Depuis quelques jours, les ténors souverainistes accentuent la pression sur le Directeur général des élections du Québec pour qu’il rende publique le résultat de l’enquête sur Option Canada, investigation qu’il a remise à monsieur Bernard Grenier il y a environ un an. Il semblerait en effet que l’attente pourrait excéder l’échéance prévue du mois de mars pour en connaître les détails.
Cet organisme fédéral occulte aurait reçu un budget de plus de 5 millions de dollars en septembre 1995 pour torpiller le camp du OUI juste avant le référendum du 30 octobre. Ce montant représente à lui seul la somme maximale permise par la Loi sur la consultation populaire du Québec : chacun des adversaires qui se sont alors affrontés ne devait effectivement pas l’excéder. À coup de renforts publicitaires, Option Canada s’est donc employée à couvrir le Québec de slogans fédéralistes afin d’ébranler les nationalistes mous, épaulant ainsi une équipe du NON chancelante.
Ceux qui prétendent que cet organe canadien n’a pas contribué à la « victoire » des fédéralistes, que son influence sur l’issue du référendum fut infime, mentent effrontément. Ottawa n’a pas créé et engraissé Option Canada de millions de dollars pour se distraire : on ne risque pas une pareille somme sans être certain que l’objectif recherché sera atteint.
L’intelligentsia péquiste multiplie présentement les sorties publiques au sujet du rapport Grenier dans un but électoraliste évident. C’est afin d’éclabousser Jean Charest, une des figures de proue du camp fédéraliste de la campagne référendaire de 1995, que le PQ insiste pour que la publication de l’enquête ait lieu en mars prochain comme convenu, élection générale en cours ou pas. Encore de la petite stratégie.
Le dévoilement prochain des agissements d’Option Canada aux Québécois constituera probablement le dernier épisode d’un des événements les plus sombres de l’Histoire du Québec. Le vol du résultat souverainiste du référendum de 1995 est en effet une tragédie dont les effets délétères perdurent encore aujourd’hui.
Il est inconcevable que les leaders souverainistes ne saisissent pas cette dernière occasion pour annoncer l’abandon de la démarche référendaire comme mode d’accession à la souveraineté. Après avoir laissé passer le « scandale des commandites », être demeurés impassibles lorsque le juge Gomery a divulgué son second rapport, affiché la même somnolence lors du lancement de l’ouvrage de Normand Lester et de Robin Philpot sur « Les secrets d’Option Canada », les apparatchiks du Parti québécois ne peuvent aujourd’hui prolonger leur coma. Les preuves d’agissements illégaux de la part du gouvernement fédéral lors du référendum de 1995 ne font que s’accumuler sous leurs yeux.
Doit-on rappeler également qu’Ottawa a décuplé la cadence d’attribution de certificats de citoyenneté canadienne durant les mois qui ont précédé la tenue du référendum? 1995 fut curieusement la seule année où le Québec en octroya davantage que l’Ontario, depuis 1867… Pas étonnant que l’ancien Directeur général des élections du Québec, Me Pierre-F. Côté, ait par la suite clairement dénombré 150 000 votes illégaux. Ces personnes qui ne détenaient pas de carte d’assurances maladie, récemment installées au Québec, ne pouvaient donc pas participer à la consultation populaire sur la souveraineté du Québec. Elles ont permis la « courte victoire » du NON. Les 35 000 voix de différence proviennent donc de gens dont certains ont peut-être depuis quitté le territoire québécois… Ces faits ont également laissé de marbre les dirigeants souverainistes.
L’accumulation de ces preuves commande un changement majeur de stratégie. Une riposte légitime doit être organisée afin de répliquer à l’État canadien. Certes, annoncer l’abandon de la démarche référendaire provoquera une commotion au Québec et au Canada. Il ne s’agit pas là d’un geste anodin. D’où l’importance de le faire coïncider avec un événement de même acabit. Depuis le plébiscite de 1995, le Parti québécois a laissé passer toutes ces occasions qui lui auraient permis de poser cette action courageuse et justifiée. Reste maintenant la divulgation prochaine de l’enquête Grenier sur les agissements d’Option Canada par Marcel Blanchet, actuel DGE du Québec. Le devoir national commande un changement de cap. Au nom des intérêts supérieurs du Québec, le Parti québécois ne peut maintenir le statu quo référendaire : il en va de son existence.
Impossible de changer le passé. Il est néanmoins faisable de mieux préparer l’avenir grâce aux enseignements tirés des expériences antérieures. En réponse à un détournement de liberté commis par le gouvernement canadien, le Parti québécois doit privilégier une démarche démocratique qui laisse aux Québécois la possibilité de réparer cette injustice quand ils le voudront. Ce n’est donc pas par l’entremise d’un ultime référendum que cela est réalisable. C’est d’ailleurs pourquoi les Québécois n’en veulent pas. Pas question de risquer un plébiscite suicide, sans lendemain, surtout après avoir choisi de se donner un pays il y a un peu plus de dix ans. Exit l’idée d’affronter un État déterminé à agir de nouveau frauduleusement dans un dernier match référendaire afin de provoquer une impasse politique. Le choix de la voix élective pour obtenir 50% + 1 vote doit être privilégié pour que la porte de la liberté, ouverte en 1995, le demeure. Au PQ d’enthousiasmer les Québécois en mars prochain en leur remettant la possibilité de la franchir à l’élection de leur choix. Les formations souverainistes doivent unir leurs votes pour faire progresser le Québec.
Il faut changer la donne politique de la sorte. Le Parti québécois, ou une nouvelle formation indépendantiste, doit sonner le réveil des souverainistes qui ont souffert de dix années d’attentisme. Les Québécois auront alors l’occasion de montrer à la communauté internationale qu’ils forment un peuple fier en rassemblant dignement une seconde majorité absolue de votes, plutôt que de chercher un subterfuge politique. Ils ne s’abaisseront pas en se livrant à de sombres manœuvres : le domaine de la fraude et de la boue appartient au gouvernement canadien.
Patrice Boileau
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
28 janvier 2007Et puis,il ne faut pas attendre grand chose du rapport Grenier.
Vous avez vu les faits d'arme de ce juge à la retraite sur le site du journal Le Québecois?
Luc Bertrand Répondre
25 janvier 2007WAW! Monsieur Boileau! Bravo mille fois! Et qu'on passe à l'attaque et sérieusement à part ça! Si André Boisclair ne comprend pas le message, il n'y a plus de temps à perdre. Jean Charest prépare sa défense depuis longtemps, avec ses annonces préélectorales multiples, les rumeurs de règlement du déséquilibre fiscal et le devancement de la date d'ouverture du métro de Laval, où plusieurs comtés sont chaudement disputés.
Présentement, notre situation ressemble à celle de la Wehrmacht avant la bataille de Koursk (juillet-août 1943). À ceux qui s'offusquent de cette comparaison militaire, je rappellerai que les fédéralistes nous ont justement DÉCLARÉ la GUERRE lorsqu'ils ont décidé de prendre tous les moyens que nous commençons à élucider pour faire dérailler le référendum de 1995. Hitler avait décidé de retarder de quatre mois une offensive avec toute la force de frappe des panzers disponibles pour encercler et détruire un saillant du front qui comptait un million de soldats soviétiques. Le maréchal von Manstein, après une offensive surprise, avait repris en mars 1943 l'importante ville de Kharkov et les troupes soviétiques étaient épuisées en mai. Il aurait voulu poursuivre son avance et profiter du retour du printemps pour en finir avec l'Armée Rouge. Cependant, le Führer voulait attendre pour engager ses nouveaux chars Panther et Tiger, supérieurs aux tanks T-34 et KV-1 des Russes.
Les férus d'histoire savent comment ça s'est terminé: Les Russes ont profité du délai (et de renseignements d'espions) pour ériger huit lignes de défense, des champs de mines et cinq fronts d'armées mécanisés. Malgré une préparation d'artillerie impeccable le 5 juillet, le groupe von Kluge a été arrêté rapidement au nord. Le groupe sud de von Manstein réussit une lente progression, mais avec des pertes humaines et matérielles importantes. Le 12 juillet, c'est le "choc des Titans": 700 chars allemands et 850 chars russes se livrent la plus importante bataille de chars de l'Histoire autour d'une dépression près du village de Prokhorovka. Suite à l'annonce du débarquement des Alliés en Sicile le 10 juillet, Hitler hésite et ordonne la fin de l'offensive alors que von Manstein, sentant l'occasion de briser les reins à la force blindée soviétique, voulait poursuivre. Les historiens russes ont prétendu que les pertes des deux camps ont été égales et ont rapidement retiré les carcasses de chars laissées sur le champ de bataille. Une enquête minutieuse effectuées après la guerre a plutôt démontré que la grande majorité des chars perdus étaient soviétiques. La Wehrmacht, dans l'ensemble de la bataille, a perdu plus de 750 000 hommes et 2 000 chars mais, pire encore, a perdu l'initiative sur le front de l'Est pour le reste de la guerre qui s'est conclue par la défaite allemande.
Revenant au Québec fin janvier 2007, "notre" chef, André Boisclair s'en remet au rapport du DGE sur Option Canada pour donner le coup de grâce à Jean Charest et les fédéralistes, en se contentant de critiquer le mauvais bilan du gouvernement libéral. Pourtant, en se restreignant à cette attitude défensive et attentiste, il refroidit l'ardeur de ses troupes. En effet, le recrutement des candidat(e)s de qualité est difficile et il y a même "désertion" de plusieurs, même parmi la relève (Stephan Tremblay et Jonathan Valois). Comme si ce n'était pas déjà assez, le chef se prive de sa "force blindée" (les pur(e)s et dur(e)s et l'aile progressiste du SPQ Libre), ce qui ne l'aide pas à enrôler d'autres "soldats" (les abstentionnistes de 2003).
Et pourtant, nous avons tout ce qu'il faut "drelà": l'option souverainiste frôle toujours les 45-50%, les sondages sur les intentions de vote nous placent tout près des Libéraux, et même avec la possibilité d'avoir un gouvernement, minoritaire ou majoritaire. Tout ce qui manque, c'est un CATALYSEUR. Alors que Lucien Bouchard se permet, deux fois plutôt qu'une, de sortir de son devoir de réserve et d'intervenir publiquement sans mentionner l'urgence de faire l'indépendance, André Boisclair tient Jacques Parizeau, le vrai moteur du mouvement indépendantiste sur la touche, alors qu'il sait très bien que les propos qu'on lui reproche se sont avérés fondés et que personne n'a rien fait au PQ pour le réhabiliter.
Va-t-on finalement laisser "notre Führer" nous faire perdre la chance unique de capitaliser sur la conjoncture politique favorable actuelle et réussir la mission FONDAMENTALE du Parti Québécois et des souverainistes en général?
Des "von Manstein" ou des "von Kluge", nous en avons au sein du PQ et du mouvement souverainiste (Jean-Claude St-André, Pierre Dubuc). S'ils sont inconnus du grand public, c'est parce que l'establishment du Parti (la censure) a décidé de les museler et a laissé les médias les marginaliser. Mettons donc toutes nos forces pour "faire entrer" le maximum de VRAI(E)S INDÉPENDANTISTES à l'Assemblée nationale, signifions individuellement CLAIREMENT notre intention de former un gouvernement NATIONAL, proposons une constitution québécoise honnête et fidèle à notre identité et fichons-nous de Boisclair! Si nous gagnons, nous saurons certainement trouver un chef qui reflète notre volonté collective. À Boisclair de décider s'il veut que ce soit lui!