Avec la crise du CHUM, le ministre de la Santé Gaétan Barrette a fait la démonstration qu'il s'est donné des pouvoirs exorbitants pour mener à bien sa réforme, estime la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).

«Ce que l'on craignait de ces pouvoirs donnés au ministre avec les projets de loi 10 et 20 semble se confirmer: ingérence à l'intérieur des processus décisionnels. Ce n'est pas comme ça qu'on mène le réseau de la santé»,  a commenté le président de la FMOQ, Louis Godin, à l'occasion d'une entrevue avec notre Bureau parlementaire.

La confiance des médecins de famille à l'endroit du ministre Barrette semble avoir fait place à la méfiance, particulièrement depuis le dépôt du projet de loi 20 visant à imposer aux médecins, omnipraticiens et spécialistes, des quotas de patients sous peine de pénalités financières. «Le ministre a eu des propos très durs et injustifiés face aux médecins de famille. C'est difficile de se dire on va être capables de travailler en collaboration», prévient le Dr Godin.

Un test

La crise qui sévit au CHUM constitue un test à la fois pour le ministre de la Santé et pour le gouvernement, continue le président de la FMOQ. «C'est un test important. On craignait une centralisation très importante des pouvoirs. On est à risque de vivre ces situations-là. La loi 10 n'est même pas en vigueur et on est devant une situation où il y a eu ingérence du ministre. Tout le monde a dénoncé ça en disant que le ministre avait trop de pouvoirs», a exposé Louis Godin.

Au gouvernement et au ministre Gaétan Barrette de tirer une leçon de la crise du CHUM, ajoute M. Godin. «Tu ne peux pas imposer ta volonté dans un réseau comme celui de la santé. Il faut avoir une approche de collaboration. Il faut respecter les gens. J'espère que le premier ministre saura poser les bons gestes et éviter qu'on se retrouve dans ce genre de dérive», souhaite la FMOQ.

Il appert que le bureau du premier ministre Philippe Couillard souhaite que le patron démissionnaire du CHUM, M. Jacques Turgeon, reprenne sa fonction de directeur général. Tant le cabinet du premier ministre que celui du ministre de la Santé se sont refusés à tout commentaire lundi.

Le CHUM a confirmé que Yvan Gendron était entré en fonction pour assumer la direction générale par intérim. La direction s'attend à d'autres démissions de membres du conseil d'administration au cours des prochains jours.