Donald et Marine à Disney

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«S’ouvrir ne veut pas dire sacrifier ce qui est important, la culture, la langue, les institutions. L’identité.»






Ce que je préfère à Disney World, c’est Main Street USA, cette partie du parc qui accueille le visiteur, une ode au passé, quand l’Amérique était great.




Une réplique-fantasme de la vie dans une petite ville, inspirée de Marceline au Missouri où Walt Disney a grandi au tournant du 20e siècle. Tout le monde est heureux et a de belles dents. Tout est propret et pastel. Dans cet univers, on suppose que tout le monde est blanc et de classe moyenne.




Il ne pourrait y avoir de criminalité: on sent que les autorités ont les choses bien en main.




C’est le triomphe de la famille nucléaire. Les enfants mangent de la barbe à papa pendant que papa écoute un discours d’Abraham Lincoln (les dates sont assez floues, merci) et que maman magasine à l’Emporium où elle s’est rendue en tramway tiré par des chevaux.




Tiens, voilà la fanfare qui s’amène.




La nostalgie y est cultivée avec un souci maniaque: à Noël, Disney libère une fausse odeur de pain d’épice sur Main Street USA.




Le passé, c’est vendeur.




Disney a même créé une véritable ville appelée Celebration, en banlieue du parc d’attractions où les gens vivent dans un environnement hyper contrôlé – par exemple, toutes les clôtures doivent être blanches et en bois – qui recrée la perfection d’un passé mythique.




Politique et nostalgie




Les plans économiques de Marine Le Pen et de Donald Trump me font penser aux efforts de Disney pour ramener un passé aussi parfait qu’impossible à faire renaître dans le monde réel.




Désolée, mais naguère-jadis, quand le commerce se résumait à fournir aux populations locales les biens nécessaires à la vie quotidienne, quand le stéthoscope passait pour une technologie de pointe, quand les classes sociales étaient aussi définies qu’immuables, quand les gens ne voyageaient pas plus loin que le village d’à côté, est terminé. Fiou.




Les charmants téléphones à manivelle qui empêcheraient les adolescents d’envoyer des sextos ne reviendront pas plus que les hauts fourneaux du Midwest ou les houillères de Lorraine. Migrants et immigrants ne disparaîtront pas d’un coup de baguette magique et personne ne remettra le dentifrice de marque Mondialisation dans le tube.




Encore les boomers




Fermer les frontières, interdire l’immigration, ramener le par-cœur à l’école sont des fantasmes de baby-boomers qui n’ont pas encore compris que le monde de demain ne leur appartient pas.




À moins de se couper du monde, laissant l’Asie, et bientôt l’Afrique profiter de notre couardise, nous n’avons d’autre choix que d’accepter le réel, de travailler à l’échelle planétaire à le rendre meilleur et à en tirer parti, tout en protégeant l’humain de ses excès. S’ouvrir ne veut pas dire sacrifier ce qui est important, la culture, la langue, les institutions. L’identité.




Quand Trump veut faire renaître l’industrie du charbon, il rêve d’hier.




Le monde auquel nous aspirons ne demande qu’à être construit. Mais pas à Disney World.



 




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