Le gouvernement australien veut durcir la loi sur l'espionnage, sur fond de scandale lié à l'ingérence chinoise. La semaine passée, un dirigeant politique a dû démissionner après avoir prévenu un homme d'affaires chinois qu'il était sur écoute.
George Brandis, le ministre australien de la Justice, a jugé ce 4 décembre que l'«ingérence étrangère» dans les affaires politiques de son pays représentait un «grave problème», en annonçant le durcissement de la loi sur l'espionnage et les dons venant de l'étranger. L'ingérence présumée de la Chine, au cœur de nombreux débats en Australie, était au centre de cette déclaration, quoi que jamais citée nommément.
«Le problème de l'ingérence étrangère dans nos affaires politiques est un problème extrêmement grave», a déclaré George Brandis devant le Parlement. «Alors je peux annoncer au Sénat que dans le courant de la semaine, le gouvernement va lui présenter un projet législatif important pour réformer la loi sur l'espionnage et l'ingérence étrangère». Parmi les changements proposés, la création «de nouveaux délits en matière d'ingérence étrangère et d'espionnage», a précisé le ministre.
Le Premier ministre Malcolm Turnbull avait déjà ordonné une enquête en juin après des révélations des groupes de médias Australian Broadcasting Corporation et Fairfax. D'après eux, les services de renseignement avaient mis en garde voici deux ans la classe politique contre le fait d'accepter des dons de la part de deux milliardaires ayant partie liée avec le Parti communiste chinois.
Malgré l'avertissement, selon ces médias, les membres du Parti libéral (conservateur) comme les travaillistes avaient continué à accepter de fortes sommes d'argent. Les services de renseignements s'inquiétaient de la possibilité que Pékin se serve de ces dons pour accéder aux institutions australiennes. La semaine dernière, un parlementaire travailliste, Sam Dastyari, a même été contraint de démissionner de sa fonction de leader adjoint de l'opposition après des révélations selon lesquelles il avait prévenu un homme d'affaires chinois que son téléphone était probablement surveillé par le renseignement.
De son côté, la Chine a démenti des accusations «totalement infondées». Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré le 4 décembre que Pékin observait «le principe de respect mutuel de la souveraineté et de non ingérence dans les affaires intérieures» de pays tiers. «En même temps, nous appelons les personnes concernées côté australien à abandonner leurs préjugés», a-t-il ajouté.