Intimidation

L'école un milieu de vie. L'aurait-on oublié ?

Tribune libre

Avant même d’être une institution d’enseignement, l’école est un milieu de vie, une société en soi. On doit y apprendre les bases de la vie en société. Et cela ne saurait se faire que dans les salles de cours. Malheureusement, il semble que le personnel de plusieurs écoles soient complètement dépassé par ce qui se passe en dehors des classes. Ainsi, on peut observer dans les corridors, la salle des casiers, la cafétéria, la cours de l’école et en d’autres endroits de l’école plusieurs comportements intolérables en société, tels que l’intimidation, le harcèlement, la violence, la vente de drogue, le vol, le vandalisme,… Force est de conclure que les membres du personnel de plusieurs écoles ont perdu le contrôle du milieu de vie qu’ils offrent à leurs élèves.
Autorité et discipline
Dans toute société, l’autorité et la discipline sont essentielles. Il en va de même à l’école. Si les élèves ne constatent pas très clairement que leur comportement est soumis à l’autorité et à la discipline dicté dans le code de conduite de l’école, ce dernier demeure de vains mots et tous les dérapages sont possibles.
Le ou les directeurs de l’école ont le devoir d’incarner cette autorité en se présentant, par exemple, et plusieurs fois par semaine, aux portes de l’école à l’arrivée des élèves. Le directeur doit circuler dans l’école le plus souvent possible pour observer le comportement des uns et des autres et intervenir lui-même. Il est le patron de l’école et il représente le patron que les jeunes auront au travail à la fin de leurs études. Sa responsabilité ne saurait se limiter à l’administration et à la gestion des conventions collectives en vigueur sous son toit. Plus encore, le directeur d’école ne peut pas déléguer cette responsabilité à qui que ce soit au sein de son personnel. Les surveillants, les animateurs à la vie étudiantes, les travailleurs sociaux, les psychologues et autres ne peuvent pas agir à la place du directeur d’école, d’autant plus que plusieurs écoles sont dépourvues de tels intervenants. L’autorité doit se faire sentir du premier au dernier jour de l’école si elle veut enseigner le respect.
La discipline est une preuve d’amour. Lorsque la discipline fait défaut, le jeune ne se sent pas réellement aimé. En pareille circonstance, vous n’avez aucun amour à retourner à qui que se soit. Laissé à lui-même en dehors des heures de cours, l’élève a tout le loisir de s’abandonner à des comportements malheureux.
Il y a longtemps qu’on en parle : la discipline doit faire un retour en force à l’école. Et si le personnel ne répond pas à l’appel, qu’on s’allie des bénévoles de la communauté.
Pas de diplôme sans un comportement exemplaire
La note du comportement inscrite au bulletin de l’élève ne doit pas se limiter à ce qui déroule en classe. On peut être le préféré du professeur en classe et être le dernier des nigauds dans les corridors.
L’élève ne doit pas obtenir son diplôme s’il n’a pas un comportement exemplaire, s’il démontre ne pas être capable de se comporter comme il le faut dans la société qui l’attend. Les résultats académiques peuvent être à la hauteur des objectifs du programme d’enseignement sans pour autant démontrer la capacité de l’élève à comporter convenablement en société.
L’excuse de la famille
Plusieurs personnes renvoient la balle aux parents pour justifier les mauvais comportements de certains jeunes à l’école. Certes, la famille est le tout premier milieu de vie à modeler notre comportement. Mais il ne faut pas oublier que le jeune passe plus de temps à l’école que dans sa famille. Ainsi, plusieurs parents s’inquiètent des influences néfastes sur leurs enfants lorsqu’ils arrivent au secondaire selon la réputation de l’école et de sa clientèle. Tous les parents savent qu’ils perdent un part importante du contrôle qu’ils exercent sur leurs enfants une fois ces derniers à l’école. Bref, si la famille a une responsabilité, il ne faut pas oublier que l’école passe davantage de temps avec ses enfants.
La responsabilité de l’école est de corriger les mauvais comportements des élèves, peu importe de qui ils sont acquis. Le jeune doit donc trouver à l’école des modèles de comportement exemplaires, et au besoin, plus influents que ceux de sa famille.
Dévaloriser les jeunes ajoute au problème
Dévaloriser les jeunes en raison de leurs mauvais comportements n’est pas une bonne façon d’intervenir. Et à ceux qui croient qu’il s’agit de dévaloriser les mauvais comportements plutôt que les jeunes, je dis aussi que ce n’est pas une bonne façon d’intervenir.
Il faut prendre exemple sur l’opération Nez Rouge qui, plutôt que de dévaloriser les automobilistes et leur comportement fautif, lui dit : «Tu es si important et nous comprenons que tu ne veuilles pas abandonner ton automobile, que nous irons te chercher et nous irons te reconduire à la maison dans ton propre véhicule».
Bref, lutter contre de mauvais comportements ne saurait se faire avec succès sans un comportement de rechange valorisant.
Notes à Lucien Bouchard, ex-premier ministre du Québec
Dans votre lutte au déficit zéro il y a une dizaine d’années, vous avez vidé les écoles de plusieurs ressources d’aide aux jeunes. Et nous en payons toujours le prix aujourd’hui. Plusieurs jeunes furent victimes de vos coupures en éducation, y compris l’un de mes enfants, subitement privé d’orthopédagogue pour faire face à sa dyslexie. Il a mis plus de 10 ans à terminer ses études secondaires, voilà qui n’est pas très économique pour système.
Enfin, jamais auparavant je n’ai entendu parlé qu’un jeune soit disparu ou se soit suicidé en raison d’intimidation répétées à l’école. Je crois que vous avez une part de responsabilité dans ce qui nous arrive aujourd’hui parce que vous avez dépouillé nos système d’éducation de plusieurs des ressources d’aide aux jeunes. Vous avez affirmé récemment que le «Québec se dirige tout droit dans un mur». Sachez que vous avez à ce point usé les freins avec votre quête du déficit zéro que nous ne parvenons plus à ralentir.
Serge-André Guay
418-903-1911 (Lévis, Québec, Canada)
20 rue Duplessis,
Lévis, Québec, Canada.
G6V 2L1

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Serge-André Guay34 articles

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Marié et père de quatre enfants, Serge-André Guay est
né à Lévis (Québec, Canada) en 1957. De formation autodidacte et
travailleur autonome depuis 25 ans, il a tout d'abord été animateur,
commentateur, chroniqueur, journaliste, recherchiste et rédacteur en chef
au service de différents médias québécois et ontariens.

Puis, son expérience des médias et un stage de formation en Europe font de
lui un éducateur aux médias dont les interventions sont recherchées par le
milieu scolaire. Ensuite, à titre de consultant, l'utilité de ses plans
d'action en communication et en marketing est vite appréciée.

Depuis 1990, il développe une expertise hautement spécialisée en recherche
marketing, soit l'étude des motivations d'achat des consommateurs, axée sur
l'évaluation prédictive du potentiel commercial des produits et des
services, nouveaux et améliorés.

Pour ce faire, il retient la méthode et l'approche indirecte proposées par
le chercheur américain Louis Cheskin, à qui il accorde le titre de premier
scientifique du marketing.

Depuis, il a étudié les réactions sensorielles involontaires et les
réactions inconscientes de plus de 25,000 consommateurs dans le cadre de
plus d'une centaine d'études des motivations d'achat pour différents
manufacturiers et distributeurs canadiens.

Il a signé de nombreux articles et donné plusieurs conférences
percutantes. Il a aussi publié une série de vingt-quatre études traitant du
caractère scientifique du marketing sous le titre "Science & Marketing ",
Prédire le potentiel commercial des biens et des services". À ses yeux, le
marketing doit renouveler son efficacité sur des bases scientifiques
rigoureuses.

Il n'hésite pas à questionner les idées reçues. Animé par une profonde
réflexion sur la conscience et la condition humaine, il est un «
penseur-entrepreneur », à la fois fonceur et analytique.

En 2000, il écrit un essai de gouvernance personnel sous le titre J'aime
penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un
chacun se donne raison.

En juin 2003, il met sur pied la Fondation littéraire Fleur de Lys,
premier éditeur libraire francophone sans but lucratif en ligne sur
Internet





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5 commentaires

  • Patrice-Hans Perrier Répondre

    3 décembre 2011

    Me revoici, avec un dernier commentaire pour le temps des fêtes.
    À l'instar de Jean l'évangéliste, le dernier commentateur vient de nous semoncer de verte manière, mais avec raison.
    Oui, le mal est au coeur de notre société et dans les fibres de notre être.
    Il ne sert à rien de transférer nos responsabilités dans la cour du voisin, mais, et c'est tout le sens de la maïeutique (se connaître soi-même), le mal se combat par le bien.
    L'antidote au mal se trouve au coeur même de nos forces vives et c'est en lâchant prise que nous pouvons l'activer et en jouir.
    On ne fait pas le bien pour le bien, par principe ou obligation. Le bien procède des forces naturelles, les mêmes qui activent le mal, et il se nourrit à partir de l'acceptation de nos limites et de notre finitude.
    L'amour est l'antidote suprême. C'est par amour que nous construirons ce Québec tant espéré et désiré par certains de nos prophètes.
    Le frères André était un authentique thaumaturge qui, en dépit d'une constitution fragile, avait un pouvoir de guérison extraordinaire et savait réconforter ses visiteurs à tout moment.
    Nous, le peuple québécois, possédons des trésors d'humanité et de persévérance, nous avons su lutter contre des siècles d'adversité climatique et géopolitique.
    Ce qui nous menace, au plus profond de nous-même, c'est ce rêve américain que nos soi-disant libérateurs de la dite «Révolution tranquille» nous ont inoculé.
    Véritable curare, ce rêve frelaté s'est attaqué à nos défenses vitales et nous a dépossédé de nous-même.
    Sans marcher à reculons, ni renier les quelques avancées obtenues depuis les années 60, il faut savoir renouer avec les sources de notre génie propre, populaire.
    Ce génie coulait de source, emportant avec lui les connaissances de nos frères amérindiens, l'amour de la nature, le respect des traditions, la culture française, notre foi chrétienne (malgré une certaine oppression ecclésiale)et notre instinct grégaire et notre sens de la communauté.
    Il nous faut une antidote: nous guérir du chacun-pour-soi, du «au plus fort la poche», du «pas dans ma cour, mais dans la cour du voisin», de cette esprit matérialiste de pacotille qui nous fourvoie et de cette fuite en avant qui nous tient lieu d'évangile de la démission.
    Il nous faut redevenir nous-mêmes.
    Un joyeux temps des fêtes à tous et à toutes !

  • Archives de Vigile Répondre

    2 décembre 2011

    Les systèmes d'enseignement et de la santé, les deux plus importants milieux de notre société québécoise, sont délaissés, comme laissés à eux-même, par les autorités qui gèrent nos existences depuis trop d'années déjà.
    De façons graduelle depuis 1995, on détruit tout le meilleur de nos institutions au Québec, justement en commencant cette destruction sous le gouvernement Bouchard.
    Pour ne citer que ces erreurs là:
    - Une soi-disant recherche d'un déficit zéro d'une soi-disant dette du Québec.
    - Loi 116, voté en 1996, réduisant le nombre des conseils d’administration des établissements de santé publics et des régies régionales (1);
    - Virage ambulatoire soi-disant nécessaire pour des raisons économiques douteuses;
    - Mises à la retraite anticipées: Recencés en 1998, près de 14 000 départs d'infirmières-infirmiers d'expérience (2);
    - Fusions d'établissements de santé réduisant la qualité des services offerts;
    - Le milieu de la santé s'est dégradé depuis et n'a pas remonté la pente.
    De plus, en 1982 la nouvelle loi constitutionnelle du Canada oblige le Québec à ouvrir les portes de ses écoles anglaises aux enfants dont les parents ont étudié en anglais au primaire quelque part au Canada de même qu’à leurs enfants qui ont déjà commencé leurs études en anglais. Et le virage enseignant de 1997 de la ministre Pauline Marois quant à lui enfoncait le clou plus pronfondément sous le couvert d'un dit contenu culturel.
    Ce virage venait placer au second rang l'enseignement de la langue française, la reléguant au titre de «langue seconde» au Québec. L'enseignement de l'anglais commencait en 3e année du primaire. Cela étant confirmé dans l'énoncé politique de 1997 de mme Marois, dans un language empreint de sous-entendus multi-culturalistes de soi-disant ouverture sur le monde et la société. (3)
    C'était le début d'un étapisme d'ethnocide agressif du peuple Québécois qui ne se reconnait plus désormais.
    Je ne suis pas du milieu enseignant, mais il me semble que depuis les années 1980 et jusqu'à aujourd'hui les enseignants sont inondés de rapports et de «missives gouvernementales» (à défaut de connaître les bons termes) en constantes contradictions et modifications de toutes sortes soi-disant pour aider le système public. (4 et 5)
    Ceux qui forment les jeunes, dans des écoles à grandes surfaces, doivent se plier sans cesse à de nouvelles règles et consignes. Comment s'ajuster continuellement, voir à l'éducation et à la discipline de jeunes personnes dans une atmosphère aussi malsaine? À l'impossible nul n'est tenu.
    C'est devenu un milieu instabe, sans autorité et indiscipliné, bref sans ce dont ont besoin les jeunes, surtout à l'adolescence. Il est anormal que des jeunes, filles ou garçons, songent au suicide et passent même à l'acte.
    On peut raisonnablement penser qu'il y a derrière toutes ces réformes déguisées une volonté politique de nuire derrière une apparence d'études de cas (5) inutiles, surtout quand on constate les résultats médiocres transformés en soi-disant réussites par des personnes et des médias partisans du Canada anglophone et multi-ethnies.
    Tirez-en vos conclusions.
    [Réjean Pelletier, simple citoyen]
    (1) http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=5&file=1996C36F.PDF
    (2) http://www.chronijacques.qc.ca/1998/05/le-vrai-virage-tarde/
    (3) http://www.mels.gouv.qc.ca/reforme/pol_eco/ecole.htm
    (4) http://www.meq.gouv.qc.ca/40ans/historique.htm
    (5) http://www.jesuisjeserai.stat.gouv.qc.ca/etude.htm

  • Serge Jean Répondre

    2 décembre 2011

    Je crois que nous avons tous tort. Nous sommes des peureux qui ont peur de mettre leurs culottes tout seul sans l'aide des psy, des avocats, de la police,la religion , des fonctionnaires, de la cour, du gouvernement ect, et cétéra. Aimer ses semblables c'est aussi les sortir de la merde sans la merde. Qui défend la merde EST de la merde. La souveraineté c'est comme le soleil, ça ne se compartimente pas. Ceux qui croient connaître la vérité et ne l'appliquent pas ou qui larguent les problèmes dans les chaudrons de la procuration sont des lâches qui engendrent les lâches.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 décembre 2011

    Tout le monde oublie que nous envoyons 50 milliards$ de nos impôts et taxes à un gouvernement extérieur inutile et étranger à la nation québécoise alors que les écoles n'ont pas les ressources suffisantes pour s'occuper des menaces semblables.
    On met toujours la faute sur le gouvernement du Québec mais jamais sur ce pays étranger à notre nation qui gère 50 milliards de notre argent, pour acheter, entre autres, des F-35 à 1 milliard pièce ou autres folies semblables.
    Personne parle de cela chez nos petits politiciens professionnels provinciaux qui se crèpent le chignon comme des enfants dans les cours d'école.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    2 décembre 2011

    Mais n'est-il pas vrai monsieur Guay que nous vivons dans une société de la force et des rapports de force? Regardez combien on valorise présentement l'armée et les campagnes militaires. Regardez ce que font les pays "forts" aux pays "faibles".
    Regardez la compétition partout, pour les emplois, pour attirer la clientèle si on est commerçant etc...
    Le néolibéralisme n'est-il pas une forme de loi de la jungle? Les perdants de cette société ne sont-ils pas condamnés à vivre avec 575$ par mois à l'aide sociale? Et ces gens ne sont-ils pas bien souvent ostracisés, moqués et regardés de travers?
    Est-ce que nos grands décideurs à l'Assemblée nationale accepteraient eux de vivre avec 575$ par mois?
    La société que les jeunes ont devant les yeux n'est-elle pas une bonne partie du problème de l'intimidation à l'école?