La première ministre Pauline Marois le répète à qui mieux mieux : les excédents d’électricité prévus pour les prochaines années « ne sont pas un problème, mais un avantage pour le Québec ». Bien sûr ! Pour autant que les bénéfices qu’on en retire soient supérieurs aux coûts pour les contribuables. Ce qui reste à prouver.
La Commission parlementaire tenue cette semaine au sujet de la fermeture de Gentilly-2 a permis de comprendre que ce sont les coûts et non les risques pour la sécurité qui ont justifié que l’on jette l’éponge. À cause de la chute du prix du gaz naturel, l’électricité produite à Gentilly aurait été vendue à perte sur le marché de l’exportation.
Soit ! Mais si on ferme Gentilly pour une question de rentabilité, comment expliquer qu’on signe encore des contrats d’achat à long terme avec des municipalités et des producteurs privés qui projettent de construire de petites centrales sur les rivières du Québec ? Ou avec des compagnies de papier qui s’alimentent à 4 ¢ le kWh auprès d’Hydro-Québec tout en lui vendant pour 10 ¢ leur propre énergie de cogénération ? Même les producteurs d’énergie éolienne sentent la soupe chaude et craignent, avec raison, que le gouvernement reporte l’appel d’offres pour un nouveau bloc de puissance à plus de 11 ¢ le kWh promis par le gouvernement Charest.
Dans son Plan stratégique 2007-2013, Hydro-Québec prévoit le début des travaux de construction des phases 3 et 4 du projet de la Romaine pour 2015. Là encore, le coût marginal de production sera supérieur au prix courant. Rappelons que si Hydro a entrepris ce grand projet controversé en 2009, c’est que M. Charest voulait vendre cette électricité avec profit aux Américains. Ce qui ne sera pas le cas puisqu’Hydro n’obtient plus que 4 ¢ du kWh pour de l’électricité qui lui coûte plus du double à produire.
Et que dire de la commande de 3500 MW contenue dans le Plan Nord ?
Hydro-Québec a toujours été une source de revenus fiables pour le gouvernement et un outil de développement important pour le Québec. Malheureusement, certaines décisions politiques sont le fait d’un lobby intense du milieu des affaires, des politiciens locaux et des firmes de génie qui confondent leurs propres intérêts et ceux du Québec.
De leur côté, les élus provinciaux ne se sont jamais gênés non plus pour utiliser le pouvoir à des fins partisanes, comme le rappelle l’annonce récente du projet de petite centrale sur le site patrimonial de Val-Jalbert.
On veut bien croire Mme Marois quand elle affirme que les surplus permettront au Québec d’électrifier les transports et d’attirer des entreprises. Mais de quel genre d’entreprises s’agit-il et qui paiera la facture des milliers de kilowattheures cédés à perte ?
Pour l’instant, les seuls projets dont on parle, ce sont les mines du Plan Nord et les centres de stockage de données informatiques, ces grands consommateurs d’énergie qui créent peu d’emplois.
Quant à la bonne idée d’électrifier les transports en commun, attendons de voir le plan avant d’applaudir. Le refus récent du CN d’électrifier les voies empruntées par les trains de banlieue est un exemple des obstacles qui attendent le gouvernement.
D’ici là, la chose la plus certaine, c’est que le Québec se dirige vers des surplus vendus à perte qui exigeront des hausses de tarifs uniquement pour satisfaire les attentes du gouvernement. Avouons que cela n’a rien de réjouissant.
Choix énergétiques
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