L'apanage des utopistes

Tribune libre

Croire naïvement que l'indépendance du Québec est sur le point de se concrétiser n'est rien de moins qu'une folle utopie. En effet, le projet indépendantiste, autrefois si cher au peuple québécois, semble s'essouffler de lui-même, faute de visibilité, d'idées neuves. Jamais, et ce depuis près d'un demi-siècle, la populace québécoise n'a semblée aussi indifférente face à son propre sort. Le peuple se complait dans son statut minoritaire et se contente des bribes de pouvoir que son oppresseur daigne bien lui accorder. L'idée d'indépendance nationale brille plus que jamais par son absence des grandes tribunes québécoises, tant à la télévision que dans les journaux. Comment alors espèrer sensibiliser la masse à la question? Vous me réponderez qu'il existe une panoplie de journaux, de forums et de conférences organisées par des militants, ici et là, qui s'efforcent à faire avancer la discussion. Et moi, je vous dis que les moyens trouvés par ces militants, bien que louables et baignés de bonnes intentions, ratent TOTALEMENT leur cible. Par exemple, les journaux spécialisés qui traitent d'indépendance et dont la maigre distribution ne suffit même pas à assurer une visibilité convenable à l'échelle du Québec, ne s'adressent qu'aux initiés. Leur lectorat est strictement composé de gens déjà vendus à la cause. C'est bien de leurs offrir une telle tribune afin de pouvoir sainement brasser les idées mais cela ne permet nullement le recrutement de troupes fraîches. Bien sûr, ils peuvent revendiquer de temps à autres l'adhésion de quelques nouveaux lecteurs (encore là probablement déjà convaincus du bien-fondé de la cause souverainiste) mais qu'en est-il de la masse? Combien de fédéralistes achètent ''L'Aut' Journal'' ou discutent sur votre forum(hormis les troubles-fêtes)? Combien?
Notre cause souffre, et cela depuis plusieurs années, d'anorexie quand à sa visibilité. Le fait que la grande majorité des médias soit entre les mains de fédéralistes colonisés de la pire race, qui, ayant viscéralement peur de déranger l'ordre établit, nous refusent toute tribune que ce soit, entretenant encore d'avantage la marginalisation du mouvement. On voudrait bien nous faire sentir à l'écart de la société ''bien-pensante'': d'un côté les gens au pouvoir, autant économique que politique, et les dirigeants des médias; de l'autre, les méchants ''séparatistes'' qui en veulent à l'ordre et au bon fonctionnement du Canada. Seulement, notre cause n'a de radicale que la définition que ces mêmes biens-pensants en font. Nous ne voulons que la reconnaissance du droit le plus fondamental d'entre tous: celui d'accèder à la LIBERTÉ!
Pour y parvenir, nous nous devons de faire rayonner nos points de vues sur le plus de tribunes possibles, et ce, à tout prix. Ca ne risque pas d'être chose facile; dois-je vous rappeler qu'à une autre époque, le F.L.Q., organisation pourtant bien connue, fût obligée de commettre divers coups d'éclats(bombes, enlèvement ect...) afin de réussir à faire diffuser ses idées sur les grands forums médiatiques. Sans préconiser de telles méthodes, je crois que le mouvement se voit dans l'urgence de remédier à ce problème criant, car pendant que nous discutons ici-bas, la jeunesse, elle, grandit et se développe imbibée des prises de positions des medias, qui, quasi exclusivement neutres ou fédéralistes, ne les prédisposent en rien à poursuivre le combat pour la liberté. La lutte sera ardue mais, à vaincre sans difficultés, il n'y a point de mérite.
Cordialement,
Olivier Rancourt


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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 février 2010

    Oui exactement, je seconde celui qui demande ''Quelles idées nouvelles cette cause a-t-elle besoin?''. La seule idée neuve nécessaire était la façon d'adhérer à la mondialisation. Les années '90 nous ont démontré l'urgence de la necessité d'exister puis, M.Parizeau nous à taillé notre clé pour l'avenir avec son immense talent d'économiste. On a seulement pas pris cette clé. C'est tragique.
    J'ose espérer que la majorité du peuple Québécois sait qu'il n'est pas représenté ni au plan politique, ni au plan médiatique, ni au plan culturel mais qu'il n'oubli jamais son objectif ultime.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 février 2010


    Petits gestes - Autocollants :
    L'Indépendance maintenant !
    Québec République et français.
    Québec français !

  • Rodrigue Larose Répondre

    7 février 2010

    Des médias désolidarisés
    Au Québec, depuis toujours, les médias écrits et parlés francophones ont pris fait et cause pour la qualité du français. Sous cet aspect, ls se sont solidarisés avec la majorité francophone. Avec succès. Quant à l'indépendance du Québec...
    Après une cinquantaine d’années, si le Québec n'est pas parvenu à son indépendance, c’est largement dû aux médias écrits et parlés francophones qui se sont désolidarisés de la majorité francophone. Ils se sont plutôt solidarisés avec les adversaires, avec la majorité canadienne anglophone.
    Sans la solidarité de nos médias de masse avec la majorité francophone, le pays du Québec tarde, comme le déplore monsieur Rancourt.
    Rodrigue Larose

  • Archives de Vigile Répondre

    7 février 2010

    Monsieur Rancourt,
    J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre texte qui est très explicite de la situation politique que nous vivons présentement au Québec. Sans un média ou un journal quotidien qui pourrait faire contrepoids à la propagande de Gesca; l'indépendance aura du mal à se frayer un chemin pour être comprise par la population québécoise afin de pouvoir se réaliser. Ce midi, je lisais la chronique de Pratte qui affirmait sur Cyberpresse que le PQ, advenant la prochaine prise de pouvoir par ce parti, demanderait au gouvernement fédéral tous les pouvoirs en ce qui a trait à la langue, la culture et l'environnement. Encore l'étapisme à la Claude Morin! C'est vraiment une autre preuve que ce parti souhaite un statu quo amélioré dans la fédération canadienne.
    À la prochaine élection, j'aime mieux perdre mon vote pour le PI (Parti Indépendantiste) que de voter pour le PQ qui est en fin de compte, un parti fédéraliste voué aux intérêts canadiens comme le PLQ mais avec une petite teinte nationaliste. L'ancienne Union Nationale avec son concept d'autonomie était plus souverainiste que le PQ; cet ancien parti (l'Union Nationale) a mené des gros combats pour le Québec qui nous ont fait évolué et respecté par le ROC (Rest of Canada) Le PQ avec ses 2 référendums perdus devrait disparaître de la carte du Québec; je ne pleurerai pas sa disparition. Ce sont des "loosers"! Un autre parti tel que le PI (Parti Indépendantiste) saura bien prendre la relève et éventuellement nous mener à l'indépendance. Il faut oublier le PQ et regarder vers l'avenir avec le PI. Il faut leur faire confiance!
    André Gignac le 7/2/10

  • Archives de Vigile Répondre

    7 février 2010

    Bonjour M. Rancourt,
    vous dites ici l'essentiel de ce que je dis sur Vigile depuis quelques années. Il y a toujours des gens qui y voient du mépris de notre peuple alors que nous voulons juste que les militants se réveillent et se rendent compte que nous sommes dans le champ, que les discours indépendantistes ne sont pas pris au sérieux, et que les combats ponctuels n'apportent que des victoires éphémères.
    Il faut faire autrement, il faut construire, il faut exister dans l'espace public. Que le PQ soit au pouvoir ou non, étant donné ce qu'il est et ce qu'il fait, ça ne changera rien. Je tiens absolument à ce que les militants comprennent ce qu'ils font en confortant le PQ.
    Il y a des gens ici sur Vigile qui travaillent fort pour que cela ne change pas. S'il y a une chose possible peut-être, c'est bien de les faire se réveiller. Ces militants ne voient pas clairs, ils veulent que le PQ soit porté au pouvoir et on verra après. Ces militants refusent de réfléchir à long terme et nous condamnent à tourner en rond pendant de nombreuses années encore. Ce militantisme aveugle a donné vie et pérennité au PQ, mais n'a jamais fait avancer d'un iota la cause de l'indépendance. Et ils veulent que ça continue.


  • Gilles Bousquet Répondre

    7 février 2010

    À la place d’attendre tout d’un parti politique, comme les sondages indiquent qu'il y a environ 45 % de souverainistes au Québec, si chacun réussissait à convaincre, avec ses propres arguments, un seul fédéraliste du mérite de la souveraineté du Québec, ça ferait 90 % de souverainistes...à peu près, en principe mais, les fédéralistes qui le sont encore sont assez irréductibles. Ça prend de bons arguments et aussi, de la longueur de temps, même pour nos immigrants.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    7 février 2010

    @ Olivier Rancourt:
    «En effet, le projet indépendantiste, autrefois si cher au peuple québécois, semble s’essouffler de lui-même, faute de visibilité, d’idées neuves.»
    Pourquoi, des idées neuves? Les raisons de faire l'indépendance sont demeurées sensiblement les mêmes. Quoique, avec la mondialisation, d'autres raisons encore ont vu le jour. Mais le projet demeure essentiellement le même, et pour les mêmes excellentes raisons fondamentales. Et pour d'autres encore, aujourd'hui!
    Trop de Québécois voient le projet indépendantiste, comme une idée plus ou moins à la mode (ou démodée); ou comme un «trip» de baby boomers... Et à mon humble avis, c'est cela qui est en train de nous tuer, comme peuple et comme nation.

  • Colette Provost Répondre

    7 février 2010

    S'il est vrai que la presse fédéraliste ne nous fait pas de cadeaux, et qu'elle décrit la "populace québécoise" comme indifférente, il n'est pas exact que le peuple se complaise dans son statut minoritaire.
    Non, le peuple n'a, vous le dites, que des bribes de pouvoir et n'a pas le choix de s'en contenter, avec une grande tristesse qui donne une fausse impression d'apathie. Il ne faut pas lui jeter la pierre mais plutôt lui rappeler sans cesse sa propre force, qu'il a tendance à oublier.
    La mode est au dénigrement, mère de la perte de confiance. Ne nous laissons pas vaincre.
    Et merci pour votre texte.