Gaz de schiste : Qui tire les ficelles?

Une élite d'affaires paresseuse?


Quoiqu'en disent l'Union des municipalités et les partis de l'opposition à l'Assemblée nationale du Québec, le Parti Libéral n’a pas improvisé sa démarche d'exploitation des gaz de schiste ou de shale en territoire québécois. C’est un plan orchestré depuis longtemps.
Il faut se souvenir qu'Hydro-Québec avait préalablement reçu le mandat d’étudier et de voir au développement du pétrole et du gaz au Québec. Comment? Vous aviez déjà oublié? 1997, sous la gouverne du très conservateur et aide de camp de Mulroney, j’ai nommé le très « lucide » Lucien Bouchard.
Donc, le 1er janvier 1997, 40 ans après s’être départi du secteur du gaz naturel, Hydro-Québec se portait acquéreur avec une participation de 42 % dans Noverco, le holding qui contrôle Gaz Métro. Sitôt fait, Hydro-Québec passait sous le giron d'André Caillé qui, trois mois plus tôt, quittait le poste de PDG de Noverco pour devenir le principal dirigeant de la société d'État québécoise.
L’opération s'inscrivait dans une stratégie de convergence prônée par MM. Caillé et Bouchard afin de transformer le Québec en plaque tournante de l'énergie dans le nord-est du continent nord-américain.
Dès le départ d'André Caillé d'Hydro-Québec en 2007, la participation est vendue et, tout doucement, le gouvernement Charest démantèle l'organisation d'Hydro-Québec, qui se voit retirer le développement du pétrole et du gaz du Québec.
Thierry Vandal, alors président d’Hydro Production et d’Hydro Pétrole et Gaz, devient l’actuel président d’Hydro-Québec. Des compagnies prévenues du stratagème, comme Gastem, font le plein de financement en allant chercher 5 millions $ à la bourse. Ce genre de démarche ne s'improvise pas.
La stratégie choisie est de « mettre les Québécois devant un fait accompli » : enlever Hydro-Québec du portrait pour laisser toute la place à l'industrie du gaz, aussi pour éviter les débats, les longues et coûteuses études environnementales et économiques, et permettre à quelques Québécois déjà positionnés dans les conseils d'administrations de bénéficier de la manne qui ne tarderait pas à passer.
En d’autres mots, les compagnies se sont entendues pour se séparer le territoire du Québec avant même de déposer des « claims » sur l'ensemble du territoire, certaines cartes tendent à le démontrer.
Elles ont aussi obtenu favorablement des permis du gouvernement et du soutien financier; mentionnons par exemple l’accord d’exploitation sans payer aucune redevance au gouvernement du Québec pendant 5 ans. Un accord contradictoire avec le plan libéral sur l’économie et le développement durable, tant claironné lors des dernières élections.
Des entreprises québécoises à vendre
Devant le mutisme des actionnaires ou le déni de ses dirigeants, dans l’ignorance des citoyens, et à cause de la collusion de l'équipe du Parti Libéral du Québec au pouvoir, en faisant un peu de prospection et d'analyse il est facile à comprendre que la stratégie de Caillé, Vandal, Charest mènera à la vente, avec gros profits pour quelques magouilleurs de ces petites compagnies, à des multinationales du pétrole et du gaz. L’infrastructure est déjà en place.
Prenons par exemple, Gastem, une entreprise québécoise? Allons donc!
Elle est la propriété de M. Gheza Zambo de Mississauga en Ontario qui en est le plus gros actionnaire. Le deuxième actionnaire principal est Sprott Assets de Toronto.
Bon, d’accord, le troisième est québécois et se nomme Marc-André Lavoie, mais lisez la suite. Au conseil d'administration, nous retrouvons des gens de Virginie (ÉU), d'Alberta, de Toronto… tout est prêt pour que les administrateurs siégeant aussi à des conseils d’administration de multinationales achètent les actions de Monsieur Lavoie.
Quant à Junex, le principal actionnaire se nomme Jean-Yves Lavoie (ce serait tout un hasard que ce soit de la même famille que celui de Gastem?!), le deuxième est Monsieur Jacques Aubert et le troisième actionnaire, et non le moindre, c'est la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui se présente sous le nom de Gestion Sodemex inc.
Voilà que les membres du conseil d’administration de Junex sont en bonne compagnie, avec deux anciens présidents de Gaz Métro, Robert Tessier maintenant président du conseil d’administration de la Caisse de dépôt et placement du Québec, André Caillé ancien président de Gaz Métro et d’Hydro-Québec et Laurent Lemaire de Cascades, entres autres.
La passe de Bécancour
Grâce à André Caillé et à son partenaire Thierry Vandal, les citoyens québécois devront payer cher leur ignorance et les stratégies perfides de ces messieurs qui ont choisi de passer outre la transformation de la centrale publique TAG de Bécancour au coût de 120 millions $, et favoriser la construction juste à côté d’une centrale privée au gaz naturel, une propriété de Trans-Canada Energy, une compagnie albertaine.
La centrale TAG, construite en 1993 avec des fonds publics, n’opère que de 30 à 40 heures par an. La centrale privée de Bécancour est fermée jusqu’en 2013 à cause des surplus d’électricité, qu’à cela ne tienne, nous, les citoyens, devrons payer au moins $1 milliard en compensation à Trans-Canada Energy pour qu’elle N’EN PRODUISE PAS !
Erreur de jugement? Profits versés à qui?
Curieusement, cinq jours avant le début de la construction de la centrale de Bécancour par SNC-Lavalin, laquelle serait approvisionnée par Gaz Métro, Hydro-Québec vendait ses parts (43 %) de Gaz Métro à SNC-Lavalin, à la Caisse de Dépôt et au Fonds de solidarité de la FTQ.
Événement anodin diront certains, mais qui préparait la chaise pour qu'un autre personnage de Gaz Métro se retrouve aux commandes d'une société d'État.
En effet on retrouve aujourd'hui M. Robert Tessier ancien président de Gaz Métropolitain, bien assis en tant que président du conseil d'administration de la Caisse de dépôt. Qui elle, en 2010 possède des parts dans des gazières.
La grande passe de l’éolien
En 2004, M. Thierry Vandal était président d’Hydro-Québec Production et défendait bec et ongles le gaz clamant haut et fort que l’énergie éolienne ne fonctionnerait pas dans notre climat. Par la suite, alors qu’il accédait au trône d’Hydro-Québec, il affirmait, tout aussi haut et fort, croire en l’éolien depuis des années...
En 2005, Monsieur Caillé était le président du Conseil d’administration d’Hydro-Québec, Monsieur Thierry Vandal était le président des Opérations et Jean Charest s'afférait à asseoir ses politiques conservatrices.
Les trois solidairement refusaient l’offre de partenariat de développement éolien avec Siemens, laquelle proposait d’investir un minimum de 4 milliards $, de créer au moins 2 500 emplois permanents et d’apporter une expertise québécoise à l’IREQ.
Nous apprendrons plus tard, grâce à une fuite dans les médias, la véritable teneur de cette offre que le gouvernement et Hydro-Québec s’étaient bien gardés de rendre publique.
Comme l’expertise éolienne d’Hydro-Québec était nulle, son président, M. Thierry Vandal, n’étant pas à une contradiction près, accorda près de 1 000 MW d’éolien à Électricité de France (EDF), une entreprise en voie de privatisation convoitée par Paul Desmarais par le biais de sa banque Paribas et de Gaz de France/Suez.
Il faut retenir qu’EDF ne possède AUCUNE compétence en éolienne. Cette société va donc venir développer son expertise chez nous, en nous revendant notre propre vent...
Tout aussi grotesque est la décision de Monsieur Vandal cet ancien vice-président de Gaz Métropolitain devenu, rappelons-le encore une fois, président d'Hydro-Québec, d’accorder une partie d’un contrat de 275 MW d’éolien à Gaz Métro, laquelle est tout aussi dépourvue d’expertise en éolien.
La future passe du gaz de schiste
Pendant ce temps Pétrolia, Gestem et Junex signent le 28 juillet 2005 une lettre d'intention qui permettra à Gastem de conclure des partenariats d'affermage sur des projets d'exploration d'hydrocarbures de St-Simon, près de St-Hyacinthe, et de Gaspé en Gaspésie. De plus, Junex et Pétrolia prendront une participation dans le capital-actions de Gastem en plus de proposer la nomination d’un membre chacun au conseil d'administration de la compagnie.
Et ce n'est pas de la collusion? Ce n'est pas de la préparation? Improvisation que certains disaient.... Ben voyons!
Finalement, en 2007, après le départ de Caillé d'Hydro-Québec, le gouvernement du Québec démantèle les secteurs gaz et pétrole de la société d'État, dissout la Société québécoise d’initiatives pétrolières et cède GRATUITEMENT tous les droits d’exploration d’HQ sur le territoire québécois à:
1. Pétrolia, dont le siège social se situe à Rimouski est la propriété de monsieur Saeed Yousef un résidant de Dubai des Émirats-Arabes-Unis. Le principale actionnaire apparaissant au dossier est Pilatus Energy AG, qui a son siège social en Suisse et a un seul actionnaire: Saeed Yousef. Les autres membres du conseil d'administration proviennent de Calgary et du Luxembourg. Quelques francophones québécois y font de l'occupation de siège
2. Gastem et 3. Junex, ont vite cédé des parts majoritaires de ces droits à des firmes étrangères comme Forest Oil (USA), Pilatus (Suisse) et Corridor Ressources.
En avril 2008 Monsieur Caillé est nommé conseiller stratégie senior chez Junex et siège au conseil d'administration de la compagnie. Il devient président de l'Association pétrolière et gazière du Québec lors de sa fondation en avril 2009.
Et il se lance à la place du gouvernement du Québec dans une campagne de sensibilisation des Québécois et Québécoises aux avantages de développer le gaz de schiste au Québec. Après trois réunions et la défaite du plan de communication de la firme National, le voilà au repos forcé. Est-ce le médecin qui a signé la prescription ou l’association des gazières ?
Des magouilleurs au bureau du premier ministre
Pour chapeauter le tout, notre gouvernement tout dévoué à l’économie du Québec a offert aux gazières lors du budget 2010 congé de redevances pour cinq ans.
Et pour mieux nous délester de notre richesse première vers ces compagnies étrangères venues exploiter nos ressources à leur guise, il s’apprête à modifier sa réglementation par le projet de loi 79 sur les mines.
Mais qui donc tire les ficelles politiques pour que ces gens d'affaires du Québec qui siègent en tant que prête-noms dans des entreprises étrangères, puissent s'enrichir à même nos ressources naturelles, à nos dépens, à la barbe de notre ignorance et de notre inaction?
Il n'y a aucune improvisation dans la démarche des ministres libéraux. Comment les arrêter? Quelles seraient les actions possibles?
Court-circuiter ces sangsues de ressources naturelles à bon marché par la nationalisation des opérations, la suppression du concept de "free mining" (système de claim) qui date de 1880 et toujours en vigueur dans notre loi minière et que Mme Nathalie Normandeau s’entête à conserver à tout prix… au nom de quel principe économique? Saurait-elle seulement le dire?
Les données de ce texte proviennent des recherches de Normand Mousseau, du Département de physique de l’Université de Montréal, du fichier Cidreq du gouvernement du Québec et du site MétéoPolitique.com


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