Nouvelle charte de la langue française

Des mesures homéopathiques inefficaces

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La nouvelle Charte de la langue française (projet de loi n° 14)

Le recensement de 2011 est venu confirmer l’anglicisation de Montréal débuté pendant la période 2001-2006. Depuis 20 ans, l’absence d’une politique linguistique sérieuse, l’affaiblissement de la loi 101 à la suite des différents jugements de la Cour suprême, les études bidon sur l’évolution linguistique au Québec et l’absence d’un renforcement de la Charte de la langue française ont mené au déclin du français des dix dernières années. Pour y remédier, le Québec a besoin d’une politique linguistique globale qui contienne des mesures structurantes. Nous sommes loin du compte avec l’actuel dépôt du projet de loi no 14, dont les mesures homéopathiques sont d’ores et déjà condamnées à l’inefficacité. Pour changer l’ordre des choses, il faut du courage politique, un courage qui ne prend pas prétexte d’un gouvernement minoritaire pour se défiler.

Oui au bilinguisme et au trilinguisme individuel!
Une bonne partie de la jeunesse québécoise désire faire partie intégrante d’un monde sans frontières où non seulement la connaissance de l’anglais est un atout, mais aussi celle d’autres langues, comme l’espagnol, le mandarin, l’arabe et le russe. Plusieurs sont aussi conscients de l’anglicisation actuelle et savent que c’est par l’apprentissage de son métier dans la langue de Molière dans des établissements postsecondaires francophones que l’on peut franciser en amont le monde du travail. Pour ces raisons, les membres du PQ ont adopté au Congrès de 2011 une proposition qui étendait l’application de la Charte de la langue française au collégial tout en bonifiant l’offre de cours de langues au collégial. L’idée étant que ceux qui veulent perfectionner leur apprentissage de l’anglais soient en mesure de le faire dans les établissements francophones. De même, pour ceux qui parlent déjà bien l’anglais, il y aurait la possibilité d’aller apprendre la troisième langue de leur choix dans un cégep qui en ferait sa spécialisation. Les établissements en région pourraient même y développer des niches et favoriser une certaine régionalisation de l’immigration (par exemple, cégep de Rimouski spécialisé en mandarin, cégep de Jonquière en russe, etc.).
La principale défaillance dans l’enseignement de l’anglais dans les établissements primaires et secondaires francophones vient du fait que les 1000 heures du cursus sont réparties sur 11 ans au lieu d’être concentrées sur trois ans. Il ne fallait pas ajouter 400 heures en sixième année au détriment des autres matières, mais simplement réorganiser les heures déjà allouées de façon à ce que l’enseignement soit extrêmement efficace.
Il faut donc mettre en place les conditions nécessaires afin que les élèves soient en mesure de développer leur apprentissage des langues dans les établissements francophones, et non qu’ils quittent ces derniers pour leurs pendants anglophones !

Non au bilinguisme institutionnel et au surfinancement des établissements historiques anglophones!
Une étude de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) indique que trois ordres de gouvernement soutiennent plus de 130 000 emplois anglophones dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des administrations publiques pour une masse salariale dépassant 6 milliards de dollars. Le nombre d’emplois publics anglophones en excédent du poids démographique des Anglo-Québécois s’élève à environ 50 000, ce qui équivaut à des revenus annuels excédant 2,2 milliards de dollars pour les travailleurs de ces établissements. Si le nombre d’emplois dans la fonction publique reflétait le poids démographique des communautés anglophone et francophone, il y aurait non seulement 50 000 emplois de plus en français, mais il y aurait aussi 50 000 emplois de moins en anglais, ce qui représenterait un différentiel de 100 000 emplois. Enfin, une grande majorité des emplois indirects liés aux établissements anglophones seraient francisés avec le transfert des emplois excédents vers les établissements francophones.
La langue de travail dans l’éducation
Les 50 000 emplois anglophones en éducation représentent 17 % des 285 000 emplois totaux du secteur et 2 milliards de dollars en salaires (17 %), alors que les anglophones ne représentent que 8,3 % de la population québécoise. Fait remarquable, 52 % de ces emplois sont occupés par des francophones et des allophones. Seules l’application de la Charte de la langue française au collégial et la diminution du surfinancement des universités anglophones peuvent ramener l’équilibre. Au primaire et au secondaire, les élèves du secteur anglophone représentent 11 % du total québécois, ce qui est comparable au poids démographique des anglophones (8,3 %). Par contre, au collégial et à l’université, les établissements anglophones ont respectivement 17 % et 25 % des effectifs. Qui plus est, les universités anglophones reçoivent près de 30 % de tout le financement universitaire, laissant les 70 % restants aux établissements francophones. Pour comprendre ce que ces données signifient, il faut imaginer de quoi aurait l’air le système universitaire si le français y occupait une place similaire à celle qu’il occupe au niveau primaire et secondaire (à savoir 89 %). On compterait alors 37 000 étudiants de plus dans l’enseignement français, 1700 professeurs supplémentaires et un budget d’un milliard de dollars supplémentaire pour les universités francophones.

La langue de la santé
Les 54 000 emplois anglophones en éducation représentent 12 % des 450 000 emplois totaux du secteur et 2,3 milliards de dollars en salaires (12 %), alors que les anglophones ne représentent que 8,3 % de la population québécoise. Fait remarquable, 59 % de ces emplois sont occupés par des francophones et des allophones. Le fait que McGill forme 25 % des médecins et le fait que les universités anglophones reçoivent 22 % des fonds de recherche nous montrent tout le poids que peut avoir le gouvernement québécois dans l’anglicisation du monde du travail. Le gouvernement du Québec investit littéralement dans l’anglicisation des établissements et dans les emplois les plus prestigieux et payants.

La langue des ressources naturelles
Du pétrole et du gaz seront exploités dans l’Est québécois à moyen ou long terme. Sans une société d’État des hydrocarbures comme Hydro-Québec, les compagnies pétrolières demanderont toutes sortes d’exceptions pour ne pas se plier à la loi 101. Par contre, en devenant une propriété du gouvernement québécois, Pétro-Québec devra obligatoirement fonctionner en français. Cette nationalisation augmente les chances que toute une expertise de l’exploitation des hydrocarbures soit développée dans les universités francophones, comme l’UQAR ou l’Université Laval, au lieu que ce le soit par McGill.
En somme, au Québec, il faut établir une vision décomplexée et structurante de l’évolution linguistique du français. Il faut cesser d’opposer les purs et durs aux impurs et mous. Rappelons quelques vérités simples. Tous les individus sont totalement libres de parler leur langue maternelle, la langue d’usage privé
Il est souhaitable de parler plus d’une langue, mais impératif d’en maîtriser au moins une. La langue commune est officiellement et uniquement le français au Québec. Les droits linguistiques de la minorité anglophone historique sont intouchables. Les francophones et les allophones peuvent s’imposer les contraintes qu’ils jugent nécessaires pour vivre dans leur langue, telle que l’application de la loi 101 aux cégeps. Les anglophones doivent accroître leur francisation et l’Université McGill pourrait, par exemple, ouvrir une faculté française de médecine en Outaouais. Il s’agit d’ouvrir un gigantesque chantier de persuasion mutuelle dont seraient exclus tous les extrémistes et tous les lâches. Seules doivent primer la cohésion sociale et l’écologie de la diversité.


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