Kadhafi : "Je me battrai jusqu’à la dernière goutte de mon sang"

Géopolitique — Afrique du Nord


"Je me battrai jusqu'à la dernière goutte de mon sang", a martelé Mouammar Kadhafi, mardi 22 février, dans son premier discours en direct à la télévision depuis le début des manifestations réclamant son départ.
Dans son discours, long, confus et véhément, le dictateur libyen a assuré qu'il n'était pas question de quitter le pouvoir comme l'ont fait d'autres dirigeants du monde arabe. Il a argué qu'il était "au-dessus des postes des chefs d'Etat", "un révolutionnaire", "un Bédouin". "Mouammar Kadhafi n'est pas un président et n'est pas un être normal contre qui on peut mener des manifestations", a-t-il insisté, parlant de lui à la troisième personne. "Si j'étais président, j'aurais démissionné. Mais je n'ai pas de titre, je n'ai que moi-même et mon fusil", a-t-il expliqué plus tard.
"PURGER LA LIBYE MAISON PAR MAISON"
Il a eu des mots très durs à l'encontre des manifestants, affirmant que toute personne armée sera passible de "la peine de mort". "Rendez vos armes immédiatement, sinon il y aura des boucheries", a-t-il lancé, menaçant de faire de la ville de Benghazi, foyer de la contestation, un nouveau "Falloudjah" et un nouveau Tienanmen. Il a menacé de "purger la Libye maison par maison" pour mater la révolte.
Le guide libyen a tenté d'expliquer le mouvement de révolte qui a fait au moins 200 morts, selon des ONG. "Ce sont des jeunes qui ont entre 16 et 18 ans. Ils sont en train d'imiter ce qui s'est passé en Tunisie et en Egypte. (...) Une minorité malade se cache dans les villes et donne de l'argent à ces jeunes pour les pousser à commettre de tels actes", a-t-il assuré, avant de se contredire, évoquant "une minorité terroriste qui veut transformer la Libye en émirat", des "barbus".
"NOUS ALLONS LEUR MONTRER CE QU'EST UNE RÉVOLUTION POPULAIRE"
Il a ensuite demandé à "toutes les mères", puis les pères, de sortir dans les rues et de en prendre le contrôle. Mouammar Kadhafi a appelé ses partisans à descendre dans la rue dès mercredi pour manifester en sa faveur, exigeant en même temps de l'armée et de la police qu'elle reprenne la situation en main.
"Tous les jeunes doivent créer demain les comités de défense de la révolution: ils protègeront les routes, les ponts, les aéroports. Tout le monde doit prendre le contrôle de la rue, le peuple libyen doit prendre le contrôle de la Libye, nous allons leur montrer ce qu'est une révolution populaire", a-t-il dit.
Celui qui a pris le pouvoir en 1959 lors d'un coup d'Etat a promis dans la foulée toute une série de changements : "A partir de demain il y aura une nouvelle administration, de nouveaux comités populaires. Il y aura des réformes concernant la Constitution, la société civile. D'autres réformes concernant les juges, les magistrats. Le peuple libyen peut construire un Etat de droit. Je n'ai pas d'argent, tout ce que je veux, c'est la prospérité de la Libye".
Mais il a pris soin de rappeler, devant sa maison bombardée en avril 1986 par les Américains et laissée depuis en l'état, qu'il était encore "à la tête de cette révolution populaire". Certaines télés ont alors interrompu la diffusion de ce discours fleuve, dont le dirigeant libyen est coutumier.


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