D'abord, parce que nous avons tous et toutes d'excellentes raisons de
croire qu'il y a quelque chose de systémique dans le détournement d'une
partie des fonds publics au profit d'amis du régime dans le secteur des
travaux publics, de l'ingénierie, de l'informatique, etc. Bien que personne
ne puisse le quantifier, cet écrémage contribue à plomber les finances
publiques et beaucoup de gens n'ont juste pas envie d'en payer la facture.
Mais surtout, parce que le pouvoir s'obstine aveuglément à ne pas faire
enquête et n'offre à la ferme volonté populaire qu'une dérisoire diversion
présidée par un ex juge de la Cour Suprême du Canada.
Bien sûr, dans un autre contexte, il serait politiquement pertinent et
intellectuellement stimulant de discuter des différents modes de nomination
des magistrats en vigueur ailleurs dans le monde et partant, de la
meilleure façon de garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire de
l'influence des bons papa collecteurs de fonds rêvant d'une toge rouge et
noire pour fiston. Sous l'ancien régime, en Europe, c'est au vu et au su de
tout le monde que l'intendant du roi ou le pape vendait les charges
publiques aux plus offrants!
Mais, il y a plus urgent, ce budget, à la fiscalité régressive par
exemple, dont on ne parle presque plus: l'affaire Bellemare achevant de
polluer la vie politique. Il y a beaucoup plus important: ces salariés du
secteur public qui tentent d'échapper à une offre monétaire dont la
première conséquence financière serait sans doute de contribuer davantage à
les appauvrir.
Est-il légitime de réclamer des élections lorsque plus de 75% de la
population estime avoir perdu confiance dans le gouvernement et refuse ce
système de santé à deux vitesses sans parler des obstacles supplémentaires à
l'éducation supérieure au moyen de cette hausse annoncée des frais de
scolarité? Bien sûr, sentant la soupe chaude, le premier ministre affirme
avoir entendu la population et proposera sans doute une forme de
progressivité dans la mise en oeuvre de sa taxe santé. Trop peu, trop
tard.
Et la liste s'allonge. Malaise linguistique à Montréal, même si à gauche
on ne parle jamais de ces choses-là, préférant par une étrange division du
travail la laisser au PQ... Incapacité de traduire sur le plan du droit,
les acquis les plus élémentaires de la laïcité. Honteuses pratiques
clientellaires dans notre réseau de garderies, étrange tripotage, sans
consultation, du calendrier scolaire. Et ainsi de suite déjà depuis sept
ans et encore pour peut-être trois ans...
Quel est l'axe unificateur qui fonde la cohérence de toutes ces pratiques
? La nature des liens entre le gouvernement, le PLQ et les élites
économiques et politiques dont il est issu dans un contexte où de larges
secteurs de la population tournent le dos à la classe politique. En quelque
sorte, cette conjoncture était déjà inscrite dans ce phénomène
d'absentéisme électoral dont bien peu d'observateurs ont su lire les
conséquences.
Alors, on fait quoi ?
Ce régime politique verrouille de l'intérieur la possibilité de se
débarrasser d'un gouvernement techniquement majoritaire en cours de mandat.
Il n'y a pas de procédure de rappel (recall) comme le prévoient plusieurs
constitutions, aux États-Unis par exemple. Ni de procédures de destitution.
Bien sûr, nous pouvons et devons utiliser notre droit de déposer des
pétitions à l'Assemblée Nationale et celui de manifester. Mais dans quel
but? Espérer que les faiseurs de rois du PLQ-Gesca nous débarrassent
rapidement de celui-ci et nous en fabriquent un autre? L'autre possibilité ?
Miser sur les forces vives de la société civile en multipliant les actes de
résistance, incluant la grève sociale et la désobéissance civile jusqu'à
l'obtention d'élections, seul moyen, actuellement, de confronter
l'illégitimité de ce pouvoir.
François Cyr
20-04-2010
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
Est-il légitime de réclamer des élections? Quand?
Miser sur les forces vives de la société civile
Tribune libre
François Cyr10 articles
Avocat, chargé de cours à l'UQAM, l'auteur est candidat de Québec Solidaire dans Marie-Victorin.
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4 commentaires
Jean-François-le-Québécois Répondre
21 avril 2010@ Christian Montmarquette:
Vous avez raison. Et s'il n'existe pas de procédure, qu'on légifère, de manière urgente, pour en créer une!
Archives de Vigile Répondre
20 avril 2010Monsieur Cyr
Je reviens à la charge. Moi, je pense et je me dis que nous avons présentement au Québec une chance inouïe, un "timing" parfait afin d'amener le peuple québécois à une grande prise de conscience politique et collective qui doit le mener à son indépendance. Si avec tout ce qui se passe actuellement du côté politique, nous ne réussissons pas à nous débarrasser de la pourriture qui nous administre présentement à Québec; nous allons continuer à végéter dans l'irresponsabilité et l'insignifiance pour un maudit bon bout de temps. Le moment est arrivé de faire la révolution au Québec rien de moins! Nous avons été trahis par notre classe politique (PQ y compris) qui n'en a que pour le néolibéralisme mondial; nous nous en apercevons de plus en plus à chaque jour. Juste à voir ou regarder ce que ce nouvel ordre mondial nous propose soit le multiculturalisme, les accommodements raisonnables qui ne sont que des moyens pour diviser notre cohésion nationale et pour mieux nous assimiler; il est clair qu'on veut nous casser. Je lance un appel à tous les Québécois qui ont à coeur l'avenir du Québec de régler le cas de Charest une fois pour toute par tous les moyens possibles à notre disposition. Cessons de tergiverser, passons à l'action! Vive la révolution!
André Gignac le 20 avril 2010
Archives de Vigile Répondre
20 avril 2010Monsieur Cyr
La dernière phrase de votre texte est la seule solution pour l'obtention de nouvelles élections soit des manifestations dans la rue, de la désobéissance civile et j'ajoute une grève générale de 24 heures, rien de moins. Réveillons-nous tab.....! Ça n'a plus aucun sens! Ce système électoral est complètement désuet et dépassé. Si rien n'est fait pour le modifier, les gens iront de moins en moins voter et ça profitera évidemment à la classe dominante, les biens nantis d'Outremont et de Westmount. Ça prend sans faute un mode de scrutin proportionnel et l'obligation après deux ans de gouvernance de mettre le gouvernement dehors s'il a dévié de son programme politique ou s'il est devenu un gouvernement qui travaille contre les intérêts de la population qui l'a élu.Il y a une limite à rire de nous et de nous prendre pour des enfants.
André Gignac le 20 avril 2010
Christian Montmarquette Répondre
20 avril 2010Il n'y a pas de précédures de destitution, mais il y a le «pouvoir du peuple» et l'action politique.
Je ne vous contredis pas, je parle à mes concitoyens-nnes.
Ce n'est pas pas parce qu'il n'y a pas de «procédures» qu'il n'est pas juste te légitime de destituer un gouvernement lorsqu'on a l'intime conviction que c'est la chose à faire et qui plus est avec 75% de taux d'insatisfaction.
En fait, les lois ne sont-elles pas elles-même d'abord issues des injustices ?
Nous«DEVONS» apprendre dans l'action à développer cette culture politique et cette responsabilisation citoyenne et à transformer notre régime politique.
Un taux très élevé d'insatisfaction légitimise les actions de destitution et respecte les principes fondamentaux de la démocratie.
«Destitution du gouvernement Charest» :
«Les organisations politiques, syndicales et populaires doivent initier une mobilisation générale afin de destituer le gouvernement et provoquer de nouvelles élections.»
http://www.vigile.net/Les-organisations-populaires
80 % DES QUÉBÉCOIS RÉCLAMENT TOUJOURS LA TENUE D’UNE ENQUÊTE PUBLIQUE.
«SORTIE D’AMIR KHADIR DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE» :
UNE ACTION À CONSIDÉRER…
http://www.vigile.net/Une-sortie-d-Amir-Khadir
RÉACTION À L’ARTICLE D’ANTOINE ROBITAILLE - "DÉPENSES DE DÉPUTÉ, DÉPENSES PRIVÉES"
« La Révolution démocratique »
http://www.vigile.net/LaRevolution-democratique
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