L’auteur est un ancien Chef de Pessamit. Il est l’auteur du roman Nutshimit, Vers l’intérieur des terres et des esprits (Éditions Atikupit, 2019).
L’auteur réplique au texte d’André Dudemaine, cofondateur et directeur artistique du festival Présence autochtone, paru dans Le Devoir du 14 novembre 2019, qui se portait à la défense de Marie-Josée Parent, conseillère municipale de Montréal, et de sa sœur André-Yanne, dont on a remis en cause les ascendances autochtones. « Au-delà de la génétique, serait-il possible de penser autrement l’appartenance ? », écrivait André Dudemaine. (NDLR)
Il est fort probable que Éric P.Thisdale – chercheur ayant effectué des recherches pour divers Conseils de Bandes au Québec ainsi que pour le registraire des Bandes – ait manqué l’étape du contact direct avec Marie-Josée Parent pour s’assurer d’une version qualitativement crédible de son identité et recueillir des données extraordinaires qui ne peuvent être documentées dans les archives officielles.
Toutefois, si j’extrapole sur le vécu professionnel de madame Parent et sur le rayonnement public de son identité autochtone, convenue durant toutes ces années, elle aurait pu au moins prouver accessoirement par des documents comme des cartes ou d’autres attestations de son appartenance à un groupe national autochtone ou d’une identité légitime. Ses proches collaborateurs et ses mandants auraient dû savoir qu’elle était concrètement et correctement membre d’une Première Nation hors réserve ou sur réserve. Ces derniers termes que j’utilise sont fiduciaires et à portée législative.
La question d’une nouvelle souveraineté autochtone est soulevée à la mesure des individus dont les identités sont ombrageuses et ombragées par la succession des générations et les multiples mixages. Cette conception de la souveraineté est à la fois trop inclusive des personnes qui n’auraient aucune appartenance à un groupe autochtone, mais une appartenance énormément civique qui multiplierait les adhésions incompatibles avec les coutumes, les valeurs et les règles internes des Premières Nations.
Les Premières Nations ont de tout temps visé une attitude, modérément ou brusquement, de fermeture à une règle de citoyenneté ouverte, sans compromis, qui éventuellement amènerait une mort à terme des peuples autochtones.
M. Dudemaine remercie les sœurs Parent pour leurs contributions; il aurait préféré que l’on puisse reconnaître de manière symbolique à certains individus leur apport au recul du colonialisme et à l’avancée de la réconciliation. Cette tactique est outrageante. Faudrait-il reconnaître une identité symbolique autochtone à tous ces Indian Lovers, qui décident et agissent au nom des Premières Nations et utilisent le processus de réconciliation pour réaliser leur propre fantasme identitaire et leur égo professionnel.
Rien de ce qui se passe dans le Jet Set Autochtone Urbain de Montréal n’a d’impact significatif sur nos vies dans nos communautés, qui sont aux prises avec de graves problèmes endémiques. Le problème des urbains autochtones déborde du cadre du seul problème ethnico-génétique de Marie Josée Parent. Les dessous de ce problème sont beaucoup plus symptomatiques d’une fausse représentation et d’un vol collectif d’identités, qui étranglent les progrès de l’auto-détermination de Nations Autochtones et de leur identité ethnique.
Cette diaspora autochtone urbaine – quoique plusieurs membres soient honnêtes et aient un sens d’appartenance sans équivoque à leur communauté – est une aberration politique et administrative. Elle est un pivot pour la manipulation par personnes interposées et organismes illégitimes des règles de financement et de la répression des orientations et des actions des Premiers Peuples par les sponsors gouvernementaux.
Le colonialisme répressif est fait de collaborateurs diversitaires en symbiose avec des objectifs de fausse identité et d’une souveraineté civique tous azimuts. L’APNQL devrait demander des enquêtes criminelles et de juricomptabilité sur les organismes autochtones urbains de Montréal au lieu de sauver la tête de Madame Parent.