Le traducteur Daniel Poliquin a pris conscience des échos contemporains de Samuel de Champlain.
Photo: Étienne Ranger, Le Droit
Valérie Lessard Le Droit - Daniel Poliquin est le premier à l'avouer: il pensait connaître Samuel de Champlain. C'était avant de s'attaquer, il y a deux ans, à la traduction du Rêve de Champlain.
Le Franco-Ontarien est parti sur les traces du cartographe, navigateur, explorateur, auteur, botaniste, homme de guerre et véritable touche-à-tout digne de la Renaissance. Un long périple effectué au gré des quelque 1000 pages de l'ouvrage de David Hackett Fischer. Ainsi, à défaut d'avoir été «truchement» (interprète) à l'époque de Champlain, Daniel Poliquin est devenu le traducteur de l'historien américain, quelque 400 ans plus tard!
«J'avais déjà lu les journaux de Champlain, mais je me suis vite rendu compte que je le connaissais mal, finalement, en lisant le texte de Fischer.» L'ancien interprète sur la colline du Parlement n'avait pas non plus pris conscience des échos contemporains des découvertes de Champlain. «Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il soit autant d'actualité. Ses aventures sont les nôtres. Par sa vision du monde, Champlain a imprimé des principes directeurs qui continuent à nous habiter et à nous guider aujourd'hui», fait valoir Daniel Poliquin.
Pour étayer ses propos, il mentionne le mot «caucus», si en vogue dans la capitale fédérale, et qui vient non pas du latin, mais bien de l'algonquin, précise-t-il. «Cette tradition amérindienne, que Champlain a vite embrassée à son arrivée en Nouvelle-France, est à la base de notre tradition démocratique. Nous sommes des égalitaires et cet aspect de qui nous sommes vient de notre cohabitation avec les Premiers Peuples.
«D'ailleurs, enchaîne Daniel Poliquin, Champlain ne parle jamais de tribus amérindiennes, dans ses écrits, mais bien de nations. Il négociait avec elles, les observait et cherchait toujours à trouver des terrains d'entente avec elles. Il est donc, en quelque sorte, à l'origine des accommodements raisonnables!»
Et si «la seule erreur qu'on puisse lui imputer demeure qu'il ait été sûr qu'il n'était pas loin de la Chine», l'homme n'en ressort pas moins de cette biographie tel «un grand esprit, un vrai visionnaire dont il est sidérant de réaliser à quel point il est avant son temps», déclare Daniel Poliquin.
Se préparer à la traduction
En guise de préparation à la traduction de la biographie de David Hackett Fischer, Daniel Poliquin a relu des contemporains de Champlain: Pascal, Marie de l'Incarnation, les Relations des Jésuites. «Je suis retombé dans le XVIIe siècle français et québécois, pour me mettre dans le ton et l'esprit de cette époque. Champlain n'était peut-être pas messianique comme le sera plus tard Maisonneuve, le fondateur de Montréal, mais les notions de salut, de grâce et de foi sont aussi importantes chez lui que chez Pascal.»
Contrairement à Champlain, qui a passé une partie de sa vie à voguer entre l'ancien et le nouveau continent, Daniel Poliquin connaissait peu le monde de la marine avant de se lancer dans ce projet. «J'ai dû apprivoiser tout un savoir nautique et un vocabulaire! Heureusement que j'ai un ami navigateur qui a pu m'initier à tout ça!»
Il s'est ainsi familiarisé avec les mâts de misaine et d'artimon, les cacatois, les huniers, les types de bateaux (des chaloupes aux pataches, en passant par le fameux Don de Dieu), leur tonnage, etc. Et il a appris des nuances importantes pour rendre la nature même de certains termes anglais utilisés par David Hackett Fischer, comme le mot «harbor», employé souvent dans la version originale de l'Américain, qui peut se traduire par havre, port ou rade, selon que l'endroit décrit est plus ou moins sauvage.
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