En ce mois de mars 2008, au moment où: - partout dans le monde, les célébrations de la Francophonie attestaient de l'adhésion grandissante des populations à un mouvement qui a su gagner de nouveaux espaces, conquérir la confiance et l'engouement de l'opinion populaire pour la langue française et les valeurs de solidarité, de dialogue et de respect qu'elle véhicule (près de 900 activités liées à la Francophonie organisées de par le monde en mars);
- au siège des Nations unies, Ban Ki-moon, recevant le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, saluait l'action de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) aux côtés des Nations unies, souhaitait le renforcement du rôle de l'OIF en faveur de la mobilisation des contingents francophones dans les opérations de maintien de la paix des Nations unies et sollicitait son engagement dans d'autres domaines comme le réchauffement climatique, attestant ainsi de la stature et de la crédibilité que s'est forgées l'OIF au sein de la communauté internationale;
- l'OIF continuait à construire sa nouvelle structure -- une réforme institutionnelle depuis 2004, administrative et financière depuis 2006 -- et s'apprêtait à rendre compte des étapes franchies au Conseil permanent de la Francophonie prévu le 7 avril;
Le Devoir a récemment mis en exergue un certain nombre de difficultés rencontrées par l'organisation dans le cadre de sa démarche de modernisation. Démarche, soulignons-le, qui ne nous est pas exclusive mais qui est partagée par de nombreuses autres structures qui cherchent à changer pour s'améliorer.
Renforcer les règles
Qu'a-t-on pu lire dans les colonnes du Devoir du 29 mars? Des informations puisées dans un rapport public, qui date déjà de cinq mois et qui relève du contrôle de l'OIF, preuve, s'il en est, que notre organisation dispose de mécanismes conséquents qui circonscrivent les erreurs qui peuvent survenir et permettent les ajustements nécessaires.
Que dit ce rapport qui a été communiqué aux ministres réunis à Vientiane en novembre dernier? Il confirme que l'organisation doit renforcer ses règles et ses procédures.
C'est précisément l'objectif que le secrétaire général Abdou Diouf a fixé à l'administrateur, à qui il a délégué la gestion administrative et financière de l'organisation. La réforme de l'OIF engagée sous l'impulsion de son secrétaire général depuis 2004, avec l'adoption du Cadre stratégique décennal et de la nouvelle Charte d'Antananarivo, se poursuit avec l'application rigoureuse d'un nouveau règlement financier adopté par la CMF en novembre 2005.
Comment réformer de manière efficace et durable, sans procéder à un examen critique? Mais faut-il pour autant que cet exercice se retourne contre ceux-là mêmes qui l'ont amorcé, à savoir le secrétaire général de la Francophonie et son administrateur?
Modernisation nécessaire
L'impatience des observateurs concernés et des acteurs mobilisés dans la modernisation de la Francophonie internationale et l'intérêt qu'ils y portent montrent que la voix de notre organisation est aujourd'hui plus que jamais nécessaire et attendue: parce que la mondialisation appelle des références éthiques et le recours au dialogue, bases du mouvement francophone; parce que le respect de la diversité des cultures que notre organisation a fortement contribué à construire s'est avéré un des facteurs essentiels pour préserver la paix dans le monde; parce qu'au-delà de la défense de notre langue commune, notre objectif global est de lutter contre l'extrême pauvreté et d'améliorer le quotidien de nos populations; parce qu'enfin, la Francophonie a montré que tout au long de ses 38 ans d'existence, elle a su se construire par étapes, jusqu'à devenir aujourd'hui un acteur reconnu de la vie internationale au service du développement.
Il ne faut pas se le cacher: la modernisation de notre organisation n'est pas facile. Les chantiers sont multiples, mais ils ont commencé à porter leurs fruits. L'effort consenti, vu la taille de l'OIF, les moyens modestes dont elle dispose (moyens qui stagnent depuis 1996 alors que 20 nouveaux États y ont adhéré au cours des dix dernières années) et les missions considérablement élargies qu'on lui a fixées, est remarquable. Avec le soutien indéfectible du secrétaire général et grâce à la mobilisation des équipes, toutes les énergies sont mobilisées vers un objectif: réussir la réforme tant sur le plan institutionnel que sur celui de la gestion ainsi qu'en ce qui a trait au contenu de nos actions de solidarité.
Rayonnement du français
Le souhait exprimé à maintes reprises par le secrétaire général de faire de la prochaine rencontre des chefs d'État et de gouvernement qui se tiendra à Québec un sommet du renouveau de la Francophonie montre sa vive détermination à mener à terme le chantier entamé. C'est pour moi un honneur et un défi, en tant qu'ancien haut fonctionnaire québécois, d'avoir été appelé par Abdou Diouf et qu'il m'ait confié la responsabilité de l'administration. Son intégrité, sa probité sont incontestables.
Serviteur de l'État, premier ministre, président de la République du Sénégal, il a décidé de mettre son charisme et sa vaste expérience au service de notre organisation, au service de la paix, au service d'une cause chère aux francophones du monde entier: le rayonnement de la langue française. La réussite de sa mission se mesurera à ma capacité à concrétiser ses ambitions.
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Clément Duhaime, Administrateur de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF)
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