L'UPAC veut récupérer les millions des corrompus

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Pour que bien mal acquis ne profite jamais

Le grand patron de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), qui a bon espoir d'avoir «stoppé l'hémorragie» au Québec au terme d'une année record pour ses troupes, se fixe une nouvelle cible: récupérer les millions de dollars amassés par les corrupteurs et les corrompus qui cachent en grande partie leur magot à l'extérieur du pays, selon lui.
C'est ce qu'a expliqué le commissaire Robert Lafrenière lors d'une rencontre avec La Presse dans son bureau pour faire le bilan de l'année 2013.
L'UPAC a arrêté un record de 66 personnes, portant le nombre d'arrestations à 118 depuis la création de l'unité, en 2011. Les suspects font maintenant face à des centaines de chefs d'accusation de gangstérisme, fraude envers le gouvernement, complot, trucage d'offres et abus de confiance.
De grosses pointures comme les ex-maires Gilles Vaillancourt et Michael Applebaum ainsi que l'entrepreneur Paolo Catania se sont ajoutées au tableau de chasse de l'unité au cours des derniers mois. Ils se joignent à d'autres têtes d'affiche comme l'ancien PDG de SNC-Lavalin Pierre Duhaime et le magnat de la construction Tony Accurso.
C'est sans compter les perquisitions qui se sont succédé à un rythme accéléré, les 30 millions d'amendes qui sont toujours réclamées auprès de présumés fraudeurs, les centaines de séances de prévention dans les organismes publics et les 3000 individus et entreprise dont l'intégrité a été vérifiée afin qu'ils puissent soumissionner auprès de l'État.
«On pense qu'on a pas mal atteint le fond du baril, on a mis fin à l'hémorragie. Mais elle peut reprendre très rapidement», dit M. Lafrenière.
Il reste par ailleurs fort à faire sur le plan financier, explique-t-il.
Trouver l'argent
«Trouver l'argent, c'est ce qu'on aimerait améliorer. Dès le départ, ç'a toujours été une préoccupation pour nous», dit-il.
Les enquêtes le démontrent: le magot amassé par les cibles les plus riches de l'UPAC est souvent à l'étranger, notamment dans des paradis fiscaux où sa trace est difficile à suivre.
«La majorité, ou du moins une bonne partie de l'argent sort du Québec, constate le commissaire. Ils ont des facilitateurs qui sont vraiment des experts en la matière.»
M. Lafrenière aimerait réussir à mettre la main sur cet argent pour le retourner à l'État québécois et, par extension, aux citoyens qui ont été floués par les acteurs de la corruption. La saisie de ces sommes permettrait aussi d'empêcher que les criminels ou leurs proches puissent en jouir, même dans un avenir lointain.
«Dans nos dossiers, on a déjà des blocages sur des actifs d'environ 16 millions, et nos blocages sont beaucoup à l'étranger», dit-il. Et combien de millions de plus croit-il pouvoir aller saisir? «C'est difficile à chiffrer, évidemment, comme ce serait difficile si on demandait à combien exactement se chiffre le coût de la corruption au Québec», précise-t-il.
Mais il est certain d'une chose: les sommes en jeu sont importantes. Pour les trouver, il compte sur l'aide précieuse de partenaires étrangers, sur l'expertise que continuent d'acquérir ses enquêteurs, sur les nouveaux outils informatiques dont ils disposent, mais surtout, sur leur travail infatigable. «Jamais, au Québec, autant d'énergie n'a été déployée pour préserver l'intégrité de l'État», assure-t-il.


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