La confusion déraisonnable

Accommodements raisonnables


Un CLSC de Parc-Extension a exclu les hommes des cours prénatals pour ne pas heurter des musulmanes, hindoues ou sikhes qui préfèrent rester entre femmes. Les hommes ont dû se rabattre sur un autre CLSC et payer 50$ pour assister aux cours.
La police de Montréal croit qu'une policière doit s'effacer devant son collègue masculin pour ne pas vexer la communauté hassidique. Sans oublier la controverse autour du YMCA du Parc qui a givré quatre fenêtres de son gymnase pour ne pas offenser les jeunes hassidim qui reluquaient les femmes en short et pantalon moulant.
Plusieurs se sont inquiétés devant les dérives de l'accommodement raisonnable. Ils croient, à tort, que les Québécois nient leur identité et plient devant la tyrannie d'une minorité qui refuse de s'intégrer.
Il existe une extraordinaire confusion autour des demandes formulées par les minorités religieuses. On a l'impression que n'importe qui peut demander et obtenir n'importe quoi.
Oui, il y a des demandes farfelues et certains obtempèrent sans faire appel au gros bon sens. Le YMCA, par exemple, a plié devant une exigence déraisonnable des hassidim. Le Y aurait dû dire non. Point final. Pas obligé d'en faire une crise d'urticaire.
L'histoire de la policière qui doit s'éclipser devant son collègue masculin sort tout droit du cerveau du service de police. C'est un exemple hypothétique, cité dans une publication mensuelle du service de police. Jamais la communauté hassidique n'a exigé un tel traitement.
Pour une fois que les policiers ne débarquent pas avec leurs gros sabots et prennent la peine de se poser des questions tout à fait légitimes sur les différences culturelles, bang! on leur tombe dessus.
Bon, leur réponse n'est pas géniale, c'est vrai. Une femme n'a pas à s'effacer devant un collègue masculin. C'est non négociable. Mais là encore, il n'y a pas péril en la demeure et les Québécois ne sont pas au bord de l'extinction parce qu'ils réfléchissent à un moyen d'accommoder une minorité religieuse.
Même problème avec le CLSC. Il aurait dû d'abord offrir des cours prénatals mixtes, puis se poser des questions. Des femmes veulent suivre des cours sans hommes? Bien. Avons-nous les ressources nécessaires pour les accommoder, sans brimer la majorité et sans occasionner des coûts importants? Si oui, pourquoi pas?
Une partie importante de la population montréalaise est multiethnique, que ça nous plaise ou non. Les musulmans, sikhs, juifs, hindous, font partie de la société. Ils forment la trame de quartiers dynamiques, vivants. Ils travaillent, paient des taxes, votent, envoient leurs enfants à l'école... et pratiquent une religion qui heurte parfois les valeurs de la majorité.
On a dit tout et son contraire sur l'accommodement raisonnable qui a été, doit-on le rappeler, cité en exemple en France. Mario Dumont, chef de l'Action démocratique du Québec, en a parlé quasiment avec un haut-le-coeur au cours du week-end.
Il a profité de la confusion pour jeter de l'huile sur le feu. Il a marché dans les plates-bandes de l'accommodement avec la lourdeur d'un éléphant. Il a lancé des phrases-chocs qui trouvent trop souvent écho dans une frange de la population allergique à la différence.
"Pendant que le crucifix sort des écoles, le couteau (kirpan) rentre! m'a-t-il dit sur un ton indigné. On a des valeurs, ici, madame. On est contre la violence."
Premièrement, il existe très peu d'élèves avec un kirpan. Deuxièmement, c'est la Cour suprême qui a décidé de permettre le kirpan à l'école, pas un hurluberlu. Troisièmement, le couteau sikh est caché dans un étui en bois, qui est cousu dans une étoffe, le tout enfoui sous les vêtements. Et quatrièmement, aucun incident violent n'a impliqué un kirpan à l'école en 100 ans.
Où est la violence, M. Dumont?
Nous ne sommes pas les seuls à nous poser des questions. Les Pays-Bas s'apprêtent à voter une loi qui interdira la burqa et le niqab dans les endroits publics.
Déjà, des voix s'élèvent contre cette loi qui ratisse trop large. À peine une cinquantaine de femmes portent un voile qui couvre complètement le visage. Elles sont souvent pauvres, peu éduquées, cloîtrées à la maison. Pourquoi dégainer l'artillerie lourde pour 50 femmes?
Je pose un peu la même question. Pourquoi ce ton alarmiste alors que seule une poignée d'individus font des demandes déraisonnables? On n'a qu'à leur dire non. Sans jeter le bébé avec l'eau du bain.


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