Le retrait de la candidature de Benoit Labonté et sa démission du parti Vision Montréal bouleversent la campagne électorale à Montréal, ramenant sur le devant de la scène les questions d'éthique politique. Par l'absurde, cela vient démontrer le besoin d'une profonde réforme des moeurs électorales dans la métropole québécoise.
Benoit Labonté n'a jamais fait mystère de ses ambitions. Il ne cachait pas être venu en politique municipale avec la volonté de devenir maire de Montréal, objectif qui l'a amené à prendre des raccourcis. Voyant que le maire Gérald Tremblay ne lui laisserait pas sa place au terme de son deuxième mandat, il le quitta pour devenir quelques mois plus tard chef du parti Vision Montréal qui se cherchait un sauveur. Trop sûr de lui, il fit l'erreur de demander à des entrepreneurs de financer sa campagne au leadership de ce parti. Erreur qui est venue le hanter au pire moment pour lui et son parti dont il avait dû entre-temps céder la direction à Louise Harel.
Ce qu'a fait Benoit Labonté n'est en rien illégal puisque la loi sur le financement des partis politiques n'interdit pas les contributions d'entreprises lors de courses au leadership, ni ne limite leur valeur. Néanmoins, il n'y a pas geste politiquement plus inacceptable et, sur le plan personnel, plus stupide. Accepter de tels dons lie les mains de celui qui les reçoit, le rendant redevable à ces «amis» qui, le jour venu, voudront recevoir les dividendes de leurs «investissements».
L'ancien chef de Vision Montréal aurait dû être conscient des risques inhérents à sa quête de fonds privés. Au moment où il passait le chapeau, on était en plein coeur de la crise éthique provoquée par le scandale des compteurs à l'Hôtel de Ville. Lui-même ne se gênait pas pour dénoncer les fréquentations de l'ancien président du comité exécutif, Frank Zampino, avec l'entrepreneur Tony Accurso dont l'entreprise Simard-Beaudry est l'un des deux membres du consortium Génieau qui venait d'obtenir le contrat des compteurs d'eau. Que des entrepreneurs aient répondu positivement aux requêtes financières de Benoit Labonté, comme s'ils n'avaient pas entendu ce qui se passait à l'Hôtel de Ville, en dit long sur leur propre morale.
Cette affaire constitue une démonstration éloquente de la nécessité de réglementer le financement des campagnes au leadership autant pour les partis municipaux que pour les partis nationaux. De la nécessité aussi de resserrer les règles pour le financement des campagnes électorales, tel le dévoilement obligatoire immédiat des contributeurs aux partis, comme les trois partis en lice à Montréal ont entrepris de le faire sur une base volontaire. Le premier ministre Jean Charest a renvoyé cette proposition au directeur général des élections.
Les révélations à propos des contributions reçues par Benoit Labonté viennent renforcer la perception d'une malversation généralisée de la politique municipale. Il ne faut pas généraliser à outrance, mais il y a, c'est certain, de la pourriture dans le royaume montréalais. Ne croyons pas que le ménage qui s'impose pourra être fait par la seule volonté des trois candidats à la mairie qui hier, en débat à Radio-Canada, promettaient tous de laver plus blanc que leurs adversaires. La tenue d'une commission d'enquête sur l'octroi des contrats publics dans le secteur de la construction, réclamée ici à répétition, pourra seule aller au fond des choses.
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