Séoul accélérerait son agenda militaire, anticipant la possibilité d'un affrontement alors que le programme nucléaire nord-coréen s'intensifie. La formation d'une unité destinée à renverser Kim Jong-un en cas de conflit a été lancée le 1er décembre.
L'armée de Corée du Sud, par la voix du ministre de la Défense Song Yong-Moo, avait annoncé en septembre son intention de créer d'ici 2019 une unité spéciale destinée à renverser le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en cas d'affrontement entre les deux pays. Selon l'agence de presse coréenne Yonhap, l'opération a finalement été lancée le 1er décembre, après la vive accélération de l'agenda nucléaire de la Corée du Nord.
«Unité de décapitation»
Si le nom officiel de l'unité n'a pas encore été défini, le Korea Times lui a choisi un sobriquet destiné à frapper les esprits : «unité de décapitation». Si ce contingent n'est pas destiné à décapiter au sens propre le dirigeant nord-coréen, il témoigne de la détermination de la Corée du Sud : 1 000 soldats sont déployés spécifiquement pour frapper Pyongyang au plus haut sommet de l'Etat en cas de conflit, selon le journal sud-coréen.
Les principaux dignitaires du pouvoir en Corée du Nord, ainsi que des sites liés à l'armement nucléaire, pourraient également être ciblés, le cas échéant. Selon le quotidien coréen Korea JoongAng Daily, les forces spéciales américaines des Rangers, des SEAL, des Bérets verts et de la Delta force ont été choisies comme modèle pour constituer cette unité spéciale.
Séoul et Washington déploient 12 000 soldats et 230 avions de combat
Après avoir testé avec succès un nouveau missile intercontinental qui mettrait, selon Pyongyang, «la totalité du continent américain» à sa portée, la Corée du Nord a affirmé le 29 novembre avoir réalisé son objectif : devenir un «Etat nucléaire». Depuis lors, les exercices conjoints entre les Etats-Unis et la Corée du Sud se sont intensifiés. Le 4 décembre, les deux pays ont entamé Vigilant Ace 18, le «plus important exercice militaire aérien conjoint», impliquant un contingent de 12 000 soldats et un total de 230 avions de combat jusqu'au 8 décembre, selon l'agence de presse Yonhap.
L'agence rapporte encore qu'au cours de ces exercices, à vocation «défensive» selon Séoul, les forces déployées attaquent de fausses cibles nucléaires et balistiques ennemies. Six avions de combat F-35A et six F-22 Raptor furtifs ont été spécialement affectés à ces manœuvres. Une douzaine de jets furtifs F35-B de l'armée américaine actuellement stationnés au Japon doivent rejoindre ce contingent sans précédent et dont l'ampleur confirme le sérieux de l'entreprise.
Séoul a condamné le dernier essai en date de Pyongyang et le président de la Corée du Sud, Moon Jae-in, l'a qualifié de «provocation irresponsable», avant d'ajouter : «Nous devons éviter tout scénario selon lequel [la Corée du] Nord pourrait avoir mal évalué la situation et nous menacerait d'une frappe nucléaire, sans quoi les Etats-Unis pourraient envisager une frappe préventive.»
«Double-gel» des hostilités : Moscou et Pékin plaident pour la diplomatie
La Russie et la Chine plaident de leur côté en faveur de leur plan diplomatique dit de «double-gel» des forces en présence, appelant à une interruption des essais nucléaires opérés par Pyongyang en échange d'un arrêt des exercices militaires conjoints entre Séoul et Washington.
Cette proposition diplomatique a toutefois été rejetée par les Etats-Unis à l'été 2017. Heather Nauert, porte-parole du département d'Etat américain, avait déclaré que Washington continuerait de mener à sa guise des exercices militaires avec ses alliés sud-coréens.