Comment expliquer qu’après seulement une semaine de campagne électorale nous avons le sentiment d’être déjà lassés des annonces quotidiennes faites d’interventions agressantes, outrancières, moralisatrices, surréalistes des chefs et des candidats, tous partis confondus ?
Mes confrères journalistes sur le terrain sont déjà gonflés à bloc, contaminés sans doute par les exigences d’efficacité, des délais raccourcis par la diffusion de nouvelles, rumeurs, ragots et fausses ou vraies polémiques qui circulent dans tous les sens sur les autoroutes encombrées des réseaux sociaux.
Les vieux journalistes qui ont traîné leurs savates sur les routes interminables des campagnes électorales passées s’interrogent, et certains souffrent en silence.
Car cette campagne, à vrai dire, ne ressemble plus aux anciennes. Il y flotte quelque chose d’imperceptible, comme si tout ce monde qui veut nous convaincre, ou plutôt nous harponner afin de soutirer notre vote, était gonflé à l’hélium. Gertrude Bourdon en est la stupéfiante incarnation.
Exagération
Philippe Couillard ne recule devant aucune exagération. Il nous a même annoncé cette semaine que si le PLQ n’est pas élu le Québec plongera dans le chaos. Autrement dit, un vote pour le parti libéral nous mettra à l’abri de l’apocalypse économique. D’où il faut conclure que le PLQ est le seul parti pour lequel les Québécois peuvent voter pour éviter de se retrouver le cul sur la paille.
Si l’on suit le raisonnement du premier ministre sortant, il n’y a d’avenir pour les Québécois qu’avec lui et son parti. Pourquoi donc ne pas transformer alors le PLQ en un parti unique en marche dans les sillons du progrès économique, appuyé par le multiculturalisme ? Sait-il, le bon Docteur Couillard, qu’en décrivant avec sa vision hystérique la société québécoise il suit les traces de Donald Trump, qui croit que personne d’autre que lui ne peut faire prospérer son pays ?
Bien sûr que l’accession au pouvoir de Québec Solidaire serait une catastrophe économique. En une semaine, Manon Massé et son jeune colocataire du pouvoir ont promis d’investir 11 milliards de dollars dans des promesses irréalistes et irresponsables. Pour ne rien dire des nationalisations prévues au programme de QS.
L’humoriste
Le Parti québécois revu et corrigé par son humoriste en chef Jean-François Lisée transformerait, lui, le Québec en un festival Juste pour rire, pour se détendre en attendant de mettre en chantier un vague référendum dans la prochaine décennie, d’où surgiraient de nouveaux militants plus reposés de ne plus avoir à faire des lunchs pour leurs enfants, moins stressés en se covoiturant et en bénéficiant de plus de congés de paternité.
Quant à la CAQ avec ses maisons des aînés à un milliard, d’autres milliards en allocations familiales et sa baisse de taxes scolaires, elle donne à la fois l’envie d’être vieux ou de retourner en enfance. Ce qui se nomme la quadrature du cercle dans le monde feutré des gestionnaires qui foisonnent à la CAQ.
Après une semaine, c’est cependant le PLQ de Philippe Couillard qui reçoit la palme d’or avec l’annonce du cataclysme économique québécois que seul notre vote en sa faveur nous épargnera.