Nous publions ici le texte de l'intervention de l'Administrateur de l'Organisation internationale de la Francophonie dans le cadre du déjeuner-débat organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) le 11 octobre.
Je le dis clairement: avec un budget annuel d'environ 300 millions de dollars, la Francophonie n'a pas les moyens de ses ambitions! L'on s'expose au saupoudrage et à l'éparpillement qui nous sont reprochés, parfois à raison. Et l'on s'expose également à ne contenter personne quand l'on entreprend de contenter tout le monde!
L'exemple de TV5 est, à cet égard, très révélateur. Nous avons là une chaîne qui s'est hissée à la deuxième place des réseaux de télévision mondiale, une chaîne qui est diffusée dans 202 pays, une chaîne qui dessert 165 millions de foyers, une chaîne qui constitue notre meilleur ambassadeur à travers le monde et le plus efficace de nos vecteurs pour faire rayonner la création, la culture, la pensée francophones. Malgré l'importance et la multiplicité de ces missions, TV5 ne peut compter que sur un budget annuel de l'ordre de 135 millions de dollars.
Par ailleurs, je le dis également avec force, il n'est pas sain pour l'organisation qu'un seul pays finance majoritairement le budget de la Francophonie. C'est le sens de mes appels répétés à un rééquilibrage des sources de nos financements.
Je voudrais vous faire une confidence. " J'ai fait un rêve ", disait Martin Luther King. Eh bien, je dois vous dire que le fidèle militant de la Francophonie que je suis fait, lui, régulièrement un mauvais rêve.
Je me lève, un matin, me retourne et ne vois plus, en guise de Francophonie, que de vieux " francocrates " affairés à préparer des conférences intergouvernementales et à monter, sur le papier, des projets sans lendemain...
C'est vrai que nous vivons une période d'insécurité et d'inquiétude, de dérision et de scepticisme.
Heureusement, cette peur de voir la Francophonie se couper des forces vives, des forces agissantes que constituent les peuples qui l'habitent, du monde associatif qui lui donne vitalité, cède très vite la place à l'espoir, et cet espoir, c'est dans la jeunesse qu'il réside!
La Francophonie sera ce que la jeunesse en fera! Cette jeunesse qui compte pour plus de la moitié de la population dans bon nombre de nos pays membres.
Comment faire pour que les jeunes générations s'approprient pleinement le projet francophone, pour qu'elles reprennent le flambeau, pour qu'elles entraînent la Francophonie dans leur futur?
La réponse n'est pas simple. Mais je crois qu'il faut, avant toute chose, donner, dès maintenant, toute leur place aux jeunes au sein de la Francophonie.
C'est tout le sens du projet des " jeunes volontaires francophones " que nous espérons voir très prochainement aboutir, et qui marquera la première étape d'une politique- je l'espère- ambitieuse à l'égard de la jeunesse (Portail jeunesse, Conseils nationaux de la jeunesse, Parlement des jeunes, Bourses de l'AUF,...).
Je conclurai, en reprenant, une dernière fois, la maxime qui a scandé mon propos d'aujourd'hui: " penser, savoir, rêver ", car il ne suffit pas de savoir et de penser, il est indispensable, aussi, de rêver. Et je voudrais, en terminant vous inviter, à rêver, avec moi, de l'avenir de la Francophonie.
La Francophonie, vous l'aurez compris, est en chantier. La Francophonie n'est pas ringarde. Ceux qui le pensent regardent dans leur rétroviseur et n'ont pas compris que c'est un monde nouveau qu'elle contribue à construire.
La Francophonie, un chantier
Il faut, avant toute chose, donner dès maintenant toute leur place aux jeunes au sein de la Francophonie.
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