Gentilly 2 - Une vraie loto nucléaire!

Énergie nucléaire - Gentilly



La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a annoncé le renouvellement, pour une période de cinq ans, jusqu'au 30 juin 2016, du permis d'exploitation de la centrale nucléaire Gentilly 2 située à Bécancour, en Mauricie, et «autorise également les activités reliées à la réfection».
Est-ce possible qu'un organisme réglementaire ne voie pas la poutre qu'il a dans l'oeil? Que faut-il de plus? Emmener les responsables à Fukushima pour que les dirigeants japonais leur disent dans le blanc des yeux qu'eux aussi scandaient l'impossible accident? En lisant les mémoires déposés au Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) depuis plusieurs années, vous pouvez découvrir que le Québec n'est guère mieux préparé que le Japon à affronter une telle catastrophe.
Nous rendons-nous compte que la centrale de Bécancour se situe à une distance moindre de Montréal et de Québec que celle de Fukushima de Tokyo? Savez-vous que Gentilly 2 est construite sur une faille géologique propre aux tremblements de terre? Ces insouciants ont-ils seulement prévu des exercices de secours en cas de fuite radioactive pour notamment les gens de Trois-Rivières, de Québec et d'autres qui vivent sous les vents dominants et qui recevront la pluie empoisonnée sur leurs jolies villes?
Les autorités réglementaires et les politiciens se veulent rassurants au nom de l'économie, mais lorsque, pour contrer les effets de la radioactivité, sont distribuées régulièrement des capsules d'iode à chaque résidant de Bécancour, et que sont pratiqués des exercices de simulation de fuite radioactive, il me semble que cela n'est pas de bon augure...
Pourquoi réfutent-ils le fait qu'aucune méthode n'existe actuellement pour neutraliser les déchets radioactifs de la centrale de Bécancour, lesquels seront très dangereux pour des millions d'années? L'industrie nucléaire compte enterrer tous ces déchets hautement radioactifs dans un dépotoir géologique. L'industrie peut-elle seulement garantir la garde en toute sécurité de ces dépotoirs géologiques? Elle est incapable de planifier sur vingt ans, soit la durée potentielle d'une centrale nucléaire; imaginez sa capacité de prévoir pour 300 ou 1000 ans!
Et pendant ce temps...
Le plus cynique est que, pendant qu'on banalise le danger imminent pour nous, le gouvernement canadien légifère pour protéger chaque propriétaire d'un réacteur nucléaire au Canada contre la responsabilité financière d'une telle catastrophe.
Du même coup, les compagnies d'assurances refusent de couvrir les dommages «collatéraux» des citoyens si un accident nucléaire survient parce que ces dommages seraient trop importants; la charge en incomberait donc à l'ensemble de la population canadienne. Encore une fois, dans la magnanime pensée harpérienne, la population financera l'enrichissement d'une compagnie privée à ses dépens, puisque le gouvernement conservateur vient de vendre à SNC-Lavalin une partie de la société d'État Énergie atomique du Canada.
Si j'ai bien compris, ceux qui nous renvoient le risque sur notre santé et notre vie au nom de leur propre enrichissement se protègent contre le risque financier des effets de leur propre loto nucléaire.
Insouciance grotesque
Pénible constat que de voir des gens scolarisés, reconnus comme des sommités mondiales dans leur domaine scientifique, mépriser des confrères et consoeurs aussi qualifiés qu'eux, voire plus compétents, qui ont relevé des failles lourdes de conséquences et impossibles à contrer dans l'exploitation du nucléaire.
Cette insouciance grotesque m'incite à me demander si certains ont pu être achetés par l'industrie. Leur suffit-il de brandir le bouclier des diplômes pour s'immuniser contre toute infaillibilité et catastrophe?
Est-ce que leur présomptueuse assurance acquise par leur classe sociale et leurs relations les rend hors d'atteinte personnellement, à l'instar de ces valeureux dirigeants de la Tepco? Depuis le cataclysme de Fukushima, ils envoient à la mort lente toutes ces personnes majoritairement pauvres, nommées liquidateurs, qui acceptent de risquer leur vie pour de l'argent, mais aussi, comme le veut la culture japonaise, pour sauver la nation. Une catégorie de citoyens peu abondante au Québec et au Canada.
Derrière leurs grands airs, ces hauts gradés du commerce, de la science, de la politique savent que la technique nucléaire est extrêmement dangereuse. Leurs discours, loin d'être honnêtes et clairs, banalisent les impacts et risques d'accident, ridiculisent ceux qui s'inquiètent et endorment la population avec une langue de coton. Que tout cela est accablant!
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André Bouthillier, conseiller en gestion participative


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