La «gouvernance souverainiste» sera financée avec les fonds publics

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L'art de marcher sur des oeufs

(Québec) Des fonds publics alimenteront la stratégie de «gouvernance souverainiste» du gouvernement de Pauline Marois.
«Pour ce qui est de la défense des intérêts du Québec, de la défense des champs de compétence, [de la volonté de l'actuel gouvernement] de rapatrier des choses et de se battre avec le fédéral, c'est évident qu'il y a des fonds publics qui sont utilisés.»
C'est ce qu'a déclaré, vendredi, au Soleil, le ministre Alexandre Cloutier, titulaire des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Gouvernance souverainiste.
En revanche, et puisqu'«il n'y aura pas de référendum sur la souveraineté du Québec durant ce mandat-ci, il n'y aura pas d'argent public consacré à la réalisation du pays», a aussi insisté Alexandre Cloutier.
Pas question, donc, pour le gouvernement de Pauline Marois d'utiliser des deniers publics pour préparer et promouvoir la souveraineté, comme l'a réclamé Jacques Parizeau il y a deux semaines.
L'ex-chef du Parti québécois avait pressé le gouvernement Marois de se «servir de l'appareil gouvernemental pour réaliser ses fins».
Distinction
En distinguant la souveraineté et la «gouvernance souverainiste» en ce qui a trait aux fonds publics, le ministre Alexandre Cloutier se trouve en quelque sorte à clarifier un flou qui subsistait.
Cette distinction ne suffira vraisemblablement pas à satisfaire le Parti libéral du Québec et la Coalition avenir Québec. Les deux partis d'opposition estiment en effet que la «gouvernance souverainiste» vise à susciter des querelles avec le gouvernement fédéral et, par ricochet, à favoriser l'option souverainiste.
Alexandre Cloutier invite ses adversaires politiques à attendre les détails de son plan avant de le commenter.
Il faut dire qu'au gouvernement, on ne voit pas comment libéraux et caquistes pourront s'opposer à l'ensemble du projet lorsqu'ils le connaîtront. Il recoupe certaines de leurs propres revendications ou demandes, dit-on.
Plusieurs fronts
La première offensive portera sur le rapatriement de volets de l'assurance emploi afin, dira-t-on, de pouvoir «établir un parcours intégré de formation».
Les «dédoublements» sont dans la mire. Les domaines de la culture et des communications font aussi partie de la stratégie, tout comme la volonté de rapatrier les budgets associés à la recherche ou encore à l'itinérance, semble-t-il.
Le gouvernement Marois voudrait aussi que les sommes qu'Ottawa consacre aux infrastructures soient versées au Québec en bloc plutôt que dans le cadre de plusieurs ententes administratives. La libérale Monique Jérôme-Forget avait elle-même porté une telle revendication lorsqu'elle était ministre des Finances sous Jean Charest.
Un interlocuteur laisse entendre que le gouvernement réclamera la création d'une «déclaration d'impôts unique québécoise» pour, encore là, «mettre fin à un coûteux dédoublement». Cette information n'a pu être corroborée, cependant. Ce dédoublement a déjà été évalué à plus de
800 millions $ par le Parti québécois. L'Action démocratique du Québec, qui s'est fondue dans la Coalition avenir Québec, a déjà milité en faveur d'une seule déclaration de revenus.
Rallier les Québécois
Pour tenter de rallier le maximum de citoyens derrière lui, le gouvernement Marois fera valoir que ses propositions «visent à défendre très concrètement les Québécois; à régler des réels problèmes dans la vie des gens, problèmes causés par de mauvaises décisions prises à Ottawa».
«On ne restera pas les bras croisés», a soutenu Alexandre Cloutier, vendredi.
L'idée de «gouvernance souverainiste» a été entérinée par les membres du Parti québécois lors d'un congrès tenu en avril 2011. Comme nous le rappelions dans notre édition de vendredi, cette stratégie consiste à «défendre les intérêts du Québec» et à arracher des pouvoirs à Ottawa «pour faire avancer le Québec», ont souvent répété Pauline Marois et ses collègues depuis.
Le plan gouvernemental adopté mercredi dans le secret du Conseil des ministres devrait être officiellement dévoilé morceau par morceau d'ici les prochaines semaines.


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