Sauf exception, la politique ne devrait pas offrir de carrières à vie. S'il est un domaine, en effet, où le renouvellement des idées et le roulement de ceux et celles qui les défendent doivent être continuels, c'est bien celui-là.
La politique a une fâcheuse tendance à toujours traîner dix pas derrière les réalités sociales, l'économie, la technologie. Comme les militaires, réputés être perpétuellement en retard d'une guerre. Et il est constatable que les éclairages neufs jetés sur la chose publique proviennent rarement des vieilles bêtes politiques - vieilles, non pas par l'âge, mais par la durée de leur immersion en tant qu'élus ou compagnons de route dans la marmite partisane.
Ce qui nous mène à deux candidatures annoncées: celles de Léo Bureau-Blouin et de Djemila Benhabib, qui porteront les couleurs du Parti québécois dans Laval-des-Rapides et Trois-Rivières, respectivement.
Il et elle ne pouvaient pas mieux tomber.
***
On a tout de suite dit de Bureau-Blouin qu'il est trop jeune, n'a pas terminé ses études, n'a pas d'expérience; ou, entendu à sa gauche, qu'il trahit la cause qu'il a portée et qui l'a porté. On a dit de Benhabib que son militantisme et ses écrits teintent sa candidature de façon inopportune (sans parler de commentaires à saveur xénophobe auxquels nous ne nous attarderons pas une seconde de plus).
Or, dans les deux cas, il s'agit précisément des raisons pour lesquelles leur descente dans l'arène électorale est si heureuse.
Le premier a 20 ans, n'a pas de diplôme universitaire, est neuf en politique - pas tant que ça, d'ailleurs: coincé entre la CLASSE et l'État, Léo Bureau-Blouin a certainement appris une chose ou deux sur les jeux de pouvoir! Cela étant, doit-on pleurer sur le fait qu'un jeune leader résiste à la tentation de la bouffonnerie idéologique et participe à la démocratie parlementaire? Trouve-t-on normal qu'il n'y ait aucun - aucun! - député de cette tranche d'âge à l'Assemblée nationale? Faut-il un parchemin timbré accroché au mur pour être intelligent et travailler avec sérieux?
La candidature de l'auteure de Ma vie à contre-Coran et Les soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident relève d'une semblable nécessité. Sans même parler de l'obligation morale de combattre l'horreur mondialisée de l'islamisme, il existe ici un problème majeur non résolu. Celui de place de la religion dans l'espace public et des concessions à faire, ou pas, aux divers théismes qui s'attaquent aux valeurs fondamentales de notre civilisation. Le lobby de la laïcité et de la raison est chétif au Québec, enseveli sous le poids des institutions et de la bonne conscience bourgeoise. Bref, Djemila Benhabib a sa place.
Reste à savoir si tous deux, Benhabib et Bureau-Blouin, seront broyés par la ronflante et capricieuse machine du Parti québécois. Ce sera un défi considérable.
Et, sans vouloir casser le party, ce n'est pas du tout cuit.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé