Demandeurs d'asile: Jean-François Lisée veut une clôture pour bloquer le chemin Roxham

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Au lieu de toujours finir par couiner, Lisée devrait assumer ses positions : il monterait dans les intentions de vote !

Le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, veut rediriger les demandeurs d'asile irréguliers vers des postes frontaliers et bloquer l'accès au chemin Roxham à l'aide d'une clôture.


Il a tenu ces propos en impromptu de presse mercredi midi, à l'Assemblée nationale.


Le chef péquiste a de nouveau demandé la suspension de l'entente des tiers pays sûrs, ce qui permettrait aux migrants qui passent actuellement par le chemin Roxham en Montérégie de se tourner vers les postes frontaliers réguliers.


"On a le chemin irrégulier le plus connu au monde, a-t-il déclaré. On dit écoutez, ce chemin-là qui a été construit, maintenant élargi et qui a des cabanes autour, on met une clôture, c'est tout. On dit, ne passez plus ici.


"On a plusieurs très bons constructeurs de clôture au Québec, donc on a l'embarras du choix", a-t-il poursuivi.


Selon lui, les demandeurs d'asile ont le droit de se présenter à la frontière, mais devraient le faire à différents postes frontaliers réguliers, en Colombie-Britannique, en Ontario ou au Nouveau-Brunswick, des endroits "normaux" pour qu'ils soient "mieux répartis" et traités "humainement".


Qui va payer pour cette clôture, a demandé un journaliste. "Les Mexicains", a répondu à la blague M. Lisée.


Plus tard en journée, après la publication de plusieurs articles de presse, le député de Rosemont a nuancé ses propos, d'abord sur Twitter.


"Le PLQ admet qu'Ottawa devrait suspendre l'entente qui fait du chemin Roxham le passage le plus célèbre au monde. Les demandeurs entreront alors par les postes-frontières réguliers. Comment indiquer que Roxham est fermé? Un panneau, une haie de cèdres, un policier? Peu importe", a-t-il écrit.


Il a tenu une deuxième mêlée de presse, pour préciser davantage sa pensée. Il ne s'agit pas pour lui de bloquer l'accès aux migrants; ce n'est qu'une fois avisés "qu'ils peuvent aller ailleurs" que le chemin Roxham serait fermé à l'aide d'un "panneau, une haie de cèdres, un policier".


Pourquoi donc avoir évoqué l'érection d'une clôture? "J'ai dit une clôture, moi, je pense à une petite clôture qu'on a dans les écoles, ça n'a rien à voir avec ce que certains voudraient bien que ça aille à voir", s'est-il défendu.


M. Lisée a assuré ne pas vouloir ériger un "signe d'exclusion". "Il faudra trouver une façon, la plus banale possible, pour ne pas envoyer un signe d'exclusion, pour donner un signe d'information pour dire ce n'est plus l'endroit où il faut entrer", a-t-il affirmé.


Le ministre de l'Immigration, David Heurtel, a rapidement dénoncé la déclaration du chef péquiste, la qualifiant de "fâcheuse". "C'est une solution simpliste qui ne s'applique pas", a-t-il tranché.


Près de 7000 entrées irrégulières depuis le 1er janvier


Par ailleurs, M. Heurtel a annoncé lors de l'étude des crédits de son ministère que depuis le 1er janvier 2018, 6797 demandeurs d'asile ont traversé la frontière canado-américaine par le chemin Roxham.


C'est trois fois plus que l'an dernier, alors qu'un peu plus de 2000 migrants irréguliers franchissaient la frontière durant cette même période.


L'accueil des migrants a nécessité des dépenses d'environ 146 millions $ l'an dernier. Si le gouvernement Couillard a déjà envoyé la facture à Ottawa, il est toujours incapable aujourd'hui de la ventiler par secteurs, comme cela lui a été demandé.


Questionné à ce sujet par la députée péquiste Catherine Fournier, le ministre Heurtel a affirmé ne pas connaître les coûts que représente l'arrivée de migrants irréguliers pour les réseaux de la santé et de l'éducation, entre autres, car l'année financière vient de se terminer le 31 mars dernier. "Nous n'avons pas encore tous les totaux", a-t-il indiqué.


Autre information manquante dans ce dossier: Ottawa n'a toujours pas dévoilé le très attendu plan de triage des migrants. "Est-ce qu'il y a une date spécifique? (...) Moi je n'en ai pas eu", a déclaré M. Heurtel.


Finalement, en réponse à une question de la députée Nathalie Roy, de la Coalition avenir Québec (CAQ), le ministre a assuré qu'aucun immigrant économique n'est actuellement bloqué par l'arrivée de nombreux migrants irréguliers.


L'attente pour le traitement des dossiers des immigrants économiques est même passée de 36 à 32 mois pendant la crise des migrants, a fait savoir le ministre.