lettre à madame Normandeau

Gaz de Shell

Tribune libre

Gaz de Shell

Madame Normandeau doit être heureuse que les divulgations Wikileaks ont réglé, pour elle, l’épineux problème du démantèlement de la raffinerie Shell dans l’est de Montréal.
Selon un mémo relatant une conversation entre l’ambassadeur américain au Nigéria et madame Ann Pickard, vice-présidente exécutive des compagnies Shell en Afrique, nous savons maintenant que, outre le très triste bilan de cette compagnie en matière d’environnement et de droits de la personne dans le delta du Niger, la Shell a infiltré tous les ministères d’importances du gouvernement nigérien et que rien ne s’y décide sans que la Shell le sache.
(Mémo Wikileaks: http://213.251.145.96/cable/2009/10/09ABUJA1907.html).
Cela dit, depuis que de nouvelles lois canadiennes rendent le citoyen passible de poursuites criminelles au Canada pour ses agissements en sol étranger, et, considérant qu’infiltrer un gouvernement au Canada est un acte criminel, est-il légal pour nos politiciens de négocier, en sol canadien, avec une compagnie qui agit criminellement, selon nos lois, à l’étranger? Le citoyen devient-il criminellement responsable, selon les lois canadiennes, si la représentante du peuple en matière énergétique, Madame Normandeau, négocie des ententes et permis d’exploitations, chez nous, avec une personne morale aux agissements criminels à l’étranger?
Par mesure de précaution, la solution apparaît claire: l’ensemble des installations de la Shell, qui est à vendre, doit être mis sous tutelle par le gouvernement du Québec et remis en fonction en attendant de trouver un éventuel acheteur.
À cette fin, le budget désigné de $700 millions, pour grossir les lettres des panneaux routiers, peut être temporairement détourné vers l’achat de la Shell, sauvegardant ainsi les 800 emplois directs et quelques 3000 emplois indirects. Plus important encore, la pérennité de l’industrie pétrochimique montréalaise, créatrice de richesse et d’emplois de haute technologie, sera assurée, notre autonomie énergétique en carburant sera maintenue, les risques de déversements pétroliers dans le Saint-Laurent minimisés... De plus, avec la découverte des 2 milliards de barils de pétrole du gisement Old Harry, la logique argumentaire de monsieur Charest et de madame Normandeau pour justifier l’urgence de « craquer » le sous-sol Québécois, afin de nous redonner les $2 milliards annuels que nous dépensons en gaz, pourra dorénavant s’appliquer aux $15 milliards de pétrole (à $80 le baril) que nous dépensons annuellement.

La question est simple: voulons-nous perpétuer la corruption ploutocratique de l’ère industrielle dans le XXIe siècle ou voulons-nous mettre en place les premiers jalons d’un futur qui appartiendra aux citoyens?
Michel Tétrault
Rienologue


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 décembre 2010

    [...] Quid?

  • François A. Lachapelle Répondre

    17 décembre 2010

    Voici une belle occasion pour le gouvernement Charest de démontrer sa détermination pour protéger des emplois (ceux de la raffinerie de Shell à Montréal-Est) existants et pour porter bien haut le message que nous, québécois, pouvons transformer nous-mêmes nos richesses naturelles, mais pas au détriment de l'environnement et des économies d'énergie.
    Comment un gouvernement responsable ne peut-il pas surseoir à son projet de grossir les lettres des panneaux routiers et d'affecter ces centaines de millions à la nationalisation de la raffinerie Shell de Montréal-Est?
    Shell au Nigeria, Shell au Québec, c'est la même compagnie qui serait fière de se voir imposer par un état démocratique et propre, le Québec, une façon de faire sans perdre elle-même la face. En citoyen corporatif responsable et collaborateur, Shell pourrait même faciliter la nationalisation par une transaction de gré-à-gré. Et surtout, que la raffinerie Ultramar de St-Romuald ne se sente pas lésée par le sauvetage de la raffinerie de Montréal-Est.
    Merci Michel Tétrault d'éclairer notre lanterne dans l'ombre de Shell.