculturalisme Trudeauiste du fédéral au Québec, mais étrangement le PQ ne fait aucun geste du support à cette mobilisation nationale du peuple, ni même une mention!
    C'est à croire qu'il souhaiterait l'étouffer!
    Expliquez-moi!!

  • Luc Bertrand Répondre

    1 février 2007

    M. Potvin, de grâce, cessez de prendre les membres du Parti pour des moutons. Patrice Boileau et d'autres militant(e)s vigilant(e)s comme lui ne font que dire la VÉRITÉ. Vous auriez dû entendre François Legault et surtout Monique Richard à Joliette mardi soir. Je n'en croyais pas mes oreilles! Mes excuses si la comparaison est odieuse, mais, lorsqu'on a daigné enfin m'accorder la parole pour tenter de faire entendre raison à la direction du Parti Québécois, je me suis senti comme le maréchal Heinz Guderian qui avait "osé" dire la vérité à Hitler en mars 1945 sur la situation désespérée de Berlin face aux forces soviétiques qui s'apprêtaient à l'encercler. Le Führer avait répondu avec la même désinvolture que la présidente du PQ, pourtant proche des centrales syndicales qui étaient visées par les paroles méprisantes d'André Boisclair: "Ne vous laissez pas influencer par les André Pratte et autres propagandistes fédéralistes. C'est l'élection qui est importante. Si les membres s'unissent derrière le chef, nous allons remporter une grande victoire sur le pire gouvernement du Québec!"
    François Legault a au moins eu la décence de reconnaître savoir que plusieurs militant(e)s de mon comté souhaitent faire la souveraineté en une seule étape au lieu de deux, mais a à nouveau signifié que la question avait été tranchée au Congrès de juin 2005 et a fait référence à la légitimité du leadership d'André Boisclair, avec sa victoire à 54% au premier tour de la course à la direction. Après le ridicule "pep talk de conviction des convaincu(e)s", tout ce qu'on m'a offert était de rapporter les critiques au chef.
    Quand vous évoquez Gesca comme responsable des "turbulences" (c'est le mot que semblent avoir convenu les apparatchiks du Parti pour tenter d'étouffer la crise) affectant le leadership d'André Boisclair, vous semblez oublier que ce sont ces mêmes médias (Paul Desmarais avait même confié son appréciation du "jeune Boisclair") qui ont propulsé artificiellement votre protégé comme grand favori dès le début de la course à la direction en juin 2005. Lorsque je lui ai évoqué le doute sur la loyauté souverainiste suscité par les nombreuses et soudaines adhésions au Parti revendiquées par le clan Boisclair et l'exemple de Jean-René Dufort démontrant l'extrême candeur de notre processus d'admission des membres, Julien Beaudry, le conseiller en communications du chef et du parti depuis (coïncidence?) deux ans, m'a répondu avoir fait des vérifications aléatoires qui n'ont rien démontré d'anormal et qu'on ne pouvait aller plus loin si l'on voulait respecter la loi électorale. Ne trouvez-vous pas étrange que les médias nationaux n'ont commencé à s'intéresser à la grogne (qui couvait déjà depuis des mois - je l'ai senti dès le congrès régional de Lanaudière du 8 avril dernier) envers Boisclair que depuis l'épisode de "Broke Back Mountain", soit sensiblement dans la période où Jean Charest a commencé à donner des signes avant-coureurs du déclenchement d'une élection?
    Qu'auriez-vous préféré? Que nous nous fermions la gueule, que nous obéissions docilement aux claquements des doigts de la "garde rapprochée de Boisclair" et tentions de "vendre" un chef et un parti qui, dès le 6 novembre dernier, laissait entendre qu'il n'était plus question de répondre aux interrogations légitimes de la population sur la volonté du PQ de respecter son engagement envers la souveraineté? Avez-vous déjà fait du porte-à-porte, de la sollicitation des membres ou du pointage pour nous accuser d'être d'aussi mauvaise foi? Ça fait depuis 1979 que je milite activement pour le PQ et je n'ai jamais vu pareil désenchantement depuis Pierre-Marc Johnson.
    Je ne suis pas un spécialiste du marketing ou de la vente, mais je crois sincèrement que vous ne pouvez pas réussir si, à la base, votre "produit" n'est pas crédible. Soyez honnête: ça fait au moins trente ans qu'on tourne en rond avec l'idée de "séparer" l'indépendance (ouf, non, ça fait trop peur!) - ou la "souveraineté" - de la prise du pouvoir pour essayer de calmer les Québécois(e)s en montrant "qu'on est pas pires que les autres" pour gouverner.
    Résultat: Nous avons effectivement pris le pouvoir deux fois (1976 et 1994) en promettant un référendum. Les fédéralistes ont, les DEUX fois (oui, oui, souvenez vous des panneaux de publicité subliminale "Non, ça se dit bien" partout sur les autoroutes, dans les journaux, à la radio et la télévision!), abusé de leur pouvoir pour contourner les lois démocratiques du Québec garantissant la parité des deux camps et fait dérailler notre projet de pays. Les DEUX fois, après avoir accompli un travail exemplaire dans le premier mandat, le PQ s'est fait réélire en se délestant de son option et a été contraint de poser des gestes d'austérité, forcés en grande partie par les politiques choisies expressément par Ottawa pour nous nuire, tout ça au détriment des intérêts de notre base militante (syndicats, fonctionnaires, professionnels de la santé, enseignants, assistés sociaux, chômeurs, etc.). Et encore les DEUX fois la population n'y a vu que du feu, nous a imputés le blâme et a reporté les Libéraux au pouvoir.
    Aujourd'hui, avec le pire gouvernement de l'histoire du Québec, la connaissance des malversations du camp du NON, un gouvernement fédéral en porte-à-faux des valeurs québécoises et un appui ferme à la souveraineté de 45%, nous n'arrivons pas à susciter un engouement envers le seul parti capable de la faire, comment osez-vous nous blâmer de poser des questions?
    En fait, René Lévesque, Pierre-Marc Johnson, Lucien Bouchard, Bernard Landry et d'autres ont si bien manoeuvré qu'ils ont tellement rassuré la population qu'ils l'ont anesthésiée face aux coups sournois et incohérences du système fédéral canadien.
    Quand le chef n'écoute pas les membres, les député(e)s, renverse la décision d'un congrès, se cache pour ne pas prendre position ferme dans les débats qui secouent la société civile québécoise et lâche des remarques publiques irritantes pour les alliés naturels du Parti, il n'y a guère d'autre alternative que de rendre les choses publiques, les pressions populaires étant reconnues influencer les "bons" politiciens? Qu'en pensez-vous?

  • Archives de Vigile Répondre

    31 janvier 2007

    Monsieur Boileau,
    La crise chez le PQ est le résultat du travail des journaux Gescaîens et des "intellectuels" comme vous qui passez votre temps à critiquer les chefs et leur démarche, à jouer au gérant d'estrade, à supposer qu'une telle quitte parce que...Ce faisant, vous faites le jeu de Paul Desmarais et des fédéralistes.
    Mettez donc votre talent au sevice de la cause en nous donnant de bons arguments pour que
    les membres "ordinaires" (et j'en suis) puissent défendre leur projet. Je vous avoue que c'est de plus en plus difficile car nous ressentons un grand malaise. Arrêtez de déchirer vos chemises et faites comme les libéraux: soyez derrière votre chef, sinon, on s'en va tout droit dans le mur.
    Aidez-nous et aidez le pays du Québec.
    Thaïs Potvin