Pendant que se tenait toute cette semaine le congrès de la Fédération des travailleurs du Québec, la commission Charbonneau multipliait de son côté les révélations sur les intrusions de mafieux dans la gestion du Fonds de solidarité FTQ. L’image de l’un et de l’autre est aux yeux de plusieurs irrémédiablement ternie. Plus que des paroles, il leur faudra poser des gestes pour retrouver la confiance des Québécois.
es dirigeants de la FTQ et du Fonds de solidarité ne sont pas naïfs au point de ne pas réaliser les effets qu’ont eus les révélations faites ces dernières années par les médias et maintenant confirmées par la commission Charbonneau. Ils ont cherché à limiter les dommages ces derniers jours en multipliant les paroles rassurantes, rappelant les changements déjà faits dans la gouvernance du Fonds il y a déjà quelques années. Bref, tout cela ne serait que de vieilles histoires.
Bien sûr, il y a des choses qui sont du passé. C’est bien vrai que le « party » s’est terminé en 2009 alors que la filière de traitement préférentiel dont bénéficiaient certaines personnes, dont au moins une était liée aux Hells Angels, s’est refermée. Guy Gionet, le patron de la filiale immobilière du Fonds, qui était au coeur de ce système, fut congédié et des pare-feu furent mis en place. Sauf que tout cela n’est pas une vieille affaire aux yeux du public. C’est maintenant qu’on apprend dans les moindres détails les relations entre certains leaders syndicaux et de hauts dirigeants du Fonds de solidarité avec des « développeurs » qui profitaient d’accès privilégiés. C’est maintenant qu’on entend les conversations téléphoniques qui laissent voir que ce système préférentiel a été toléré un certain temps.
Les dommages sont bien réels, même s’ils ne sont pas quantifiables. Il y a le cynisme ordinaire envers l’institution syndicale qui s’en trouve nourri. Il y a des cotisants au Fonds de solidarité qui s’inquiètent de la sécurité de leurs placements. Il y a des partenaires qui préfèrent prendre leurs distances. Le président du Fonds, Yvon Bolduc, a pu lui-même en prendre la mesure lundi à Ottawa, où il livrait un dernier plaidoyer pour convaincre le gouvernement Harper de renoncer à éliminer le crédit fiscal de 15 % accordé aux fonds de travailleurs. Il a dit avoir constaté l’absence d’ouverture pour ne serait-ce que travailler ensemble à trouver une solution. Bien sûr, il n’a pas épilogué sur les raisons de son échec, sachant qu’au-delà des raisons idéologiques qui ont inspiré aux conservateurs cette mesure, il y a la mauvaise réputation que porte maintenant le Fonds FTQ.
Le changement de direction effectué à la tête de la FTQ était le premier geste à poser. Cela peut augurer la fin d’une époque et le début de temps nouveaux. De l’élection par acclamation de Daniel Boyer à la présidence et de celle disputée de Serge Cadieux au poste de secrétaire ressort toutefois l’idée de la continuité. Visiblement, l’institution veut se protéger et se referme sur elle-même, comme si ce qui s’est passé ne concernait que les membres de la famille.
Il n’est pas interdit que des gens sortis de la continuité puissent porter un véritable changement et procéder à un véritable aggiornamento. Cela s’est vu déjà. Il y aura des décisions difficiles à prendre. Le premier geste de Daniel Boyer devrait être de renoncer à la présidence du conseil du Fonds de solidarité pour la confier à une personnalité neutre. Ce serait un geste fort qui marquerait la volonté de la FTQ de protéger ce qui est sa plus belle réalisation. Le Fonds de solidarité doit demeurer un outil au service des travailleurs, ce dont les Québécois ne sont plus sûrs aujourd’hui. Bien malheureusement ! Le Devoir comptant le Fonds parmi ses actionnaires peut témoigner de la valeur de cette institution.
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