CONFLIT EN UKRAINE

Le maître du jeu

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Certains trouvent ça dur à avaler

L’Ukraine, la Russie ainsi que l’Europe sont rassemblées, si l’on peut dire, dans la zone de l’entre-deux. Plus précisément entre la paix ou l’escalade. Le maître du jeu ? Il s’appelle Vladimir Poutine. Au terme d’une rencontre avec François Hollande et Angela Merkel, il vient de promettre un accord pour la « préparation » d’un futur plan de paix.
Au cours des allers-retours diplomatiques constatés ces jours-ci entre Kiev, Moscou, Berlin et Paris, sans omettre le sommet de l’OTAN à Bruxelles le 5 février dernier, les mots prononcés par François Hollande pour expliquer cette soudaine addition de rencontres ont eu une résonance particulière : tout doit être fait pour « éviter une guerre totale » en Ukraine. Autrement dit, une guerre totale en Europe.

De prime abord, on pourrait être enclin à ranger les propos du président français à la rubrique du pessimisme absolu. Il n’en est rien. Il se trouve en effet que les accords de Minsk (entérinés en septembre dernier et qui prévoyaient l’imposition d’un cessez-le-feu et la fédéralisation des régions russophones enclavées dans l’Est contre le respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine) n’ayant jamais été respectés, ils demeurent cinq mois plus tard l’objectif à atteindre.

Le hic, c’est que le but souhaité par Hollande, Merkel et le président ukrainien, Petro Porochenko, présente désormais un coefficient de difficulté autrement plus élevé que celui afférent aux négociations de septembre 2014. Tout d’abord, on retiendra que les sursauts de violence des derniers mois ont passablement alourdi l’inventaire du sang : la majorité des 5400 personnes tuées l’ont été depuis l’accord évoqué. Ce faisant, on s’en doute, ce bilan a passablement aiguisé le terrible sentiment de revanche. À preuve, on a observé qu’au cours des récentes semaines des Lettons russophones ont rejoint les bataillons des Ukrainiens russophones répondant ainsi aux appels des médias russes qui clament et martèlent jusqu’à plus soif que l’Occident veut affaiblir durablement la Sainte Russie.

Ensuite, il y a ceci : lors de leur rencontre de mercredi dernier, les membres de l’OTAN ont décrété la composition d’une force ultrarapide de 5000 soldats. Ils ont hissé de 13 000 à 30 000 le nombre de militaires regroupés au sein de la force de réaction. Enfin, ils ont décidé l’installation d’un nouveau quartier général dans l’ouest de la Pologne. On voudrait faire rouler les tambours de la guerre qu’évidemment on ne s’y prendrait pas autrement. D’ailleurs, et comme dans le Candide de Voltaire, Poutine ayant entendu le Te Deum militariste de l’OTAN, il a ordonné que 7000 militaires basés en Sibérie mènent un exercice avec les armes lourdes et que des hélicoptères en fassent autant le long de la frontière avec l’Ukraine.

Si l’on a rapporté les modifications apportées à la toile de fond du dossier, c’est afin de mieux insister sur ce qui reste tout de même étrange, soit que Poutine, Hollande et Merkel ont claironné avoir conclu un accord sur la préparation d’un accord de paix. On voudrait épaissir le brouillard qui plane sur ce conflit qu’on emprunterait à ces derniers leurs mots et leurs promesses. Un accord pour préparer un accord d’un futur plan de paix qui, si l’on a bien compris, sera une copie carbone de l’accord de paix conclu en septembre…

Dans cette histoire complexe à souhait, il faut maintenant introduire l’avantage énorme dont Poutine dispose et dont il a su user avec doigté jusqu’à présent. Quel est-il ? Rongée par 25 ans de corruption, l’armée officielle ukrainienne n’est pas à la hauteur. À un point tel qu’elle éprouve, dit-on, toutes les difficultés du monde à alimenter ses soldats. Cela étant souligné, Poutine est en mesure de commander la paix ou la guerre. On le répète : il est le maître du jeu.


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