Pas de quoi être FIER

Corruption libérale - FIER - CDP - etc...




Lorsque François Legault, critique en matière de finances du Parti québécois, a levé le voile sur certaines pratiques au FIER-Boréal 02, la semaine dernière, on a cru un instant qu'il venait de mettre la main sur des informations potentiellement incriminantes sur deux hommes d'affaires qui contournaient les règles d'une société d'investissement. Le fait qu'ils étaient des proches du Parti libéral avait de quoi plaire à l'Opposition.
Pourtant, plus les parlementaires et les médias ont creusé cette affaire, plus il apparaît que ces deux hommes sont au-dessus de tout soupçon: c'est plutôt tout le mécanisme des FIER qui est débalancé!

Valier Boivin et Pietro Perrino ne semblent avoir rien fait de mal, ni d'illégal, comme ils l'ont bien souligné lors des premières accusations, jeudi. «Jamais on a transgressé une règle du programme FIER», a lancé M.Perrino.
Cela fait longtemps que le gouvernement du Québec met de l'argent dans des sociétés de capital de risque. Ce n'est pas une question d'idéologie politique.
Les libéraux sous Daniel Johnson ont créé les Innovatech, des sociétés d'investissement dans des entreprises de haute technologie qui ont été très présentes en Outaouais, à la fin des années 1990. Les péquistes sous Jacques Parizeau, puis Lucien Bouchard et Bernard Landry, les ont multipliés et fait prospérer. Puis il y a depuis longtemps la Société générale de financement, Investissement Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Toutes ont travaillé, de près ou de loin, avec des fonds issus du milieu syndical comme le Fondaction et le Fonds de solidarité de la FTQ, ses petits frères locaux que sont les Fonds régionaux de la FTQ.
Les fonds de l'État québécois ont été mis en place à titre de complément aux nombreux fonds d'investissement privés qui étaient considérés plus gourmands et qui ne partageaient pas l'intérêt du Québec pour le développement économique régional.
Sous la gouverne de Jean Charest, les libéraux ont senti le besoin de créer un acteur supplémentaire de financement régional, les FIER, pour Fonds d'intervention économique régional.
Ces FIER sont hybrides, c'est-à-dire qu'ils sont financés à la fois par l'État, par l'entremise d'Investissement Québec, et par le secteur privé. Il y en avait 30 en 2006, et 44 en 2008, pour un engagement public de Québec à hauteur de 318 millions$, 90 millions$ du Fonds de solidarité FTQ, de Capital Desjardins et du Fondaction de la CSN. S'ajoutent à cela les mises de fonds d'investisseurs privés, pour une enveloppe potentielle de 682 millions$.
Dans l'esprit du public, il va de soi qu'un Fonds régional est créé pour agir... en région. Et à plus forte raison, dans la région dont il porte le nom.
C'est l'un des crédits que l'on doit reconnaître au député du Parti québécois François Legault d'avoir levé le voile sur ce qui s'avère, en bout de ligne, une supercherie.
Le caractère régional est aléatoire dans le cas des FIER: ils peuvent investir leurs sous dans des coins du Québec qui n'ont rien à voir avec le FIER investisseur. Il s'agit d'une première erreur de conception des FIER qui avait échappé à l'attention de la population jusqu'ici.
Les FIER permettent par surcroît que de leurs partenaires du secteur privé investissent dans leurs propres entreprises, utilisant ainsi des fonds publics pour leurs bénéfices personnels.
C'est ce qu'ont fait MM.Perrino et Boivin, en toute légalité, même si la pratique a de quoi soulever des interrogations au plan moral.
À titre de ministre du Développement économique, Raymond Bachand (également ministre des Finances depuis peu) a défendu les gestes de son gouvernement. Plutôt mal, merci.
Il est difficile de défendre une politique de conflit d'intérêts comme les FIER le permettent. À bien y penser, ça commence à ressembler à l'éthique élastique du gouvernement libéral pour accommoder le ministre Pierre Arcand.
Difficilement défendable!


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