L'effet Béchard

C'est la faute aux automobilistes...


Le plus étonnant dans l'évolution des prix de l'essence depuis deux mois, ce n'est pas qu'ils se situent à un niveau historiquement élevé. Non, ce qui frappe, c'est que le prix à la pompe a baissé alors que celui du pétrole brut n'a cessé d'augmenter.

Depuis le début de juin, le prix du brut a augmenté de plus de 10$US le baril. Durant la même période, le prix du litre d'essence ordinaire vendu à Montréal a glissé de 15 cents. Serait-ce que les pétrolières ont décidé de mettre la pédale douce à la suite des avertissements du ministre québécois des Ressources naturelles, Claude Béchard? Le ministre aimerait sans doute le croire (ou le faire croire). Mais ce n'est pas le cas.
À moins que l'influence de M. Béchard se fasse sentir à travers le monde! À Toronto, Vancouver, aux États-Unis, de même qu'en Europe, on assiste au même phénomène: depuis le début de l'été, les prix de l'essence ne semblent pas suivre ceux du pétrole brut. Selon les spécialistes, cette situation s'explique par l'augmentation des stocks d'essence aux États-Unis, augmentation qui a réduit la tension sur le marché et du même coup la pression sur les prix.
Les pétrolières canadiennes ne craignent pas Claude Béchard. Elles savent qu'aucun gouvernement n'a réussi à isoler son territoire du marché mondial du pétrole. Lorsque le ministre a fait sa dernière sortie, les sommant d'expliquer par écrit le sursaut survenu juste avant les vacances de la construction, elles n'ont pas bronché. Le bureau du ministre annonce maintenant un projet de loi qui imposera aux pétrolières de justifier toute hausse de prix. Le seul effet d'une telle loi, comme l'a bien résumé l'ancien ministre Joseph Facal dans sa chronique du Journal de Montréal, sera de "forcer l'adjoint au directeur des communications de chaque compagnie à préparer une lettre de trois paragraphes qui pourra resservir l'an prochain à pareille date".
Il est certes louable qu'un gouvernement prenne ainsi la défense des consommateurs. Toutefois, outre que la stratégie de M. Béchard est vouée à l'échec, elle a l'effet pervers de confirmer le consommateur dans son déni, c'est-à-dire dans l'illusion que si sa facture d'essence augmente, c'est à cause de la gourmandise des pétrolières, que lui-même n'y est pour rien. Or, si quelqu'un a une influence sur les prix de l'essence, c'est le consommateur. L'automobiliste québécois a tout simplement choisi de ne pas se servir de ce pouvoir.
Faites le test. Décidez que dorénavant, vous respecterez les limites de vitesse. Vous verrez la consommation d'essence de votre voiture diminuer substantiellement... en même temps que vous constaterez à quel point vous êtes l'exception sur la route. Or, ceux qui roulent à 120 km/h brûlent 20% plus d'essence que ceux qui respectent la limite permise.
Non seulement les Québécois roulent-ils vite, ils persistent à conduire des véhicules énergivores. Les ventes de voitures à faible consommation d'essence ont tardé à réagir à la hausse des prix du carburant; jusqu'à il y a quelques mois, les ventes de gros SUV se maintenaient. Les hybrides attirent de plus en plus l'attention mais leurs ventes restent marginales.
Si Claude Béchard voulait vraiment agir pour réduire la facture d'essence des Québécois, ce n'est pas aux pétrolières qu'il s'adresserait, mais aux automobilistes. Une telle stratégie serait certainement moins populaire à court terme. À la longue toutefois, elle aurait plus de chances d'être efficace.

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André Pratte878 articles

  • 308 206

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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