Une petite recherche sur la toile m’a révélé notamment que François Legault, à titre de ministre de l’Éducation, en avril 2000, veut lier le milliard d’argent frais en éducation, annoncé lors du Sommet de la jeunesse, à des « contrats de performance » des établissements d’enseignement, une histoire qui soulève un tollé dans le monde de l’éducation. Par ailleurs, à la suite d’un très important remaniement du premier ministre Bernard Landry, François Legault devient ministre de la Santé et des Services sociaux en 2002, et trouve inconcevable de ne pouvoir évaluer concrètement la « performance » d'un réseau dans lequel les Québécois investissent annuellement quelque 17 milliards $.
Plus de deux décennies plus tard, force est de constater que l’évaluation de « performance » ancrée dans les antécédents de l’homme d’affaires se répète encore aujourd’hui dans l’épineux dossier visant à lier une partie de la rémunération des médecins à des critères de performance dans le projet de loi 106.
Or en santé, la performance du personnel traitant devrait-elle être liée au nombre de patients pris en charge ou à la qualité des soins prodigués? À mon point de vue, poser la question c’est beaucoup y répondre. En revancher, François Legault est un héritier du monde des affaires où la performance incarne un critère essentiel dans l’évaluation des tâches du personnel. Par ailleurs, il m’apparaît inapproprié, voire anti-productif, de transposer mutatis mutandis cette définition au personnel médical dont la mission première est d’offrir une qualité de service aux patients.
Au moment d’écrire cette lettre, tous les indices portent à croire que le premier ministre déposera en Chambre un projet de loi spécial visant à fixer sous bâillon le mode de rémunération des médecins en partie à des critères de performance. Si François Legault aspire ainsi régler l’éternel conflit entre l’État et les médecins sur leur mode de rémunération, il est plutôt fort à parier que cette loi attisera les tensions entre les parties au détriment, encore une fois, des Québécois qui attendent désespérément une place pour être traités comme il se doit.
Réflexion
« Que de pauvres gens émasculés de tout sens national, habitués à encaisser les affronts comme d’autres les récompenses, les coups de pied comme d’autres les caresses, se permettent de trouver ces griefs de peu d’importance, après tout, libre à eux, mais pour l’amour du ciel, qu’ils n’essaient pas d’imposer leur tempérament d’esclaves à ceux qui ont une autre notion de la liberté, de la dignité et de la fierté. » Lionel Groulx
Henri Marineau, Québec













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