Keystone XL verra le jour s’il ne nuit pas «trop» au climat

Barack Obama pose ses conditions en présentant son plan de lutte contre les GES

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La patate chaude d'Obama

Barack Obama a promis mardi d’« agir » pour lutter contre les changements climatiques en dévoilant un plan qui doit notamment conduire à une réduction des émissions des centrales électriques au charbon. Insistant sur le fait que les Américains payent déjà le prix d’années d’« inaction » à Washington, il a cependant soutenu que le projet Keystone XL doit être approuvé s’il n’augmente pas de façon « significative » la production de gaz à effet de serre.
Le président Obama s’est dit conscient de la « controverse » entourant le projet de transport par pipeline de 830 000 barils de pétrole albertain jusqu’aux raffineries du Texas. Lui-même a d’ailleurs déjà repoussé en 2012 - année électorale - sa décision concernant la construction de cet oléoduc, qui facilitera l’exportation du pétrole tiré des sables bitumineux canadiens.
Soulignant que le Département d’État en est aux dernières étapes de l’« évaluation » du projet, il a insisté pour dire que Keystone XL doit être approuvé seulement si cela répond aux intérêts des États-Unis. « Et l’intérêt de notre nation ne sera servi que si ce projet n’exacerbe pas de façon significative le problème de la pollution due au carbone », a-t-il fait valoir dans le cadre d’un discours prononcé à l’Université de Georgetown, à Washington.
Selon Barack Obama, « l’effet » de ce nouveau pipeline « sur le climat » devra absolument être pris en compte avant toute décision définitive. Les responsables du Département d’État ont soutenu, dans un rapport rendu public en mars, que l’oléoduc aurait un impact minime sur les émissions de gaz à effet de serre. Une conclusion accueillie avec scepticisme par l’Agence de protection environnementale.
Plusieurs groupes environnementaux et scientifiques martèlent depuis des mois que ce nouvel outil d’exportation d’énergie fossile ne peut que nuire aux efforts pour tenter de contenir les bouleversements climatiques. « Sachant que le pipeline Keystone XL engendrerait une expansion massive de la production des sables bitumineux et des émissions de gaz à effet de serre, il est clair que le président Obama devrait refuser ce projet », a d’ailleurs insisté Greenpeace mardi.
Le gouvernement de Stephen Harper mène pour sa part une campagne intensive de promotion pour Keystone XL. Le premier ministre a réitéré le mois dernier que ce pipeline permettra d’accroître la sécurité énergétique des États-Unis. Avant lui, le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver, a averti qu’un refus de ce projet constituerait un dangereux précédent pour les relations entre Ottawa et Washington.
Il faut dire que le lobby de l’énergie fossile est pressé de trouver des débouchés pour la production des sables bitumineux, qui doit doubler au cours des prochaines années. Au moins quatre projets d’exportation de pétrole albertain par pipeline sont en développement, dont deux qui passeraient par le Québec.

S’attaquer au charbon
Reste que s’ils sont critiqués depuis des années pour leur inaction en matière de changement climatique, les États-Unis pourraient bien poser des gestes significatifs au cours des prochaines années, sous l’impulsion du président Barack Obama. Celui-ci a dévoilé mardi un plan de lutte contre les changements climatiques qui doit notamment permettre de réduire les émissions des centrales électriques au charbon, qui produisent pas moins de 37 % de l’électricité aux États-Unis.
Il a dit avoir ordonné à l’Agence de protection de l’environnement de travailler étroitement avec les États et la puissante industrie du charbon pour établir des normes de pollution. Un geste perçu comme une déclaration de guerre par le camp républicain, dont plusieurs membres nient carrément le rôle de l’être humain dans le bouleversement du climat.
Pour l’ancien vice-président Al Gore, il s’agit toutefois « du meilleur discours sur le climat jamais prononcé par un président ». « J’applaudis les nouvelles mesures annoncées par le président Obama pour aider à résoudre la crise climatique, surtout la décision de limiter la pollution carbonique de toutes les centrales électriques », a-t-il écrit sur son blogue.
Le président s’est aussi engagé à promouvoir davantage les sources d’énergie propre. Il demande que suffisamment de permis soient accordés pour des projets d’énergie renouvelable, solaire et éolienne, sur des terres fédérales pour produire assez d’électricité pour plus de six millions d’habitations d’ici 2020. M. Obama a aussi proposé huit milliards en garantie de prêts pour encourager des investissements dans des technologies innovantes dans les énergies fossiles et l’efficacité énergétique.
« La question est de savoir si nous aurons le courage d’agir avant qu’il ne soit trop tard, et la manière dont nous répondrons aura un profond impact sur le monde que nous laisserons à nos enfants et nos petits-enfants », a-t-il laissé tomber.

Avec l’Agence France-Presse


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