Dons aux partis politiques : le PQ mène la danse

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Le PQ en avance pour le financement

À quelques jours du lancement de la campagne électorale, le Parti québécois (PQ) flirte avec le million de dollars de dons récoltés en 2018. Loin devant le Parti libéral du Québec (PLQ) et la Coalition Avenir Québec (CAQ), qui connaissent des dynamiques opposées. Québec solidaire (QS) ne cesse quant à lui de progresser.


Bien que les sondages ne désignent pas Jean-François Lisée comme le favori du scrutin prévu le 1er octobre, le chef du PQ est en tête, largement, des contributions individuelles reçues cette année.


Au 10 août, selon les données constatées par Radio-Canada, le PQ a récolté près de 924 000 $, provenant de plus de 10 000 donateurs. Ce chiffre est déjà supérieur au total reçu l’an passé (838 000 $), mais demeure inférieur, pour le moment, à 2014, lorsque Pauline Marois tentait de conserver le pouvoir.


Alors que le PQ avait récolté plus de 1,4 million de dollars il y a quatre ans, le parti minimise cette différence dans les dons reçus.


« L'année n'est pas terminée », avance Yanick Grégoire, porte-parole du PQ, ajoutant que « les résultats sont très encourageants ».


« C’est pendant la campagne électorale que de nombreux électeurs sont sensibilisés aux propositions des partis politiques et qu’ils choisissent de faire un don pour en appuyer un parti politique », fait-il savoir.


Cette différence de dons pourrait pourtant être révélatrice d’une baisse d’intérêt auprès de l’électorat péquiste, mais surtout d’une attractivité limitée chez les jeunes, selon l’experte Danielle Pilette.


« Le PQ a une base militante fidèle, mais le renouvellement est difficile chez les plus jeunes », juge cette professeure de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).


Notre dossier sur les élections provinciales 2018 au Québec


Des revenus liés aux adhésions en forte baisse


Le PQ souffre d’une forte baisse en ce qui concerne les revenus liés à l’adhésion au parti, selon les derniers états financiers des formations politiques.


Les sommes récoltées en vendant des cartes de membres ont atteint 224 000 $ l’an passé, par rapport à 402 000 $, un an plus tôt.


Mettant en avant les deux dernières courses à la chefferie (2015 et 2016) qui ont favorisé les adhésions, le PQ ne s'alarme pas.


« Comme nous avons eu une telle course récemment, les revenus d’adhésion sont plutôt remarqués à ce moment », soutient Yanick Grégoire, tout en mentionnant que « les gens prennent souvent des cartes pour trois années ».


En 2017, le PQ revendiquait 100 000 membres et assurait qu’un rajeunissement de l’organisation était en cours. Désormais, le parti met en avant le chiffre « stable » de 80 000 membres.


Des dons limités


Habituellement limités à 100 $ à chacun des partis politiques, les dons individuels peuvent grimper jusqu’à 200 $ en année électorale. Cette limite a été instaurée en 2013. Auparavant, le plafond des contributions était fixé à 1000 $ annuellement.


La CAQ grimpe


Année après année, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault reçoit de plus en plus de dons. Ce chiffre a plus que triplé depuis 2015.


Depuis janvier, la CAQ, en tête des sondages, a récolté plus de 460 000 $, provenant de près de 3500 donateurs.





Cependant, la base militante s’avère nettement moins importante que celles des trois autres partis traditionnels.


Alors que la CAQ mentionnait en 2017 la présence de 11 500 membres, les revenus d’adhésion ont atteint 48 200 $ l’an passé, en hausse néanmoins de moitié par rapport à 2016 (30 300 $).


Le Parti libéral chute


En huit mois, le Parti libéral du Québec (PLQ) a amassé 618 000 $. Un chiffre inférieur aux deux dernières années (769 000 $ en 2017, 896 000 $ en 2016), alors qu’aucun scrutin n’était prévu.


Ces données s’ajoutent à la baisse constante des revenus d’adhésion :



  • 132 320 $ en 2017

  • 134 250 $ en 2016

  • 185 395 $ en 2015

  • 222 575 $ en 2014

  • 257 680 $ en 2013


Un rapport alarmiste, produit à la fin de 2016 par l’ex-président de la commission politique, Jérôme Turcotte, avait déjà évoqué une perte de 15 000 adhérents entre 2014 et 2015. L’année passée, le PLQ comptait environ 30 000 membres.


« Ce n'est pas étonnant qu'un parti au pouvoir reçoive moins de dons, reprend la professeure Danielle Pilette. Le pouvoir fait perdre du militantisme, les gens pensent que le parti a maintenant d'autres appuis. »


Des dons qui rapportent


En fonction de ces dons individuels, le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) verse des revenus d’appariement aux partis. Cette somme est calculée en fonction du total des contributions reçues et est plafonnée, pour 2018, à 500 000 $ (dès qu’un parti reçoit 440 000 $ de dons). Le PQ, le PLQ et la CAQ ont déjà atteint ce montant.


L'effet Nadeau-Dubois


Du côté de Québec Solidaire (QS), les revenus d’adhésion ont triplé en l’espace d’un an, passant de 50 000 $ à 166 000 $ entre 2016 et 2017, année de l’arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois à l’Assemblée nationale.


« On est dans un momentum au niveau de la mobilisation, assure Gabriel Nadeau-Dubois. On va avoir plus de dons, plus de financement que jamais. QS est dans une excellente santé financière et la mobilisation est sans précédent. »


Désormais, le parti dit compter sur 20 000 membres [la carte de membre coûte 5 $, mais chacun est libre de verser une somme plus importante], un chiffre qui aurait doublé par rapport à la dernière élection, souligne la direction de QS.


Entre 2016 et 2017, les dons ont quant à eux grimpé de 24 %, passant de 253 000 $ à 314 000 $. La progression se poursuit en 2018, puisque QS a déjà récolté plus de 386 000 $.