De nouvelles révélations rapportées dans les médias suggèrent que le premier ministre aurait appelé en renfort la GRC au sujet d'Helena Guergis en lien avec une affaire de drogue. Photo: Archives PC
Fannie Olivier - Le flou entourant la controverse sur Helena Guergis est loin de se dissiper, tant le premier ministre que la principale intéressée affirmant ne pas être au courant des allégations précises pesant sur l'ex-ministre d'Etat à la Condition féminine.
Selon l'avocat de la députée de Simcoe-Grey expulsée depuis la semaine dernière du caucus conservateur, jamais sa cliente n'a été mise au courant de la teneur des «sérieuses allégations» qui l'impliquerait.
Howard Rubel soutient que ni la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ni le gouvernement lui a fourni de réponses quant aux raisons ayant poussé le premier ministre à confier le dossier à la GRC.
«Mme Guergis a hâte d'offrir sa réaction, dès que quelqu'un lui aura dit quelles sont les allégations», a noté M. Rubel.
En Chambre, le chef conservateur a par ailleurs étonné l'opposition en affirmant que lui-même n'avait pas de «connaissance directe» des allégations dans cette affaire. Il a réitéré qu'il était approprié de laisser la GRC faire son travail.
La controverse est chaque jour alimentée par de nouvelles révélations et des reportages des médias.
Mercredi, la chaîne de télévision CTV a rapporté qu'un détective privé aurait obtenu des informations portant sur un risque de chantage lié à l'achat et l'usage de drogue. On ignore qui serait visé par ces allégations concernant les stupéfiants, tout comme l'identité de la personne qui aurait embauché le détective.
L'ancienne ministre d'Etat à la Condition féminine se dit choquée que l'on suggère qu'elle soit en lien avec une affaire de drogue.
«C'est complètement ridicule et c'est un exemple de rumeurs qui s'emballent», a écrit Mme Guergis dans un courriel à La Presse Canadienne mercredi matin.
Toujours selon le réseau CTV, des sources policières ont indiqué que cet enquêteur aurait discuté de l'affaire avec un avocat du Parti conservateur, qui aurait alors alerté Stephen Harper.
En annonçant qu'il avait accepté la démission de sa ministre vendredi, le premier ministre avait par ailleurs indiqué qu'il confiait le dossier à la GRC.
La députée de Simcoe-Grey, qui siège désormais comme indépendante, a souligné qu'elle avait retenu les services d'un avocat et qu'elle entendait se défendre jusqu'au bout.
Le mari de Mme Guergis, l'ancien député conservateur Rahim Jaffer, a été accusé de conduite en état d'ébriété et possession de cocaïne l'automne dernier. Ces chefs d'accusation ont toutefois été abandonnés et M. Jaffer a finalement plaidé coupable à une accusation de conduite imprudente.
Des allégations de trafic d'influence ont également placé M. Jaffer sous les projecteurs récemment, mais tant Mme Guergis que le partenaire d'affaire de M. Jaffer, Patrick Glémaud, assurent que c'est faux. M. Glémaud a soutenu que jamais leur entreprise, Green Power Generation, «n'a fait un sou» grâce à de prétendus contacts que M. Jaffer aurait au bureau du premier ministre.
Un autre contact de M. Jaffer, Nazim Gillani, se serait cependant déjà vanté de l'habileté du mari de Mme Guergis de lui ouvrir les portes du bureau de Stephen Harper. C'est justement pour enquêter sur M. Gillani que le détective privé évoqué par CTV aurait été embauché, selon la chaîne de télévision. L'homme fait face à des accusations de fraude pour un dossier n'étant pas en lien avec l'affaire.
A la lumière de ces nouvelles révélations, le chef libéral Michael Ignatieff a tenté de faire porter le blâme de cette controverse sur les épaules du chef conservateur.
«Ce n'est maintenant plus une question de la conduite de ce couple assez extraordinaire. Ca tourne sur le jugement du premier ministre», a-t-il affirmé à la sortie de son caucus. Selon lui, ce n'est pas la première fois que Stephen Harper manque de jugement, citant l'exemple de l'affaire Bernier-Couillard.
«Avant jeudi, il a exprimé sa confiance envers des gens qui, je crois, auraient violé la confiance de toute personne raisonnable», a-t-il ajouté, faisant référence à la tourmente dans laquelle se trouvait le couple depuis quelques mois, avant que M. Harper décide finalement d'accepter la démission de Mme Guergis.
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