J’ai besoin du PQ mais je ne lui fais pas confiance

PQ - XVIe congrès avril 2011

Je suis foncièrement contre le comportement du PQ depuis de nombreuses années. En même temps je ne crois pas que ça puisse venir de la population ou de groupes organisés : étant donné le fort conditionnement que nous subissons au Québec, seul le PQ est en mesure de faire naitre le pays. Je crois qu’il faut nécessairement que le PQ agisse, prenne les devants et entraine la population avec lui, pas l’inverse. Le PQ doit prendre position, construire et présenter quelque chose de tangible au moment des prochaines élections s’il souhaite retrouver la confiance de la population.
Je souhaite que le PQ change fondamentalement d’ici aux élections mais je n’y crois pas. Bien que je nuance mes positions quelque peu ces jours-ci je suis loin d’être convaincu, je crois encore que si le PQ prend le pouvoir prochainement, en son état actuel, ça reportera de 20 ans le travail d’émancipation à faire.
Malgré tous les signes négatifs envoyés par Mme Marois depuis qu’elle est chef, il est possible que la fonction la transforme quelque peu, il se peut aussi que ses initiatives, aidées par les circonstances, portent fruits. Mon problème avec le PQ est d’abord avec le parti lui-même, son comportement depuis 1995. À mes yeux Mme Marois n’arrange rien, elle m’apparaît comme la forme aboutie de l’immobilisme de ce parti, l’incarnation de sa posture tellement étrangère à la volonté populaire. Cependant je ne veux pas être injuste envers elle ; je n’aime pas son jugement, elle ne semble toujours que réagir aux événements, mais laissons-la faire ses preuves si elle gagne les prochaines élections. Je redoute qu’elle n’aura pas les moyens (% de votes) de montrer ce dont elle est peut-être capable, son gouvernement sera peut-être même minoritaire.
Le pourcentage de la population qui supporte le PQ actuellement et depuis plusieurs années est dramatiquement bas, étant donné le gâchis du PLQ. Le PQ est proche de certaines communautés mais loin de la plupart des autres ; il ne semble plus comprendre le Québec dans son ensemble, Montréal et les autres. L’idée de l’indépendance est peut-être la seule qui continue à rassembler certains souverainistes au PQ. Si ce parti avait été un tant soit peu à l’écoute de la population il n’aurait pas laissé l’ADQ prendre toute la place par rapport aux accommodements raisonnables, la première manifestation concrète des fameuses « conditions gagnantes » qu’on attendait depuis Lucien Bouchard. C’était une occasion de supporter le peuple majoritaire, de formaliser un tant soit peu la nation politique que nous formons.
Quand il était au pouvoir le PQ s’est occupé principalement de jouer le jeu économique, y allant de bons coups mais de mauvais également. Les redevances sur les ressources énergétiques dont on parle tant ces jours-ci, qu’a fait le PQ à leur sujet lorsqu’il était au pouvoir ? Le PQ a toujours été bien serviable il me semble envers ceux qui daignaient allonger les billets verts et promettre des jobs et encore des jobs. Sa posture n’était pas tellement de protéger nos acquis, c’était surtout de conserver la cote de crédit du Québec, de plaire aux investisseurs en les subventionnant ou en n’intervenant pas dans les ventes et les départs (Alcan par exemple). Rien ne fut jamais assez grave pour que l’État intervienne, non, ça aurait été mal vu. Cette mentalité-là persiste au PQ, c’est dramatique.
Le PQ ne semble envisager l’avenir du Québec que sous son angle économique. Le PQ est soucieux de plaire aux grands, de ne pas déplaire à la communauté anglophone, de « faire partie de la gang ». Il a flirté souvent avec les adversaires, il a fait par exemple des nominations douteuses (je pense à Henri-Paul Rousseau à la Caisse de dépôt).
Le PQ est d’accord et encourage la construction de 2 CHU au lieu d’un seul, ne comprenant pas qu’il encourage le clivage entre les communautés parce qu’il n’a pas le cran de s’imposer, de parler au nom de la majorité. Ici encore une fois, on voit la priorité accordée aux dirigeants économiques, les grandes corporations, au détriment des besoins de notre peuple. Le PQ nous dit que la langue officielle est le français mais ses actes vont à l’encontre de ses paroles.
Le PQ ne démontre pas son souci de préserver notre intégrité en tant que peuple singulier sur cette planète, au contraire son comportement, probablement inconsciemment, favorise notre amenuisement, notre dilution. Mon problème est celui-là avec le PQ. Dans sa manie à vouloir être pur et vertueux aux yeux des observateurs extérieurs, ce qui l’amène à poser des gestes incompréhensibles, il nous est devenu complètement étranger. Je ne peux pas lui faire confiance, toute son action annonce le contraire de ce qu’il promet.
Le PQ encourage le taux excessif d’immigration au Québec, qui ne donne pas les résultats escomptés mais dont les dommages collatéraux sont de plus en plus visibles, et ils sont récurrents. Il encourage aussi le bilinguisme institutionnel. Il est sourd aux discours comme le dernier texte de M. Réjean Labrie (Le renouveau de l’esprit canadien-français dans le nationalisme traditionaliste).
Sur le plan économique, si le PQ remplace le PLQ aux prochaines élections, enfin le massacre sera terminé, oui, mais on ne doit pas s’attendre à ce qu’il soit mieux à notre écoute, il n’y a pas de raison de croire cela, le PQ continuera à agir comme il le fait depuis 15 ans. Le PQ n’a pas la fibre nationaliste nécessaire pour faire l’indépendance, il sonne faux. Il dit qu’il veut le pays mais il ignore la majorité de ses habitants et agit à l’encontre de ses intérêts fondamentaux.
J’ai un gros problème avec ce parti, il me niaise, il me prend en otage. Les appels à se rassembler derrière le PQ pour qu’il prenne le pouvoir m’agacent profondément. Pourtant je suis d’accord avec ces gens, oui il n’y a que le PQ qui peut y arriver, oui oui, ne me répétez pas cela en croyant que ça puisse me convaincre. La question n’est pas là. Vous refusez de penser un pas plus loin. Que fera le PQ au pouvoir ? Etes-vous vraiment certains que notre amenuisement national sera réellement stoppé sur tous les plans ? Moi je persiste à croire que le PQ continuera à agir comme il le fait depuis des années et qu’en conséquence, oui, nous continuerons à mourir à petit feu, parce que le PQ n’aura pas obtenu l’appui nécessaire de la population pour procéder à quoi que ce soit.
Certains ont dit « quand le PQ sera au pouvoir, s’il n’agit pas correctement, on va y voir, on fera pression, etc. ». Quel mauvais jugement, c’est renversant. Ecoutez, le PQ n’est pas au pouvoir et rien ne l’ébranle. Comment voulez-vous sérieusement pouvoir l’influencer lorsqu’il sera aux commandes de l’État? C’est complètement illogique. Si on est sérieux, c’est tout de suite qu’il faut faire pression. Après les élections, il sera trop tard. Si le PQ était un tant soit peu nationaliste il agirait différemment, le sens de ses positions serait clair et il recueillerait une forte majorité aux prochaines élections.


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3 commentaires

  • Jocelyn Boily Répondre

    5 avril 2011

    Réponse à Monsieur Sauvé
    Je trouves que c'est de la radio poubelle de lier madame Pauline Marois au clan Desmarais c'est de la démagogie pure et simple.
    Ce n'est pas madame Marois qui ne lève c'est la relève péquiste qui n'y est pas et qui a peur de son ombre. De toute façon la population avait aussi rejeté le jeune André Boisclair que l'on a renvoyé à coup de pieds.
    Le problème est qu'il entre 50 000 immigrants par année qui votent de l'autre côté et que les Québécois s'assoient sur leur derrière sans aller voter

  • Stéphane Sauvé Répondre

    4 avril 2011

    QUE CEUX QUI LISENT CES LIGNES ME RÉPONDENT SI ILS LE PEUVENT:
    Primo, Est-ce que Mme. Marois est libre d'agir à sa guise sans l'influence occulte de Desmarais et sa gang ? Son mari a des liens serrés avec les émules de Desmarais.
    Secundo, pourquoi est-ce si difficile de changer la cheffe en Avril ? Un seul congrès en 6 ans - pourra t'on la changer plus tard ?
    Tertio, n'est-ce pas une preuve que le gateau ne lève pas avec Mme. Marois comme Chef ? En dépit de la descente aux enfer du parti libéral, le PQ a une faible majorité dans les intentions de vote.

  • Jocelyn Boily Répondre

    4 avril 2011

    Je suis d'accord avec vous que le PQ redeviendra un gouvernement normal centre lorsqu'il reprendra le pouvoir. Il faut que son discours et ses actions changent de 180 degrés. D'ailleurs voici ce que j'ai déjà écrit sur mon blogue et dans vigile.
    Le parti Québécois (PQ) a toujours été un parti de gauche énigmatique, difficilement déchiffrable et complètement désordonnée. Quand ce n’est pas les Jacques Parizeau, Bernard Landry ou les Lucien Bouchard de ce monde c’est Pauline Marois qui devient inintelligible.
    Force est de constater que l’autodestruction inconsciemment programmée du PQ par ses leaders va réussir à détruire ce que notre vrai maître René Levesque avait construit de main et de cœur. À force de changer continuellement et d’être mi-figue mi-raisin, d’avoir modifiée la cible et le but à atteindre le PQ n’a qu’à s’en prendre à lui-même pour son apocalypse.
    Le PQ a perdu, par ses prises de positions incongrues, un petit bout de son aile gauche et du même coup sa petite droite nationaliste s’est vite fait montrer la sortie. Par contre tout cela se retrouve en des Legault et d’autres opportunistes politiques Éric Duhaime et Johanne Marcotte du réseau liberté qui voguent sans valeurs ajoutées.
    Il faut que le PQ revienne dans sa pureté politique, arrête de voguer au gré du vent, reprenne ses lettres de noblesses et ses valeurs premières qui l’ont porté au pouvoir il y a quelques années.