Le président turc Recep Tayyip Erdogan refuse d'amender la loi antiterroriste, comme le demande l’Union européenne, ce qui fait vaciller l'accord scellé le 18 mars entre Bruxelles et Ankara sur la gestion de la crise migratoire.
Il ne sera pas question de réviser la loi antiterroriste turque, comme le demande l’Union européenne en contrepartie d’une exemption de visa pour les Turcs, a martelé le président turc Recep Tayyip Erdogan, intervenant vendredi dernier à Istanbul.
"Alors que la Turquie est attaquée par des organisations terroristes et des structures affiliées, l'UE nous demande de modifier la loi antiterroriste. On nous dit que c'est seulement dans ce cas que les visas seront abrogés. Dommage. Mais dans ce cas nous dirons: +Nous irons de notre côté et vous du vôtre. Entendez-vous avec qui vous pouvez+", s'est indigné l'homme fort du Bosphore, cité par la presse internationale.
Cette déclaration menace l’accord sur les migrants, qui pourrait tout bonnement devenir caduc.
"Nous ne pouvons pas nous permettre de faire ces changements alors qu’une lutte intensive contre le terrorisme est en cours", a pour sa part déclaré le ministre turc des Affaires européennes Volkan Bozkir.
En effet, la Turquie doit lutter sur plusieurs fronts, notamment contre les "terroristes kurdes" du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et du TAK (les Faucons de la libération du Kurdistan), les djihadistes de l'Etat islamique (EI ou Daech) et les gauchistes du DHKP-C (Front révolutionnaire de libération du peuple).
Quoi qu'il en soit, l'UE juge que la législation turque en matière de terrorisme est trop large. Ainsi, de nombreux journalistes et certains députés du HDP (Parti démocratique des peuples, pro-kurde) sont poursuivis pour "propagande d'une organisation terroriste". Le parlement du pays doit prochainement examiner les demandes de levée d'immunité de 41 des 80 députés que compte le HDP.
Recep Tayyip Erdogan est tout à fait conscient que ses positions sur les migrants sont solides et en profite pour faire chanter les Européens. Par ailleurs, il ne cesse de rappeler "la lassitude de la Turquie que l'on fait attendre depuis 50 ans à la porte de l'UE".
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