Marc Henry, à Jérusalem - Jusqu'au bout, Israël aura hésité sur la tactique à adopter pour éviter d'être reconnu coupable de «crimes de guerre». Ce n'est que vendredi, au dernier jour du délai fixé par les Nations unies, que l'État hébreu a présenté à Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, sa réponse écrite aux accusations très graves lancées dans un rapport du juge Richard Goldstone sur l'opération «Plomb durci», menée l'an dernier dans la bande de Gaza.
Jusqu'à présent, les responsables israéliens s'étaient contentés de dénoncer le caractère «partial», «tendancieux» et «faux» de ce rapport, en soulignant même ces derniers jours qu'il risquait d'alimenter l'antisémitisme dans le monde. Pour tenter de contrer ce document, l'armée israélienne affirme dans le texte de 40 pages remis vendredi pouvoir réfuter, preuves à l'appui, les 32 cas de «crimes de guerre» évoqués par le rapport Goldstone.
La thèse des militaires est simple : l'offensive a été lancée pour mettre fin à des tirs de milliers de roquettes contre des cibles civiles en Israël et il n'y a pas eu de recours excessif à la force. Ce sont les islamistes du Hamas, maîtres de la bande de Gaza, qui ont utilisé les civils comme boucliers humains, ce qui expliquerait le bilan de plus de 1.400 morts établi par les services médicaux palestiniens. Mais ce plaidoyer laisse entière la question principale. Le rapport Goldstone presse Israël de constituer une commission d'enquête indépendante. Or, sur ce point, les dirigeants israéliens sont divisés.
Comparutions limitées
Ehoud Barak, le ministre de la Défense, et le général Gaby Ashkenazi, chef d'état-major, ne veulent pas entendre parler d'une commission devant laquelle soldats et officiers seraient contraints de déposer. En revanche, les juristes soulignent qu'un tel refus pourrait aboutir à des mandats d'arrêts internationaux contre des militaires et des dirigeants politiques, qui seraient ainsi menacés d'arrestation à l'étranger, sans compter le coup porté à l'image d'Israël comme pays couvrant des «crimes de guerre».
Benyamin Nétanyahou, qui a le dernier mot, a du mal à trancher. Seule certitude : le temps presse, Ban Ki-moon doit transmettre d'ici à vendredi prochain le rapport Goldstone ainsi que les réponses d'Israël et du Hamas au Conseil de sécurité de l'ONU, qui doit décider des suites à donner. Les islamistes, accusés eux aussi de «crimes de guerre», plaident non coupables en arguant que leurs roquettes tirées de Gaza touchaient des cibles civiles en Israël en raison de leur imprécision.
Désireux de limiter les dégâts, Benyamin Nétanyahou cherche une formule de compromis. Selon les médias, il pourrait annoncer au début de la semaine prochaine la création d'une commission présidée par un ancien juge de la Cour suprême.
Toutefois, seuls le chef de gouvernement de l'époque, Ehoud Olmert, les ministres du cabinet de sécurité ainsi que les membres de l'état-major seraient appelés à témoigner. Les commandants, les officiers et les soldats, qui appliquaient sur le terrain les ordres reçus, n'auraient pas à comparaître.
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