L'Église catholique et le gouvernement mondial

IDÉES

67. Face au développement irrésistible de l’interdépendance mondiale, et alors que nous sommes en présence d’une récession également mondiale, l’urgence de la réforme de l’Organisation des Nations Unies comme celle de l’architecture économique et financière internationale en vue de donner une réalité concrète au concept de famille des Nations, trouve un large écho. On ressent également fortement l’urgence de trouver des formes innovantes pour concrétiser le principe de la responsabilité de protéger [146] et pour accorder aux nations les plus pauvres une voix opérante dans les décisions communes. Cela est d’autant plus nécessaire pour la recherche d’un ordre politique, juridique et économique, susceptible d’accroître et d’orienter la collaboration internationale vers le développement solidaire de tous les peuples. Pour le gouvernement de l’économie mondiale, pour assainir les économies frappées par la crise, pour prévenir son aggravation et de plus grands déséquilibres, pour procéder à un souhaitable désarmement intégral, pour arriver à la sécurité alimentaire et à la paix, pour assurer la protection de l’environnement et pour réguler les flux migratoires, il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale telle qu’elle a déjà été esquissée par mon Prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII. Une telle Autorité devra être réglée par le droit, se conformer de manière cohérente aux principes de subsidiarité et de solidarité, être ordonnée à la réalisation du bien commun [147], s’engager pour la promotion d’un authentique développement humain intégral qui s’inspire des valeurs de l’amour et de la vérité. Cette Autorité devra en outre être reconnue par tous, jouir d’un pouvoir effectif pour assurer à chacun la sécurité, le respect de la justice et des droits [148]. Elle devra évidemment posséder la faculté de faire respecter ses décisions par les différentes parties, ainsi que les mesures coordonnées adoptées par les divers forums internationaux. En l’absence de ces conditions, le droit international, malgré les grands progrès accomplis dans divers domaines, risquerait en fait d’être conditionné par les équilibres de pouvoir entre les plus puissants. Le développement intégral des peuples et la collaboration internationale exigent que soit institué un degré supérieur d’organisation à l’échelle internationale de type subsidiaire pour la gouvernance de la mondialisation [149] et que soit finalement mis en place un ordre social conforme à l’ordre moral et au lien entre les sphères morale et sociale, entre le politique et la sphère économique et civile que prévoyait déjà le Statut des Nations Unies.
Source: LETTRE ENCYCLIQUE
CARITAS IN VERITATE
DU SOUVERAIN PONTIFE
BENOÎT XVI


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    27 juin 2012

    Ce que nous ne parvenons pas à réaliser au niveau de nos municipalités, de nos quartiers, de nos régions, de nos états, et encore moins au niveau des Nations Unies et des Églises ne saurait surgir miraculeusement d'une gouvernance mondiale, inévitablement sous contrôle d'une puissance quelconque dont les intérêts et les préoccupations seront toujours en deçà des intérêts de l'humanité entière.
    Tout repose sur le développement d’une conscience humaine, toujours plus ouverte et solidaire. Les structures et les organigrammes qui ne sont pas fermement amarrés aux consciences qui les projettent vers une humanité plus large, prendront vite la dérive de la récupération et finiront par ne servir que ceux qui les auront récupérés. Intellectuellement, c'est évidemment un grand rêve, mais la nature étant ce qu'elle est, le rêve est souvent loin de la réalité. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’évolution, par en avant de l’humanité, ne viendra pas des grandes architectures institutionnelles encadrant les hommes, les femmes et les enfants de toutes les nations, de toutes les couleurs, de toutes les croyances, etc., mais de la capacité de faire passer, du dehors au dedans de chaque être humain, l’architecture d’un Homme nouveau, d’une Humanité nouvelle. En somme, passer de la loi impérative à la conscience responsable.
    Je pense que Benoît XVI est bien placé pour comprendre que les structures aux dimensions mondiales ne permettent pas, autant que souhaité, la réalisation de ce grand rêve d’une communauté humaine à la dimension mondiale. L’Église qu’il dirige avec les dogmes, les cultes et un message universel n’arrive pas à créer cette communauté. Elle en est même à un déclin. Lui, le premier, devrait comprendre que la structure d’encadrement et les codes de moralité ne conduisent pas toujours là où l’on voudrait aller.
    Entre les fleurs des champs qui poussent sans la main du jardinier, et celles des parterres fleuries de toutes les espèces, ordonnées par les fleuristes, je préfère, à bien y penser, les fleurs des champs. Toutes les espèces peuvent s’y retrouver et les guêpes, les abeilles et toutes les autres espèces y trouvent leur délice.
    S’il y a une nature humaine qui doit nous regrouper tous et toutes,elle ne pourra surgir que de l’intérieur. Pour le moment, l’intérieur est porté par chaque personne humaine et les relations humaines qu’elle tisse.
    « « Il se fera dans les derniers jours, dit le Seigneur, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Alors vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards des songes. » Act, 2,17
    « Je mettrai ma loi au dedans d'eux, Je l'écrirai dans leur coeur » Jr 31,33
    « Ils n'auront plus à instruire chacun son prochain, chacun son frère, en disant : «Ayez la connaissance de Yahvé!» Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu'aux plus grands, oracle de Yahvé. » Jré 31,34