Hydro-Québec - Finance 101

Qu'on soit pour ou contre une telle privatisation pour des raisons idéologiques, regardons froidement les chiffres avancés par l'ADQ avant de perdre notre temps à nous obstiner sur les principes.

Gouvernement mondial

Depuis le temps que l'idée de privatiser Hydro-Québec circule, pour être chaque fois rejetée, on aurait pu croire que tout avait été dit, mais il semble que ce ne soit pas le cas! Cette fois, c'est l'ADQ, le parti de l'opposition officielle, qui fait sienne la proposition de remettre 7,5 % des actions de la société d'État entre les mains d'investisseurs privés, particuliers et entreprises. Qu'on soit pour ou contre une telle privatisation pour des raisons idéologiques, regardons froidement les chiffres avancés par l'ADQ avant de perdre notre temps à nous obstiner sur les principes.
Selon M. Dumont, vendre 7,5 % d'Hydro-Québec rapporterait 10 milliards qui feraient économiser 600 millions par année en intérêts sur la dette. Petite règle de trois: si 7,5 % de la compagnie représentent 10 milliards de capitaux, que vaut la totalité d'Hydro-Québec? Réponse: 133 milliards. Pourtant, l'avoir propre d'Hydro-Québec n'est que de 20 milliards, et son actif total, de 60 milliards. D'où vient la différence?
La seule façon d'obtenir une valeur sur le marché de 133 milliards pour les actions d'Hydro-Québec, ce serait de faire passer ses profits à au moins 10 milliards par année, au lieu de 2,8 milliards actuellement. Ce qui générerait un ratio de 13 fois les profits comme valeur totale de l'entreprise. Or, pour obtenir autant de profits, il faudrait augmenter les tarifs d'électricité d'au moins 60 % d'un seul coup!
Jean Charest a donc raison d'affirmer qu'une privatisation partielle d'Hydro-Québec entraînerait un choc tarifaire majeur. N'est-ce pas l'ADQ qui a fait de «l'augmentation prévisible et raisonnable des tarifs» une de ses idées-forces des récentes années?
Reprenons donc les calculs en adoptant l'hypothèse plus réaliste d'une valeur actuelle d'Hydro-Québec située entre 20 et 60 milliards. Pour tirer 10 milliards d'une vente partielle, il faudrait céder jusqu'à 50 % des droits de propriété et, avec eux, la même proportion des profits annuels. Et comme la privatisation d'Hydro-Québec lui ferait perdre son statut d'entreprise publique, cela l'obligerait à payer des impôts, d'où une nouvelle hausse des tarifs...
Quant à savoir si la présence de représentants des actionnaires au conseil aurait des effets bénéfiques sur la gestion de l'entreprise, c'est un autre débat auquel la crise en cours dans les grandes sociétés capitalistes apporte de l'eau au moulin.
Ce qui choque et déçoit dans ce genre de proposition spectaculaire avancée à la va-vite en campagne électorale, c'est l'absence totale de réflexion préalable. Si M. Dumont et l'ADQ étaient sérieux, ils cesseraient d'exciter les foules avec des feux d'artifice multicolores pour concentrer leurs efforts à la préparation de projets réfléchis, comme leur statut d'opposition officielle le requiert.


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