Le ministre français de l'Immigration, Eric Besson, vient d'ouvrir la boîte de Pandore. Elle s'appelle l'identité nationale. Depuis le 2 novembre, date à laquelle ce transfuge du Parti socialiste a lancé un débat devant se terminant à la fin de février prochain, le site mis sur pied pour recueillir les commentaires des citoyens est inondé, envahi. En fait, le ministère a été débordé, le sujet aiguisant les passions comme d'ailleurs les haines.
Sur l'aspect technologique, le site Internet, il faut s'arrêter, car symbolisant l'ampleur constatée à peine le ministre concerné avait conclu son annonce. Les autorités avaient prévu, calculé, qu'une personne et une seule suffirait à la tâche. En moins d'une heure, ils ont réalisé qu'il fallait en rajouter une deuxième puis une troisième, une quatrième, etc. Pour faire court, au bout de 24 heures ils ont convenu que le flux d'opinions commandait que contrat soit donné à une firme informatique.
Restons dans la sphère technologique pour mieux souligner qu'encore une fois les sociologues, du moins ceux initiés à la communication, n'ont pas été entendus, le sujet demeurant la propriété exclusive des politiciens, des politologues, de quelques philosophes et de commentateurs ayant fait de la chose leur fonds de commerce. De quoi s'agit-il? L'adhésion à un socle commun de valeurs et de culture qu'appellent de leurs voeux le président Sarkozy et son ministre Besson est beaucoup plus complexe, difficile et hasardeuse qu'elle l'était dans le temps.
La raison en est simple: le développement des nouvelles technologies combiné à un essor très prononcé des chaînes de télévision et autres ont produit un éclatement identitaire, une montée en puissance de l'individualisme, sans oublier l'implosion géographique des cultures qui font de l'exercice une mission quasi impossible. Autant il était facile ou aisé de s'adapter lorsque, par exemple, les chaînes télé se comptaient sur les doigts d'une main parce que des personnes, grosso modo il va sans dire, discutaient de la même émission qu'ils avaient vue en même temps, autant aujourd'hui cela relève des travaux d'Hercule.
Cela étant, l'initiative de Besson s'avère le reflet du caractère inquiétant d'un fait politique aux portées énormes: la panne de l'Europe. L'affaiblissement du projet européen, le ralentissement de sa construction, est la conséquence et non la cause, comme certains le prétendent, de la résurgence des nationalismes ici et là en Europe. Or sur le Vieux Continent, on l'oublie parfois de ce côté-ci de l'Atlantique, il y a une promiscuité géographique, une densité de cultures, une concentration d'histoires qui l'ont souvent ensanglanté. Cela, on l'ignore trop souvent.
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