Indépendance du Québec 332

L'inquiétude nationaliste québécoise

Entre la tension forte des indépendantistes et la force d’inertie des souverainistes-étapistes-associationnistes ou de la réforme

Chronique de Bruno Deshaies


Le nationalisme québécois est ambigu ; il ne parvient pas à choisir entre le credo indépendantiste véritable et celui du fédéraliste polymorphe.
Tout internaute qui navigue sur le site Internet monumental de VIGILE prendra conscience de l’ampleur du malaise qui sous-tend notre débat national. Il découvrira, selon nous, la tension très forte qui existe à la base de la psyché collective québécoise. Cette tension explique en grande partie l’atavisme de notre nationalisme traditionnel qui a pris lentement racine après la première génération de Canadiens qui a suivi la défaite de 1760. Depuis, les Canadiens français n’ont jamais pu se libérer des effets à long terme de la conquête et de la domination britannique sur place qui a suivi.
La série de chroniques consacrées à l’histoire du DEUXIÈME CANADA est très explicite sur ce point. Comme collectivité nationale, le peuple québécois vit sous l’emprise de son ANNEXION au Canada-Anglais. Maurice Séguin déclarait, en 1961-962, que « la notion d’indépendance s’applique à une société et non à un territoire (v. g. : dans un château, un seul maître) ».
La 40e élection générale au Canada depuis 1867 s’inscrit dans la philosophie politique du Majeur (c’est-à-dire de la majorité canadienne-anglaise) au Canada et de l’esprit du British North American Act (c’est-à-dire des institutions fédérales hautement centralisées prévues dès 1867). Il est vain d’imaginer, même aujourd’hui, que le Majeur offrira sur un plateau d’argent au Mineur (c’est-à-dire à la minorité canadienne-française ou québécoise-française) plus de pouvoirs qu’il n’en possède en ce moment et depuis 1867. Même si le Mineur devient plus revendicateur ou plus énergique, il ne doit pas sous-estimer le fait que le Majeur est devenu plus puissant et mieux instrumentalisé depuis 1867. En d’autres termes, cessons de rêver d’un Canada réformé par des revendications québécoises ou par des prétentions de gestes de souveraineté à court terme. Du bluff ! Tout cela, c’est du bricolage de fédéralistes qui s’ignorent.
Les indépendantistes québécois ont une mission prioritaire à accomplir : faire l’unité québécoise (c’est-à-dire d’une majorité d’entre eux dans l’esprit démocratique). C’est le premier objectif. Dans un second temps, ils doivent influencer le monde politique qui a la responsabilité de la destinée du Québec dans l’optique indépendantiste (par opposition à l’optique fédéraliste et aux prétentions nationalistes réservées à l’unité canadienne). À cet égard, tous les discours réformistes sont vains, absolument vains, nous ne le répéterons jamais assez.
Le Canada-Anglais ne bougera jamais d’un iota à court, moyen et long terme. Ce n’est plus une question d’avoir raison ou pas mais de vie ou de mort lente. C’est une lutte entre deux nationalismes au Canada. S’imaginer que le Canada jouera au paternel et libérera le Québec de son statut de « province », c’est-à-dire de pays conquis, c’est véritablement ignorer l’histoire de l’humanité. C’est ce qu’on appelle, ni plus ni moins, de l’ignorance crasse.
Rappelons que l’inquiétude nationaliste du Canada-Anglais face aux États-Unis n’incite pas à diminuer l’impact que pourrait avoir la tension forte des indépendantistes. Tout au contraire. Il doit réduire le Québec à demeurer perpétuellement une succursale d’Ottawa. Le « gouverneur » Jean Charest semble répondre parfaitement à la commande d’Ottawa. Et ce n’est pas le désir de gouvernance souverainiste de Pauline Marois qui fera changer de cap les objectifs fondamentaux de toute la politique canadian à l’égard du Québec.
L’inquiétude nationaliste québécoise ne prendra jamais fin, si l’objectif de l’indépendance n’est pas atteint par la mise en place d’une vaste réunion des forces indépendantistes dans la population et la société québécoise. Il va de soi que cette mission nationale dépasse tous les partis politiques du Québec.
Bruno Deshaies
[
http://blogscienceshumaines.blogspot.com/-> http://blogscienceshumaines.blogspot.com/]
Supplément à cette chronique :
LE FÉDÉRALISME, LA LOI CONSTITUTIONNELLE DE 1867 ET LES QUÉBÉCOIS
La déprogrammation mentale des Québécois-Français

Chronique de Bruno Deshaies
Vigile.Net jeudi 30 novembre 2000
_ http://www.rond-point.qc.ca/histoire/federalisme.html
_ Version révisée : 11.09.2008
Pour les deux références antérieures à cette chronique :
[
http://archives.vigile.net/00-11/deshaies-35.html-> http://archives.vigile.net/00-11/deshaies-35.html]

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Bruno Deshaies209 articles

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BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).

Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).

Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.





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6 commentaires

  • Michel Guay Répondre

    12 septembre 2008

    La Nation Québecoise âgée de 474 ans sous gouverne extérieure depuis 1534 demande à naître au monde spécialement depuis les Révoltes Tranquilles des années 1960 , mais par manque d'unité sans chef persistant et sans médias de combats nous n'y arrivons pas.
    Certains ont peur de la véritable indépendance d'autres se croient incapables de s'ouvrir au monde d'autres pensent que ce sont des étrangers qui nous font vivre, d'autres s'anglicisent à LPS CANADA croyant à force de propagande 24 heurs par jour que notre langue française n'est pas une langue internationale , d'autres n'arrivent pas à comprendre que l'indépendance est incontournable pour éviter la mort de notre nation francophone , d'autres détestent les indépendants et adulent la dépendance , d'autres promettent de partitionnner les territoires Québecois en cas d'indépendance etc.....
    Propagande Canada blesse à mort la nation Québecoise qui se divise de plus en plus au lieu de s'unifier pour se décoloniser au lieu de voter pour ceux qui croient que nous méritons vraiment de vivre et de bien vivre .
    Alllons debout au combat comme un seul homme et préparons, réalisons et vivons, donc organisons et fêtons notre LIBÉRATION
    Nous ne sommes pas une nation pour la mort dans l'assimilatrion anglicisation.
    Notre maladie collective coloniale n'est pas incurable.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 septembre 2008

    @ M Bruno Deshaies
    Vous dites...
    « Sommes nous déjà à moitié cuit ? »
    Sans doute !
    Ce pourquoi, pour enfoncer l'ordre Majeur dont vous parlez, je propose d'invalider le caractère Majeur qu'il se donne, pour le démocratiquement subordonner à l'ordre Majeur que le peuple démocratique et souverain est en droit de se donner. D'autant que ce faux Majeur là, impose à l'ordre Mineur que nous serions, exactement ce que nous lui imposerions pour nous rétablir dans cet ordre Majeur que le peuple démocratique et souverain se doit habiter... en démocratie du moins.
    Un reversement paradigmatique donc.
    Comme si la grenouille, engourdie de chaleur se rappelait qu'elle a des pattes...
    Si nous sommes une grenouille, nous sommes quelques cellules de son cerveau, parmi celles qui ne sont pas engourdies protégées qu'elles sont par le fait de n'être pas dans l'eau... et qui lui rappellent à son bon souvenir le fait qu'elle a des pattes, et qui lui commande de mettre les muscles de ses puissantes cuisses en mouvement... avant que complètement nous cuissions !
    Quelques secondes suffisent... avant que l'eau ne boue !
    Luc A.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 septembre 2008

    12 août 2008 Bruno Deshaies
    « La grenouille dans la marmite d’eau : sommes-nous déjà à moitié cuit ? »
    (ou THE BOILED FROG SYNDROME)

    Que pouvons-nous ajouter ?
    Voici l’expérience décrite par Olivier Clerc.
    Imaginez une marmite remplie d’eau froide, dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite. L’eau chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue de nager.
    La température commence à grimper. L’eau est chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille, mais elle ne s’affole pas pour autant, surtout que la chaleur tend à la fatiguer et à l’engourdir.

    L’eau est vraiment chaude, maintenant. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle est aussi affaiblie, alors elle supporte, elle s’efforce de s’adapter et ne fait rien.

    La température de l’eau va ainsi continuer de monter progressivement, sans changement brusque, jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir, sans jamais s’être extraite de la marmite.
    Plongée d’un coup dans une marmite à 50o C, la même grenouille donnerait immédiatement un coup de patte et se retrouverait dehors. (1)
    Cette expérience (2) est riche d’enseignements. Elle nous montre qu’une détérioration suffisamment lente échappe à notre conscience et ne suscite, la plupart du temps, pas de réaction, pas d’opposition, pas de révolte de notre part. N’est-ce pas précisément ce que nous observons dans de nombreux domaines ?
    Notes de l’auteur :
    (1) Il semble que cette allégorie ait été présentée la première fois dans le livre de Marty Rubin, publié par Alyson Publications en 1987, The Boiled Frog Syndrome.
    (2)… que je ne recommande évidemment pas.
    Référence : La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite, Édition Marabout, 2008.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 septembre 2008

    @ M. Deshaies
    Vous dites :

    « Le Canada-Anglais ne bougera jamais d’un iota à court, moyen et long terme. »
    Vous me semblez avoir tout à fait raison quant aux revendications nationalistes demandant plus de pouvoir et d'autonomie au Canada, à Ottawa.
    Cependant... Tant et aussi longtemps que cette rigidité s'accompagnera de menaces de représailles économiques, politiques, culturelles ou émotives, le peuple du Québec aura de la difficulté à affronter telles menaces. Cela se comprend...
    Par contre, ce que nous pourrions faire est de fonder l'État souverain, non pas sur le PQ, fondateur de l'État, sur ses chefs, les personnes qui à tel moment inspirent ou pas la confiance, mieux que ce qu'inspirent les chefs fédéralistes qui sont en place à ce moment-là, mais bien sur le peuple souverain du Québec...
    Pour l'heure et depuis la fondation du PQ, nous en sommes là... René Lévesque contre Pierre Elliott Trudeau, le triade Jacques Parizeau/Lucien Bouchard/Mario Dumont, contre le tandem Jean Chrétien/Jean Charest.... qui a bien failli laisser passer les premiers n'eut été le chantage émotif de la manifestation de « l'Amour infini » financée à grands frais par le Canada, habilité à ne pas avoir à se soumettre aux lois du Québec en matière de financement des camps du OUI et du NON.
    Ce qui nous place dans une situation de concurrence entre deux élites d'un même peuple, l'une canadianisatrice, l'autre souverainiste... Toutes deux voulant la limousine avec le « flag sur le hood » Il fallait bien un p'tit gars de Shawinigan tout fier du sien pour faire de la projection quant aux motivations de ses adversaires... Mais le peuple n'en a pas moins cru le principe... Et... l'image exprime bien le lieu commun qui me semble malgré tout partie de la dynamique... le peuple est spectateur d'un combat divertissant, à la grande joie des canadianisateurs, car le pain qu'il nous procure, et ces jeux, font bien leur affaire... et ils savent mettre le prix pour acheter des adhésions électives, La Presse en est l'un des vecteurs forts lucratifs...
    Dans une optique de création d'un État... cela nous piège... on aura beau vouloir tenter toutes les unions que possible... il se trouvera toujours de bons soldats pour reluquer la solde et les avantages que procurent le fait d'adhérer à l'État qui existe déjà... et qui tient les cordons serrés de ses institutions et de la bourse qu'elles procurent...
    Ce pourquoi, je m'attaquerais à ces Institutions d'abord... en reléguant la question de l'État au second rôle... Pourquoi... parce que l'État qui devrait être l'émanation du peuple n'est dans cet État du Canada, que la propriété des élites qui le contrôlent... qui n'est qu'un objet dans les mains de celles et ceux qui le possèdent... Ainsi, le PQ, ses membres, ses dirigeants, sont perçus comme voulant posséder un État, jaloux qu'ils seraient de ne pouvoir posséder l'État du Canada... Ainsi, il s'agit non tant de créer l'État souverain du peuple souverain du Québec, que de savoir si on veut ou pas donner cet objet qui n'a jamais appartenu au peuple, à telle ou telle équipe... comme un ballon... Le peuple arbitre, ne sait pas à quelle équipe le donner, et il a ce goût de le donner seulement si l'équipe lui plaît ou pas... si le chef lui plaît ou pas, tel qu'il a failli le donner à Lucien Bouchard, au moment où il est apparu comme étant le chef le plus plaisant... le plus charismatique... Mais cela bien sûr n'a pas duré dès lors qu'il a eu à gérer le Québec... faisant des mécontents, à mesure qu'il prenait des décisions...
    Pour briser ce cercle vicieux... la thèse de l'union de différents partis développée dans les commentaires à votre texte Des combattants dispersés luttant les uns contre les autres par manque de réalisme pourrait être un bon début... elle a l'avantage de faire en sorte que la chose, l'objet État, n'est plus la propriété d'un seul parti... d'un seul petit groupe et a les apparences d'appartenir à plus de personnes, l'idée du collectif y semble trouver quelque profondeur... Mais cela n'est qu'apparence... on est toujours loin de seul vrai collectif qui compte... Le peuple souverain lui-même...
    Vous me direz... mais c'est bien le peuple souverain qui est convié à fonder l'État souverain par référendum... Oui... mais restent les menaces... d'ou le blocage...
    J'en ai pensé à une autre avenue... elle me semble coller à votre analyse...
    « Le Canada-Anglais ne bougera jamais d’un iota à court, moyen et long terme. »
    Il ne bougera pas...
    Par contre, le peuple lui peut bouger...
    Il le peut dans la mesure où ne lui est pas demandé de créer l'État souverain... qui lui engendre les menaces puisqu'il concurrence l'État du Canada...
    Il le peut s'il s'attaque non pas à l'État du Québec, en le créant, mais à l'État du Canada en l'invalidant. En l'invalidant en tant qu'État qui n'émane pas du peuple... alors que ce même État exige que l'État du Québec à créer, lui émane du peuple démocratique et souverain... Une asymétrie typique de l'état des choses actuel... C'est cette asymétrie qu'il faut remplacer par une symétrie démocratique. Si l'État du Québec souverain ne peut se valider que par les voix démocratiques du peuple, comme les souverainistes s'y obligent... le peuple souverain peut symétriquement obliger l'État du Canada à lui-même se constituer sur pareil fondement. Une voie différente de celle qui voudrait créer l'État souverain du Québec par la seule voix d'une Assemblée nationale majoritairement dominée par un gouvernement du PQ... comme on l'a proposé déjà... sous prétexte que le Canada lui s'est imposé de la même façon... Au lieu donc de proposer faire comme le Canada fait... l'idée est de faire le Canada comme nous voulons créer l'État souverain du Québec, à savoir, par et pour le peuple souverain du Québec.
    Ainsi, un référendum pourrait être tenu de la manière suivante... « Le peuple souverain du Québec exige des États qui prétendent le gouverner à bon droit, qu'il soit l'État actuel du Canada ou l'État à venir du Québec souverain, qu'ils soumettent nommément et directement à sa démocratique approbation, la loi qui les fonde, les constitue et les gouverne. Ce qui n'est pas le cas puisque jamais l'État actuel du Canada n'a soumis sa Constitution à l'approbation du peuple souverain du Québec, il est par conséquent invalide tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas fait approuver une Constitution qui reconnaisse l'existence du peuple souverain du Québec et les droits afférents qui lui permettent d'exercer sa souveraineté de peuple distinct du peuple du Canada. »
    De un, le peuple souverain du Québec, accordant la majorité de ses suffrages à telle déclaration, se fonde en tant que tel, il se reconnaît lui-même comme existant et souverain, cette fois non plus dans le fait de le chanter par la voix de nos poètes, mais bien dans une institution de l'État... à savoir, le référendum... Ce sans fonder d'État en tant que tel, mais affirmant justement qu'aucun État actuel n'est fondé par lui...
    De deux, il invalide aux yeux du monde l'État du Canada actuel...
    Vous me direz que cela ne change rien... du moins légalement... mais au regard de la légitimité... cela est toute autre chose... Le peuple démocratique et souverain du Québec affirmerait qu'il existe, qu'il est démocratique et qu'il est donc souverain... De plus, il affirme que désormais, la seule sanction royale, la seule décision des juges de la Cour suprême, la seule décision du Parlement d'Ottawa et tout cela réuni, ne peut suffire pour valider l'État actuel du Canada. Désormais, la symétrie est exigée... par le peuple démocratique et souverain du Québec...
    Vous me direz... que le libellé de la déclaration reste à retravailler... Certes... mais là n'est pas la question...
    Resterait au Canada à soumettre une Constitution aux voix du peuple souverain du Québec qui lui serait agréable... pas évident... pas plus évident que ne l'a été, ne l'est aux souverainistes ce qu'ils se sont imposé de faire... ne reste qu'au Québec à soumettre sa Constitution d'État souverain aux voix du peuple souverain du Québec...
    Le risque est que le Canada puisse faire valider son État... sauf que... il lui faudra d'abord reconnaître la pleine existence du peuple souverain du Québec, ce qui lui confère le droit d'y adhérer et d'en sortir sur les mêmes bases... quand il lui plaira puisqu'il aura été reconnu dans l'État, comme existant et souverain, ce qui n'est pas le cas actuellement...
    Le risque c'est que dans la foulée de cette affirmation nationale, ce peuple souverain ayant ainsi brisé le statut quo, prenne l'assurance qui lui manque pour créer l'État qu'il désire vraiment... et cet État assurément, est souverain et maître chez lui...
    Je pense que les souverainistes sont en mesure d'emporter l'adhésion de ce peuple souverain du Québec à cette déclaration qui n'engendre ni rupture, ni concurrence entre État et entre élites d'un même peuple... C'est une déclaration qui ne fait qu'énoncer une évidence... l'État actuel du Canada, sa constitution de 1982 ne satisfait aucun(e) Québécois(es), pas même les fédéralistes... Si les fédéralistes ont l'assurance qu'ils pourront grâce à ce référendum gagnant, avoir une change de changer ce Canada bloqué, en un Canada qu'ils désirent, avec une décentralisation à l'avantage du Québec et du peuple souverain du Québec dont ils ont à coeur le destin, il ne pourront pas refuser de voter OUI à cette déclaration. Pour la première fois, ce peuple se donnerait les moyens d'exister dans l'État... quel qu'il soit...
    Le pari, c'est que dans la foulée, les souverainistes sauront convaincre ce peuple, qu'il est dans son intérêt de fonder l'État souverain qui vient avec cette affirmation nationale qui serait la sienne.
    Ainsi... les chances des fédéralistes et des souverainistes sont égales... ce qui est de nature à renforcer l'ascendant des souverainistes... qui ne seraient plus perçus comme des manipulateurs, comme on a tenté de le faire croire... mais de vrais démocrates...
    Le risque c'est de voir le peuple souverain du Québec adhérer à un État du Canada fondé par le peuple souverain du Québec... avec ses droits afférents à la souveraineté culturelle, non négociable... Rapatriement au Québec donc de Radio-Canada, de Téléfilm Canada, des subventions artistiques et culturelles avec points d'impôts afférents... etc. etc...
    Le souverainiste de l'État que je suis est certes déçu en cette circonstance... mais le souverainiste de la souveraineté du peuple se satisferait de voir ce peuple choisir pour l'instant d'adhérer à cet État là... un État du Canada transformé... radicalement... se satisfait d'avoir brisé le statut quo de blocage... se satisfait de protéger ce peuple souverain contre tout arrangement entre États des Amériques face à tout changement d'union, de marché commun, de refondation politique que laissent entrevoir les accords politiques et économiques à venir en Amérique du Nord. Cette reconnaissance qui aurait acquise lui permettrait d'avoir droit au chapitre, car tout État devra faire approuver par lui l'Acte qui le refonde, reconstitue et gouverne...
    Bref... si jamais ce peuple vote NON à la déclaration qui le ferait se reconnaître lui-même comme peuple démocratique et souverain... je ne vois pas pourquoi continuer à le défendre... Nous perdons notre temps...
    J'ai la conviction profonde qu'il dira OUI à telle déclaration... ce qui ouvre la porte à toutes les espérances et brise le statut quo...
    Mal résumé, mal exprimé, sans emporter l'adhésion, voilà quelques réflexions qui sont les miennes, depuis que Jacques Parizeau nous a invités à écrire la page blanche de notre future constitution... en 1995 en participant à la Commission sur l'avenir du Québec... quelques mois avant le référendum... en citant les premiers mots de la Constitution des États-Unis... NOUS, LE PEUPLE...
    Ce qui a refondé mon adhésion à la souveraineté en la fondant non plus dans l'État souverain, jusque-là perçu comme fondateur du peuple... mais bien dans le peuple souverain, fondateur de l'État... Depuis, j'ai mis du temps à intégrer ce que cela avait comme conséquence... mais cette analyse est devenue une conviction profonde... qui motive et anime mon engagement souverainiste sur des bases solides, puisqu'elles ne sont plus tributaires des aléas politiques... de la validité, la valeur de telle équipe, de tel parti, de tel chef... mais bien sur la valeur indéniable de ce peuple souverain du Québec dont je suis partie. Je n'en ai pas d'autre... sinon, je suis seul au monde... le pire des destins qui puisse être... Je serai donc avec lui, quoiqu'il advienne ou choisisse... pourvu que ce soit librement et démocratiquement...
    Luc A.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    11 septembre 2008

    Le crapuleux vol du référendum de 1995 a laissé le mouvement indépendantiste incapable de produire un leader digne du démissionnaire Parizeau que la honte d'un peuple bafoué a laissé partir.
    Quand un peuple ne sait plus sécréter des chefs enthousiastes et communicatifs, peut-on craindre qu'il ait perdu la masse critique pour la résistance nécessaire à son maintien?

  • Archives de Vigile Répondre

    11 septembre 2008

    Vous écrivez : «Les indépendantistes québécois ont une mission prioritaire à accomplir : faire l’unité québécoise (c’est-à-dire d’une majorité d’entre eux dans l’esprit démocratique)»
    Faire l'unité où comment dans quelle direction exactement ? L'indépendance du Québec ? Avec ou sans association ou partenariat ou une confédération ? Tous des façons de concevoir la souveraineté du Québec à l'extérieur de la fédération canadienne actuelle ou l'autonomie de l'ADQ qui se situe entre une confédération et une fédération. Une majorité de Québécois francophones n'est pas suffisant pour avoir une majorité québécoise avec notre 20 % d'anglophones qui votent NON à un très haut pourcentage.
    Vous continuez : «Le Canada-Anglais ne bougera jamais d’un iota à court, moyen et long terme.»
    Selon vous, est-ce que le Canada va bouger plus si une faible majorité, disons 51 % de Québécois, votent Oui à l'indépendance totale et pure du Québec ? Comment atteindre plus que ça quand les sondages tournent encore autour de 40 % de Québécois favorables à la souveraineté et seulement un peu plus de 30 % qui pensent voter PQ ou Bloc ?
    Faudrait chercher une solution qui obtiendrait l'accord de 60 % et plus de Québécois. C'est la force du nombre qui pourrait faire bouger le ROC.
    Il n'y a pas plus de Québécois en faveur de l'indépendance "souveraineté" du Québec parce que ceux qui sont encore fédéralistes pensent que ce sont leurs encêtres qui ont été les vrais Canadiens, pas les anglophones du ROC et du Québec. Ils veulent demeurer canadiens, ne se sentent pas menacés, sont en général de droite et ont un peu peur d'avoir un plus petit pays de gauche et même de go-gauche, syndiqué à la planche, faisant fuire les entreprises capitalistes. Ces irréductibles vont être difficile à gagner par le PQ et/ou le PI. Ça prendrait une coalition du PQ et de l'ADQ pour y parvenir.
    La majorité anglophone, pas bête, a pris nos symboles qui nous appartenaient comme l'hymne national, la feuille d'érable et le castor en plus de notre désignation de CANADIENS pour mieux nous "conserver" en plus de nommer FAUSSEMENT notre fédération CONFÉDÉRATION.