La fin d'une époque

Crise politique canadian



La politique nationale canadienne a été définie depuis les années 60 par la lutte féroce qui se jouait au Québec entre les indépendantistes et les fédéralistes. Le drame, c'est qu'il n'y a pas eu de vainqueur. Aujourd'hui, c'est l'impasse.
On en est rendus à être sur le bord de pouvoir admettre entre nous que le Parti Québécois, et son pendant fédéral, le Bloc, sont devenus des dinosaures, de moins en moins adaptés, et de moins en moins pertinents, dans le panorama politique de 2009.
Mais il n'y a pas qu'eux.
La chicane pathétique qui a divisé les libéraux fédéraux au sujet de la candidature de l'ex-ministre Martin Cauchon dans Outremont indique que les libéraux fédéraux du Québec sont dans un état de désarroi tout aussi profond et qu'ils ne sont guère plus pertinents aujourd'hui que leurs ennemis de toujours, les «séparatistes.»
Normal, ici au Québec, la bataille entre les indépendantistes et les fédéralistes a été le pain et le beurre de la chronique politique canadienne pendant le dernier demi-siècle.
LE CONTRÔLE AUX QUÉBÉCOIS
Cette tension entre les deux groupes de Québécois, fédéralistes et souverainistes, a été la force dominante de la politique fédérale depuis les années 60. Elle a forcé le Canada anglais à se redéfinir complètement - de bastion anglo-saxon et protestant de l'Empire en une société multi-ethnique et multi-culturelle.
Aussi, tout au long de cette période, des Québécois ont accaparé le job de premier ministre du Canada :
Trudeau, puis Mulroney, puis Chrétien, puis Martin.
Après eux, Stephen Harper, un conservateur, de l'Ouest, a été avisé de flatter les Québécois dans le bon sens du poil - les reconnaissant comme une «nation» et commençant toujours ses discours officiels en français, «la langue fondatrice du Canada.»
Nous en sommes là aujourd'hui.
La disparition de la vieille hostilité des anglophones envers le Québec -remplacée par une alternance entre l'indifférence et l'ennui - a coupé l'eau au moulin du PQ et du Bloc, qui doivent maintenant crier sans cesse au loup, dénoncer et déchirer leur chemise sur ceci ou cela, pour préserver leur base d'opérations.
Mais l'effet a été tout aussi dévastateur chez leurs rivaux traditionnels, les libéraux d'Ottawa qui, privés de leur épouvantail, en sont rendus à se déchirer entre eux sur les restes de leur royaume.
Le monde a changé, la situation a changé, la culture a changé, mais la politique n'a pas changé. Une campagne électorale aujourd'hui ressasserait les mêmes vieux enjeux démodés - mais à coups de publicité négative pour compenser pour le manque d'implication des électeurs. Et le résultat serait, selon le sondage Léger publié hier, un autre gouvernement conservateur minoritaire - avec un Québec en marge, divisé entre...bloquistes et libéraux.
Clairement ce qu'on sent cet automne c'est que les deux grands partis politiques traditionnels des Québécois -l'indépendantiste et le fédéraliste -occupent encore tout l'espace.
Mais l'un et l'autre nous inspirent de moins en moins.


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