Entretenir l’espoir

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Quand Michel David se fait lui-même le fossoyeur de l'espoir

Personne ne le dira ouvertement au congrès de la Convergence nationale, qui se tient en fin de semaine à l’Université du Québec à Montréal, mais le dernier sondage CROP tombe particulièrement bien pour ceux qui plaident en faveur d’une forme d’entente entre les partis souverainistes.
Avec 24 % des intentions de vote, qui le laissent 14 points derrière les libéraux de Philippe Couillard, le PQ fait à peine mieux qu’à sa première élection générale, en 1970 (23 %). Dans l’électorat francophone, les 29 % dont il est crédité le placent tout juste devant le PLQ (27 %) et la CAQ (26 %).
À tous égards, ces résultats sont désastreux. Si on en croit le simulateur du site Internet Too Close to Call, qui permet de projeter localement les chiffres nationaux, le PQ pourrait même perdre au profit de Québec solidaire des circonscriptions qu’on croyait aussi inexpugnables que Sainte-Marie -Saint-Jacques et Hochelaga-Maisonneuve.
Cette semaine, Jacques Parizeau a joint sa voix à celle de Bernard Landry, qui réclame depuis déjà un bon moment la conclusion d’un « pacte mathématique » sur le modèle catalan en vue des prochaines élections.
On peut comprendre que la première ministre Marois ne veuille pas se faire dicter sa conduite par ses prédécesseurs, mais elle doit se rendre compte du surréalisme de ses appels au sabordage de Québec solidaire et d’Option nationale, qui ont le vent dans les voiles, alors que son propre parti fait eau de toutes parts.
La réalité est qu’une majorité parlementaire est de plus en plus hors de portée du PQ, et cette situation pourrait bien prendre un caractère permanent si tant est que la notion de permanence ait un sens en politique. Pour l’avenir prévisible, il est totalement illusoire de croire que ceux qui ont quitté le PQ pour QS ou ON rentreront au bercail. Le PQ demeurera sans doute le plus important parti, mais l’ère du monopole semble bel et bien révolue.

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Si René Lévesque, Jacques Parizeau et Lucien Bouchard n’ont pas réussi à convaincre une majorité de Québécois d’opter pour la souveraineté, quelqu’un pense-t-il sérieusement que Pauline Marois y parviendra ?
La première ministre a certainement ses torts, mais il est clair que la conjoncture est lourdement défavorable au mouvement souverainiste. Il est presque pathétique d’entendre le ministre des Finances, Nicolas Marceau, répéter quotidiennement à l’Assemblée nationale que l’économie québécoise se porte à merveille, alors que même Jacques Parizeau reconnaît que le Québec est au neutre sur le plan du développement économique. À cet égard, l’avortement du projet de créer une nouvelle Banque de développement économique du Québec prend valeur de symbole.
Le coeur n’y est pas non plus. La morosité et le cynisme engendrés par les révélations de plus en plus déprimantes de la commission Charbonneau ne contribuent en rien à stimuler la confiance et l’estime de soi des Québécois, qui sont des ingrédients essentiels à la réussite du projet souverainiste. La facilité avec laquelle on arrive à les culpabiliser demeure toujours aussi désolante.
Certes, un gouvernement minoritaire est limité dans son action, mais l’incapacité de mobiliser l’opinion francophone autour du projet de loi 14 sur la langue, qui augure assez mal pour le débat à venir sur la « Charte des valeurs québécoises », malgré les qualités de tribun de Bernard Drainville, a également démontré les limites de l’appel à la fibre identitaire.

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À l’impossible nul n’est tenu, mais il faut au moins tenter de faire en sorte que le possible arrive. À défaut de réaliser leur projet, Mme Marois a au moins le devoir de donner aux souverainistes des raisons de croire en l’avenir, et il passe nécessairement par une forme d’alliance de leurs forces. Les dirigeants de QS et d’ON ont aussi leurs responsabilités, mais la chef du PQ demeure la prima inter pares et, à ce titre, elle devrait donner l’exemple.
Personne ne s’attend à ce que le congrès de la Convergence nationale accouche d’une entente en bonne et due forme, encore moins d’une fusion. « Les petits pas valent parfois mieux que les grands plans mur-à-mur », peut-on lire dans le document qui a été préparé à l’intention des participants. De toute manière, c’est la seule chose possible dans l’immédiat.
Une avance libérale de 14 points dans l’ensemble du Québec se traduirait par une avance accrue du libéral Gerry Sklavounos dans Laurier-Dorion si tous les partis en lice le 4 septembre dernier l’étaient à nouveau. Selon les projections du site Too Close to Call, les intentions de vote en faveur des trois partis souverainistes réunis totalisent toujours 10 points de plus que celles dont M. Sklavounos est crédité.
En fin de semaine, on proposera la mise sur pied d’un consortium d’organisations indépendantes des trois partis pour élaborer un projet d’élection primaire. Serait-ce trop demander à ces partis, en particulier au PQ, de ne pas tuer l’espoir dans l’oeuf ?


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